«Inkotanyi» retrace l’épopée de l’ex-rébellion rwandaise qui, dans un pays délaissé par la communauté internationale, parviendra à chasser les extrémistes hutus et mettra fin au dernier génocide du XXe siècle. Par Maria Malagardis

Inkotanyi est un documentaire exceptionnel de Christophe Cotteret que diffuse Arte mercredi le 18 avril à 00 h 05.
Inkotanyi, (les combattants, en kinyarwanda), raconte la genèse d’un mouvement de guérilla, plus connu sous le nom de Front patriotique rwandais (FPR), né en 1987 au cœur de l’Afrique, et dont le destin sera scellé à jamais lors du génocide de la minorité tutsie du Rwanda.
Entre avril et juillet 1994 se met en place «la plus efficace machine de mort de l’histoire de l’humanité»,rappelle Christophe Cotteret, l’auteur de ce documentaire franco-belge : un million de morts en seulement cent jours.
Abandonnés par la communauté internationale, les survivants ne devront leur salut qu’à l’intervention armée du FPR, qui reprend alors les armes et chasse du pays les extrémistes hutus engagés dans une «solution finale» au nom de l’ethnie majoritaire du pays.
Un quart de siècle plus tard, le FPR est toujours au pouvoir et peut se targuer d’avoir réussi cet impensable miracle : rétablir la sécurité et la stabilité dans un pays qui a connu l’apocalypse. Alors même que victimes et bourreaux sont encore condamnés à vivre côte à côte.
Atypique.
En France, le destin du Rwanda reste l’un des sujets les plus polémiques de l’histoire africaine récente. Ce qui est certain c’est que nous sommes concernés : le rôle nocif de Paris, avant, pendant et après le génocide, apparaît en filigrane de cette longue saga qui démarre par l’aventure, a priori anecdotique, d’un petit groupe d’exilés [Ba] tutsi engagés dans une lutte pour le droit à rentrer dans un pays d’où leurs parents avaient été chassés lors des premiers pogroms après l’indépendance.
Survient ensuite la déflagration du génocide, au moment même où le FPR allait enfin faire partie d’un gouvernement d’union nationale. Puis les années troubles qui ont suivi la tragédie, semées d’écueils et débouchant sur de nouvelles guerres au Congo voisin. Et enfin la période actuelle, qui voit le petit Rwanda poursuivre son chemin atypique, avec un certain succès, au milieu de l’océan d’instabilité qui contamine les pays voisins.
Il reste étonnant qu’aucun documentariste, aucun historien, français ou belge, n’a, jusqu’à présent, raconté l’histoire incroyable de cette guérilla qui a réussi à faire reculer l’armée française lors d’une ultime tentative en juillet 1994 pour reprendre le terrain à l’issue du génocide.
Il n’est guère surprenant en revanche que de nombreux officiers français diabolisent toujours le FPR. Et plus encore son chef devenu le président du pays : Paul Kagame. Cet homme «secret, contesté et polémique» est en réalité le vrai sujet du documentaire.
«Paradoxes».
Sans jamais cacher ses ambiguïtés, le film en offre un portrait singulier et montre comment il a su faire des choix décisifs à des moments cruciaux de l’histoire. «Tenter de définir le Rwanda contemporain est un exercice périlleux tant les paradoxes résistent aux conclusions hâtives», confesse la voix off de Christophe Cotteret, déjà auteur de deux documentaires sur la Tunisie au lendemain du printemps arabe. Une modestie, dont feraient bien de s’inspirer tant d’éditorialistes qui pérorent et condamnent le régime de ce pays, sans rien connaître en réalité de son destin aussi violent que complexe. Et plus encore de son leader inclassable qui y maintient, certes d’une «main de fer» reconnaît le réalisateur, «un équilibre fragile», mais désormais tourné vers l’avenir. Avec l’espoir de dépasser cette «histoire aux plaies béantes».

http://www.rwanda-podium.org/index.php/actualites/politique/3025-rwanda-la-part-des-rebelles-film-a-voir-et-a-revoir

Posté le 15/04/2018 par rwandaises.com