Depuis plus de 20 ans, le couple rémois Alain et Dafroza Gauthier traque sans relâche les auteurs du génocide au Rwanda. Un prochain procès en appel aura lieu de mai à juillet à Paris, mais tout ça coûte de l’argent, alors le couple lance un appel aux dons.
Alain Gauthier est de retour en France depuis trois jours à peine. De retour d’un voyage au Rwanda, où il vient de passer trois semaines « à la rencontre de parties civiles », précise-t-il. Depuis plus de 20 ans, avec son épouse Dafroza, ce Rémois se bat pour retrouver les victimes et surtout les auteurs du génocide au Rwanda, qui avait fait 800 000 morts en 1994.
La tâche est énorme : « C’est comme quand on part en enquête, il faut aller sur les lieux des crimes, essayer de rencontrer des victimes. Ca demande d’avoir de nombreux contacts, mais ce n’est pas toujours facile », explique Alain Gauthier. La plupart du temps il est bien accueilli sur place, mais les victimes elles-mêmes ont parfois des réticences à se confier : « Les rescapés en ont marre de témoigner et de voir que ça ne change pas grand chose à leur vie, ou en tout cas pas assez vite parce que la justice est d’une lenteur extrême, donc il y a une sorte de découragement, même si ils attendent avec impatience ces procès ».
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La première plainte pour génocide date de 1995 et depuis, le couple Gauthier, à la tête du collectif des parties civiles pour le Rwanda, a vécu de nombreux procès et d’autres sont à venir. Le prochain sera un procès en appel, prévu à Paris du 2 mai au 6 juillet : deux anciens bourgmestres rwandais, condamnés en 2016 à la réclusion criminelle à perpétuité, comparaîtront. Egalement tombés dans les filets des époux Gauthier : un ancien officier de l’armée rwandaise condamné en 2014, ou encore ce chauffeur accusé d’avoir transporté des miliciens génocidaires, ou bien le docteur Charles Twagira, soupçonné d’avoir commandé une milice Hutu pendant le génocide, qui travaillait comme médecin urgentiste à l’hôpital de Rouen quand le collectif a retrouvé sa trace.
Le couple Gauthier lance un appel aux dons
Ces procès et ces longues enquêtes coûtent cher à Alain et Dafroza Gauthier. Ce sont leurs fonds propres et les dons faits au Collectif des parties civiles pour le Rwanda, qui les financent. « Généralement les avocats qui travaillent avec nous le font bénévolement, mais quand le procès dure plus de deux mois, il faut bien les défrayer », explique Alain Gauthier. Mais même face à ces difficultés, il n’a jamais eu envie d’abandonner : « On a encore suffisamment d’énergie pour continuer. Quand on se dit « à quoi bon! », ça ne dure pas, parce qu’on pense que c’est un combat juste et indispensable ».
Alain Gauthier, invité de 7h45
https://www.francebleu.fr/infos/faits-divers-justice/le-couple-gauthier-a-besoin-de-dons-pour-continuer-son-combat-contre-les-genocidaires-rwandais-1519638012
lundi 26 février 2018 à 10:40 Par Aurélie Jacquand, France Bleu Champagne-Ardenne
Posté le 26/02/2018 par rwandaises.com