Le Rwanda veut promouvoir son industrie et c’est dans cet esprit que s’est ouvert mercredi le salon « Made in Rwanda » à Kigali. Mais certains Rwandais critiquent le protectionnisme affiché des autorités.
Le ministère rwandais du Commerce a expliqué que le pays avait besoin de soutenir le « Made in Rwanda » et de relancer ses exportations.
Mais certains Rwandais critiquent les impacts négatifs que cette position risque d’avoir en termes d’approvisionnement, le marché local souffrant déjà d’une carence de produits de première nécessité, importés pour la plupart.
Fabriquer et consommer rwandais
Depuis environ deux ans, les produits étiquetés « Made in Rwanda » se multiplient sur le marché local. Promouvoir l’industrie rwandaise est en effet le slogan qu’on peut entendre dans les bouches de presque tous les économistes du pays, liés pour la plupart au pouvoir en place.
Fabriquer et consommer rwandais est présenté comme une manière de révolutionner l’économie d’un pays qui, depuis longtemps, souffre d’un déficit commercial chronique.
L’année 2016 a vu le Rwanda dépenser presque deux milliards de dollars américains sur les produits importés, tandis que les exportations n’ont représenté que 621 millions de dollars.
Concurrence illicite?
Si le pays a décidé d’augmenter les taxes sur le textile de seconde main en provenance des Etats Unis – longtemps importé sous le traité de partenariat commercial, AGOA, signé avec des pays de l’Afrique sub-saharienne – c’est afin de « promouvoir l’industrie textile locale », a déclaré le ministère rwandais du Commerce.
Cette décision a pourtant provoqué un émoi entre les deux pays, les Etats-Unis dénonçant des pratiques de concurrence illicites. Des propos que rejette Vincent Munyeshyaka, le ministre du Commerce et de l’Industrie, qui souligne que le Rwanda n’a « pas bloqué la concurrence. Il y a eu une hausse sur les taxes pour valoriser nos industries et ainsi permettre aux Rwandais d’avoir du textile de qualité. »
Néanmoins, certains habitants de Kigali y voient une politique protectionniste qui vise à décourager de plus en plus l’importation de certains produits. Cette Kigaloise qui a préféré garder l’anonymat nous dit : « Il faut accepter la concurrence. Si on refuse que le lait ou le jus provenant de l’Ouganda entrent facilement au Rwanda, on reste avec des industries monopoles qui n’ont pas besoin de faire mieux car ils sont seuls sur le marché. Je crois qu’il serait d’abord plus utile de diminuer les impôts. »
Le libre-échange et les pénuries
Protectionnisme ou pas, le Rwanda dit avoir choisi une politique économique de libre-échange. Le marché, pourtant, a déjà commencé à sentir la carence de certains produits agroalimentaires ou textiles. Cependant, certains économistes, comme Ted Kaberuka, estiment que le chemin emprunté par le pays est le meilleur : « La réalité est que pour avoir une industrie, que ce soit dans le secteur textile ou agroalimentaire, il faut des mécanismes de promotion de l’industrie locale », explique-t-il. « Si nous laissons entrer tous les produits, alors cela décourage l’investissement dans le secteur. »
Enfin, certains produits fabriqués au Rwanda demeurent plus chers par rapport à ceux qui sont importés, en grande partie à cause du coût de l’énergie qui est en hausse comparativement aux pays voisins.
http://www.dw.com/fr/le-rwanda-soutient-sa-production-nationale-pour-r%C3%A9duire-son-d%C3%A9ficit/a-41581515?maca=fra-VAF_guinee7_actualit%C3%A9s-21139-xml-media
Posté le 30/11/2017 par RwandaNews