Un juge d’un tribunal de l’ONU qui a soit libéré, réduit des peines ou acquitté plus d’une douzaine de personnes – qui ont tous planifié et exécuté le Génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, a demandé la prolongation de son contrat.
KT Press peut révéler en exclusivité que le juge Theodor Meron a déposé une nouvelle demande auprès de l’ONU pour lui ajouter un autre mandat en tant que Président du « Mécanisme International Résiduel pour les Tribunaux Pénaux » (UNMICT). Il s’agit d’un système de remplacement du « Tribunal Pénal International pour le Rwanda » (TPIR) qui a été fermé pour que les affaires de génocide soient transférées au Rwanda. Les suspects toujours en fuite doivent être jugés par le pays où ils seront arrêtés.
Auparavant, le juge Théodor Meron était juge à la Chambre d’Appel du TPIR. Le mandat actuel du juge Meron depuis 2012 se terminera le 30 juin de cette année. L’homme de 88 ans veut un renouvellement, ce qui signifie qu’il aura 93 ans lorsqu’il quittera un poste qu’il a utilisé pour infliger un maximum de douleur.
Le juge Meron est l’incarnation de toutes les choses qui ont mal tourné à la suite du Génocide de 1994. Il a livré à lui seul les verdicts les plus contestables devant la Cour de l’ONU. Le juge Meron a accordé une libération anticipée à dix condamnés du Génocide, y compris ceux qui ont été condamnés à plus de 30 ans de prison, après que leurs condamnations à perpétuité aient été annulées en appel.
La liste des condamnés se lit comme un script d’horreur. Comme si ce nombre n’était pas suffisant, le juge Meron a acquitté Protais Zigiranyirazo en novembre 2009 et, plus récemment, les anciens ministres Justin Mugenzi et Prosper Mugiraneza, tous hauts fonctionnaires du cercle restreint des Akazu. Protais Zigiranyirazo connu sous le surnom de « Monsieur « Z » pendant ses beaux jours, était beau-frère de l’ancien Président rwandais Juvénal Habyarimana.
Le juge Meron a également infirmé les condamnations et réduit considérablement les peines infligées au colonel Theoneste Bagosora, le cerveau du Génocide de 1994 contre les Tutsis, et au lieutenant-colonel Anatole Nsengiyumva. La Chambre d’Appel a également acquitté le général Augustin Ndindiliyimana et l’ancien commandant du bataillon de reconnaissance, le major François-Xavier Nzuwonemeye, tandis que le capitaine Innocent Sagahutu, commandant en second du bataillon de reconnaissance, a vu sa peine réduite de 20 à 15 ans.
Dans une autre décision rendue en mai 2004, le juge Meron a ordonné l’acquittement du docteur Ntakirutimana Gerard, médecin et directeur médical qui travaillait à l’hôpital de Mugonero dans la préfecture de Kibuye, où des commandos français étaient stationnés. Le Dr Ntakirutimana avait déjà été condamné à 25 ans de prison pour son rôle dans le Génocide de 1994.
L’organisation faîtière des survivants du Génocide, IBUKA, a qualifié les décisions du juge Meron de vouloir « banaliser le Génocide ». IBUKA a promis qu’elle ne reculerait devant rien pour que le monde entier sache que le juge Meron est déterminé à «blanchir» les cerveaux du Génocide.
La professeure Linda Melvern, universitaire britannique et spécialiste du Génocide, est particulièrement choquée par la récente libération du principal propagandiste de la machinerie génocidaire, Ferdinand Nahimana, fondateur de la radio haineuse incendiaire RTLM. Il a été autorisé à être libre après 20 ans de prison. « Le juge Meron a obtenu une Légion d’Honneur … vous n’avez pas besoin d’être un théoricien de la conspiration pour trouver cela peu intéressant. Si le juge Meron ne croit pas que le discours de haine est un problème, que diable fait-il à la tête du MICT ? », a déclaré Madame Melvern, dans une interview accordée au New Times en décembre dernier.
La litanie des décisions judiciaires antérieures du juge Meron a provoqué la colère non seulement au Rwanda, mais aussi en ex-Yougoslavie. Il y a trois ans, une lettre confidentielle divulguée par Monsieur Frederik Harhoff, un juge danois, révélait que Meron avait exercé une pression «persistante et intense» sur ses collègues pour permettre aux suspects d’être libérés devant la cour des crimes de guerre yougoslaves.
IBUKA a appelé à plusieurs reprises à une enquête urgente de toutes les décisions controversées, qui, selon elle, n’ont servi que les auteurs du Génocide. « La communauté internationale a échoué de protéger les Rwandais pendant le Génocide contre les Tutsis et pourtant sa mission était présente dans le pays. Aujourd’hui, par la justice internationale, on tente de minimiser la gravité du Génocide en libérant ses meilleurs architectes« , a déclaré IBUKA dans une des notes de protestation envoyées à l’ONU en Décembre dernier.
Posté le 31/01/18 par rwandaises.com