Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, ne s’est rendu au chevet des victimes des inondations qu’après avoir pleinement savouré un séjour au Rwanda. Un pays dont le président, selon le visiteur lui-même, est si absorbé par les tâches régaliennes qu’il dispose à peine de temps à consacrer à ses pairs.
C’est dans le cadre du Sommet «Transform Africa» qu’IBK s’est rendu à
Kigali aux côtés de Paul Kagamé et de Uhuru Kenyata du Kenya, seul
autre chef d’Etat du continent ayant honoré l’invitation de l’homologue
rwandais. Comme si souvent, en définitive, le président malien se
trouvait hors du pays pendant que ses concitoyens étaient meurtris par
la survenue d’événement dramatique. A la différence des hécatombes en
série récemment vécues, le drame cette fois n’a pas de rapport avec
l’insécurité. Il résulte d’une catastrophe naturelle, en l’occurrence
d’inondation causée par une pluie diluvienne ayant surpris les Bamakois,
occasionnant près d’une vingtaine de morts et réduisant au sinistre les
habitants de nombreux quartiers exposés aux vagues des eaux de
ruissellement. Avant-hier samedi, c’est-à-dire plus de 48 heures après
l’avarie, le chef de l’Etat est allé au chevet des victimes pour
compatir à leur douleur. Il en a ainsi profité pour titiller les
premiers responsables des municipalités en déplorant leur penchant vénal
et leur indifférence à face à la vie de leurs administrés.
L’indifférence n’est pourtant pas la posture la moins reprochable au
locataire de Koulouba. Après s’être solennellement engagé à sacrifier
temporairement ses déplacements à l’extérieur pour l’indispensable
dialogue national, IBK s’est finalement ravisé au détour d’un
réaménagement du calendrier et a discrètement renoué avec ses voyages
plus optionnels que nécessaires. Pendant que Bamako nageait dans le
déluge meurtrier du jeudi matin, il continuait de tenir à son séjour à
Kigali, une ville où les autorités ont le pied à l’étrier si bien que
les inondations ne figurent plus au nombre des défis les plus
redoutables. Au demeurant, Paul Kagamé est assez débordé par les tâches
régaliennes pour faire abstraction de quelques détails protocolaires, y
compris d’accueillir les hôtes à leur arrivée à l’aéroport. Le président
IBK l’a du reste lui-même noté au sortir d’un entretien avec
l’homologue rwandais en se réjouissant qu’une quarantaine de minutes lui
ait été accordée en dépit du calendrier très chargé de son hôte. Il
s’agit probablement du rendez-vous d’audience pour lequel il n’a pas
précipité son retour à Bamako malgré l’ampleur des dégâts causés par
l’inondation. Quoi qu’il en soit, les événements douloureux sont d’une
telle fréquence au Mali qu’ils ne devraient pas souvent coïncider avec
sa présence en terre étrangère
s’il était tout aussi occupé par les problèmes internes de son pays.
A Keïta
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