Pendant des années, l’Europe et l’Amérique du Nord, champions des sociétés soi-disant libres, écartent tous les médias considérés comme hostiles, les accusant de diffuser de «fausses nouvelles».
À partir de 2006, date à laquelle un bureau de « RFI » a été fermé au Rwanda, le pays apparaît toujours sur les rapports annuels des groupes chargés de promouvoir l’Agenda de la Presse Libre de l’Ouest. Et quand une émission en langue kinyarwanda de la BBC a été fermée pour avoir diffusé des propos négationnistes sur le génocide perpétré contre les Tutsi, le tumulte est devenu encore plus hostile.
Les gouvernements européens et nord-américains adoptent des lois et émettent des directives juridiquement contraignantes qui empêchent les médias étrangers de couvrir leurs politiques internes. Pourtant, lorsque les petits pays en dehors de ce cercle, tentent de faire de même, une telle action est considérée comme une atteinte à la « Liberté de la Presse ».
Cette semaine, Monsieur Emmanuel Macron le Président français, a annoncé qu’il allait introduire une nouvelle loi pour réprimer ce qu’il appelle les « fake news » (fausses nouvelles), une politique que les observateurs trouvent qu’elle tente à réduire le pouvoir croissant des médias russes et chinois.
Jusqu’à récemment, les ondes mondiales étaient dominées par la couverture de publications et de diffuseurs occidentaux comme la BBC britannique, la VOA américaine, la CBC canadienne, la Deutsche Welle allemande et la RFI française. Viennent ensuite ceux qui fonctionnent comme privés, mais qui poursuivent les intérêts de l’Ouest comme CNN et plusieurs autres journaux.
En novembre de l’année dernière, le gouvernement russe a promulgué une nouvelle mesure exigeant que les médias étrangers soient enregistrés comme des «agents étrangers». L’action était une réplique directe à ce que Moscou a qualifié comme une pression américaine inacceptable sur les médias russes opérant sur le sol américain.
En effet, les États-Unis avaient modifié leurs objectifs, exigeant que les plus grands radiodiffuseurs internationaux de Russie se réenregistrent et opèrent en vertu de la « Loi sur l’Enregistrement des Agents Etrangers » (FARA). La loi place essentiellement le contrôle de ces médias sous les agences d’espionnage, et non sous les agences de surveillance des médias traditionnels.
Les Américains allèguent que les mesures étaient une réaction à « l’ingérence » russe dans leurs élections. Le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France ont émis les mêmes accusations – ce que Moscou a ignoré.
Aux États-Unis, Aljazeera a dû fermer après moins de cinq ans d’exploitation, les distributeurs de Pay TV ayant fait en sorte que le prix demandé afin d’être hébergé sur leurs bouquets soit devenu prohibitif. En gros, le système mis en place a fait en sorte qu’Aljazeera doive quitter les USA.
D’autres nouveaux revers ont survenu pour Aljazeera au Canada en 2003. Le « Conseil de la Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes » a imposé des exigences qui auraient obligé les entreprises de câblodistribution et de télédiffusion par satellite de surveiller tout contenu jugé inflammatoire ou antisémite. En conséquence, aucune entreprise n’a accepté de porter la chaîne en langue arabe.
Depuis 2009, « Aljazeera English International » exerce ses activités au Canada sous des conditions strictes et le Conseil a clairement indiqué qu’il serait «prédisposé» à approuver le droit du réseau de diffuser au Canada «en l’absence de preuve … qu’il enfreindrait les règlements canadiens, tels que ceux concernant les commentaires abusifs. »
Au Royaume-Uni, depuis février dernier, la « Commission de la Culture, des Médias et du Sport de la Chambre des Communes » a mené une attaque contre ce qu’elle appelle des «fausses nouvelles». Elle tient des audiences constantes où les radiodiffuseurs étrangers sont traités de les noms.
Cela ne s’arrête pas aux superpuissances occidentales. Récemment, d’autres pays européens comme la Pologne et la Roumanie ont adopté des lois ciblant les médias étrangers, les accusant de saper la sécurité intérieure.
Les médias sont accusés de diffuser de « fausses nouvelles » lorsque cela se passe à l’Ouest, mais deviennent un problème de « Liberté de la Presse » pour les nations pauvres, soutient Monsieur Cleophas Barore, Président de la « Commission des Médias du Rwanda » – un organisme d’autorégulation des médias.
« Ces Superpouvoirs réduisent les médias étrangers dans un nouveau jeu de protectionnisme. Ce faisant, ils veulent surveiller et réglementer quelles informations devraient sortir de leurs territoires », ajoute-t-il.
Pour Monsieur Barore, si ces pays optent pour cela de cette façon, il ne devrait pas y avoir de critiques injustifiées contre d’autres régions essayant aussi de se protéger contre les «fausses nouvelles».
Dans le cas du relais de la BBC en kinyarwanda, dont les émissions ont été jugées négationnistes du Génocide contre les Tutsis de 1994 au Rwanda, le pays a décidé de retirer l’autorisation d’émettre sur son sol, et cette décision a été qualifiée de « scandaleuse».
« La dernière tendance » fausses nouvelles » devrait être un indicateur clair, que chaque pays doit rester ferme quand il s’agit de protéger sa souveraineté », a déclaré Monsieur Barore.
Posté le 10/01/18 par rwandaises.com