Un choc. L’an passé, Bouygues et Vinci ont perdu deux énormes contrats en Afrique. Le projet de Mambila, au Nigeria, qui prévoit la construction de quatre barrages et de 700 kilomètres de lignes à haute tension pour 5,8 milliards de dollars, a été attribué à la société China Civil Engineering Construction Corp. Surtout, le marché du siècle en République démocratique du Congo, Inga 3, le plus gros projet hydroélectrique d’Afrique, estimé à 14 milliards de dollars, a été raflé par le chinois Three Gorges Corporation, associé à l’espagnol ACS, au nez et à la barbe des groupes tricolores.
Enfin, en avril dernier, le président du Bénin annonçait, dans une interview à Challenges, qu’il sortait le français Bolloré de la boucle ferroviaire ouest-africaine, 3 000 kilomètres reliant Cotonou à Abidjan pour un coût estimé à 3 milliards d’euros. Et c’est la Chine qui va lancer ce chantier, initié par la puissance coloniale française en… 1905. « C’est le partenaire le plus indiqué, le choix le plus réaliste pour un tel projet, nous confiait Patrice Talon. La Chine dispose des moyens financiers nécessaires. Elle a annoncé qu’elle allait apporter 60 milliards de dollars à l’Afrique, pour financer notamment les grandes infrastructures. Et elle a démontré son savoir-faire technique. »
En Afrique, la razzia de la Chine dans les gros contrats d’infrastructures – encore récemment la voie ferrée Dakar-Bamako – a atteint un niveau sans précédent. A tel point que le Quai d’Orsay a tiré la sonnette d’alarme dans plusieurs notes confidentielles, en insistant sur l’ambition et la rapidité des groupes chinois. « Plusieurs ambassadeurs africains ont critiqué la lenteur de la mise en oeuvre de projets quand ceux-ci étaient réalisés par des bailleurs de fonds occidentaux », souligne l’une de ces notes, révélée par La Lettre du Continent.
Par Thierry Fabre le 24.11.2018
https://www.challenges.fr/monde/asie-pacifique/l-incroyable-razzia-de-la-chine-en-afrique_627891
Posté le 25/11/2018 par rwandaises.com