L’une des mesures les plus remarquables prises par le gouvernement rwandais après le génocide pour promouvoir une société dans laquelle la citoyenneté compte plus que toute autre identité que l’on puisse définir, fut l’initiation de la campagne ’ndi umunyarwanda’ (je suis Rwandais).

La campagne est apparu des années après l’abolition des cartes d’identité nationales qui comportait ces catégories ségrégationnistes des Muhutu, Mututsi ou Mutwa, les seules trois catégories auxquelles pouvait appartenir un Rwandais.

L’abolition de ces cartes d’identité et leur remplacement par une nouvelle sans ces étiquettes ont coïncidé avec la mise en place des mesures tendant à minimiser les classifications qui déterminaient par le passé les droits et privilèges auxquels on avait droit et ceux aux quelles ont été limité.

Les experts africains ont longtemps fait valoir que l’attachement au clan ou à la tribu plutôt qu’à la nation était l’un des principaux obstacles à la création d’identités nationales et, partant, à la division des divisions qui sont à la base de la désunion et des bouleversements politiques qui en découlent.

En effet, derrière les divisions qui déchiraient le Rwanda juste avant l’indépendance et qui ont abouti plus tard au génocide contre les Tutsis, se cachait l’importance accordée aux trois catégories et la manière dont appartenance l’un ou l’autre déterminait la place occupée dans la société ainsi qu’ aux privilèges et droits auxquels on pouvait bénéficiait ou refusées.

Étonnamment, lorsque le gouvernement d’après le génocide contre les Tutsi en 1994 a pris des mesures pour promouvoir l’identité commune nationale en tant qu’identité principale déterminant les droits et obligations de chacun, on aurait espéré qu’il obtiendrait l’approbation d’experts qui ont longtemps décrié l’absence de la plupart des pays africains.

Au contraire, le Gouvernement rwandais s’est vu été attaqué pour avoir prétendument aboli l’ethnie ou d’avoir nié son importance pour les Rwandais ordinaires.

Certains experts ont même comparé le Rwanda de manière défavorable au Burundi, où la catégorisation avait conservé son importance et avait même servi de base à la nomination de personnes à des postes de pouvoir et de responsabilité.

Le Burundi était considéré comme ayant adopté une « approche plus réaliste » et était donc destiné à être plus durable et plus stable que le Rwanda, où les autorités étaient accusées d’avoir imposé leur point de vue à des citoyens ordinaires qui se voyaient apparemment refuser la liberté d’être elles-mêmes.

Les arguments qui étaient au mieux incomplets, au pire malhonnêtes.

Premièrement, il n’existe pas de loi sur le droit rwandais après le génocide qui interdise les différentes catégories sociales dans lesquelles les Rwandais pourraient vouloir se regrouper. Les étiquettes ethniques n’ont pas non plus été interdites.

On les entend parler sur des supports électroniques et les lit dans les médias imprimés. N’importe qui est libre de s’appeler Hutu, Tutsi ou Twa et beaucoup le font encore. Ce qui n’est plus acceptable à présent, c’est que quiconque utilise l’une quelconque des catégorisations pour marginaliser ou discriminer toute catégorie de personnes.

Il n’est pas non plus acceptable que quiconque utilise leur appartenance à une catégorie sociale pour prétendre à des privilèges ou à des droits spéciaux et les refuser à d’autres.

Mais il est également vrai que, compte tenu de la manière dont ils ont été exploités par le monde politique pour diviser la société dans le passé, de nombreux Rwandais ne veulent plus porter leurs catégories sur leurs manches ou sur leurs fronts, ayant décidé que le simple fait d’être rwandais leur convient.

Les étrangers, cependant, interprètent souvent cela comme un Rwandais « effrayé » de dire à des inconnus à quelle catégorie il appartient, préférant apparemment « répéter la ligne officielle ».

Traduit de l’anglais et adapté en français par Bérénice

Posté le 18/04/2019 par rwandaises.com