Le président rwandais Paul Kagame et son homologue français Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse conjointe à l’Elysée, le 23 mai 2018.
© Francois Mori/Pool via Reuter

Paul Kagame a été reçu ce mercredi 23 mai après-midi par Emmanuel Macron pour un déjeuner avec une soixantaine d’acteurs du numérique, suivi d’un entretien bilatéral. Une rencontre suivie d’une conférence de presse au cours de laquelle le président français a annoncé qu’il soutenait la candidature de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).

Emmanuel Macron a « une conviction » qu’il assure d’ailleurs n’avoir jamais cachée : « S’il y a une candidature africaine au poste de secrétaire général de la Francophonie, elle aurait beaucoup de sens. Si cette candidature était africaine et féminine, elle aurait encore plus de sens. Et donc à ce titre je crois que la ministre des Affaires étrangères du Rwanda a toutes les compétences et tous les titres pour exercer cette fonction », a déclaré le président français, soulignant que Louise Mushikiwabo a « une maîtrise parfaite de la langue française ».

Ce soutien à cette candidature rwandaise est un signal fort envoyé par Paris à Kigali. Emmanuel Macron a traduit en acte ce mercredi sa volonté de rapprochement avec le Rwanda.

Le Rwanda a toujours été membre de la Francophonie. Certains ont pu croire que nous avions cessé d’en faire partie, mais ce n’est pas le cas. Nous avons rejoint en plus d’autres organisations.
Au palais de l’Elysée à Paris
24-05-2018 – Par Pierre Firtion

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01:31

Controverse

Un soutien qui risque néanmoins d’être sujet à controverse. A la fois en raison des relations compliquées entre Paris et Kigali depuis 1994, mais aussi parce que le Rwanda a adhéré au Commonwealth en 2009, date à laquelle l’anglais a été imposé comme langue officielle dans le pays.

Mais cela n’est pas un problème selon le président Macron pour qui le Rwanda est un pays francophone. Avant d’ajouter que son idée est de penser la Francophonie dans le plurilinguisme, justifiant selon lui parfaitement cette candidature.

Je pense que la Francophonie n’est pas en guerre contre le Commonwealth ou la langue française en guerre contre l’anglais. Au contraire je pense que la Francophonie s’inscrit aujourd’hui dans un monde de plusieurs langues, ce qui est le cas de mon pays. Ça n’empêche pas l’engagement qui est toujours là pour la Francophonie.
Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères
24-05-2018 – Par France 24

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« Un multilatéralisme fort »

Durant cet entretien d’une heure en tête à tête, les deux dirigeants ont également évoqué les sujets qui concernent l’ensemble du continent. Paul Kagame est en effet depuis janvier le président en exercice de l’Union africaine. Ils ont donc parlé paix, sécurité, climat, environnement…

« Nous croyons dans un multilatéralisme fort, c’est le sens de votre engagement, M. le président, à la tête de l’Union africaine, et c’est le sens de mon engagement au sein de l’Union européenne », a déclaré Emmanuel Macron, confirmant au passage sa venue au sommet de l’UA à Nouakchott en juillet.

Je ne sais pas si le mot réchauffement est le plus adapté. C’est plus la volonté de rétablir des relations bilatérales directes, afin de recenser et de valoriser nos complémentarités. Ça je pense que dans la conjoncture actuelle qui fonde les relations internationales et les relations bilatérales, c’est en soi assez fort.
André Guichaoua, sociologue spécialiste de la région des Grands Lacs africains
24-05-2018 – Par Pierre Pinto

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■ Pas de sujet qui fâche

Les sujets qui fâchent ont été relativement évités. Emmanuel Macron a annoncé la création prochaine d’une équipe mixte de chercheurs, chargés de travailler sur l’époque du génocide. Il a aussi indiqué qu’il allait poursuivre le processus de déclassification des archives entamé par François Hollande.

On espérait que la première occasion qu’aurait Emmanuel Macron de s’exprimer sur le génocide des Tutsis du Rwanda serait effectivement l’opportunité d’annonces pour se distancer, pour se différencier de ses prédécesseurs. Aujourd’hui, on voit que ce n’est pas le cas.
Thomas Borrel de l’association Survie qui milite pour la France reconnaisse une complicité des autorités de l’époque avec les génocidaires
24-05-2018 – Par Pierre Pinto

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                                                                                                                                                       Posté le 24/05/2018 par rwandaises.com

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