Il
est plus difficile de trouver un emploi à Bruxelles quand on est
d’origine étrangère, même avec des qualifications. Par La Libre
Ce constat n’est pas neuf, mais pour la première fois, la Région bruxelloise dispose d’une étude scientifique qui le démontre.
C’est view.brussels, l’observatoire bruxellois de l’emploi et de la formation, qui l’a réalisée, sur des chercheurs d’emploi inscrits chez Actiris (l’organisme régional de l’emploi) entre 2013 et 2016, en tenant compte de leur origine. Dans ce monitoring, sont considérés comme d’origine étrangère ceux qui avaient une nationalité étrangère à la naissance, ceux qui avaient une nationalité étrangère au moment de l’étude, ou ceux dont au moins un des parents a la nationalité étrangère.
Quels sont les principaux enseignements de cette étude ?
1) Des inégalités massives et structurelles
Les populations originaires d’un pays hors Union européenne subissent un “phénomène aigu de sous-emploi”, selon les auteurs. Par exemple, le taux de chômage des personnes d’origine maghrébine et des afro-descendants est trois à quatre fois plus élevé que celui des belgo-belges.
Les jeunes d’origine subsaharienne ont le plus de difficulté à trouver un job. Ils sont les plus nombreux à de pas avoir d’emploi 36 mois après leur inscription chez Actiris, malgré leur présence plus importante dans les formations.
2) Même avec un diplôme égal
À niveau d’étude équivalent, les personnes d’origine extra-européenne ont plus de difficultés à trouver un emploi.
3) Des diplômes non reconnus
La non-reconnaissance des diplômes étrangers touche davantage les personnes d’origine subsaharienne. Si on regarde quels sont les jeunes diplômés de l’étranger qui mettent plus de deux ans à décrocher un emploi long (supérieur à trois mois), on constate qu’ils sont plus nombreux parmi ceux qui viennent de la République démocratique du Congo, du Burundi et du Rwanda (41,5 %), devant les “autres pays africains” (34,8 %), le Maghreb (26,5 %) et les “autres pays asiatiques” (24,2 %).
4) Les femmes plus vulnérables
Les femmes d’origine extra-européenne sont plus vulnérables. Elles ont une probabilité plus grande d’être au chômage, d’être sans allocation de chômage quand elles sont sans emploi et, une fois à l’emploi, d’être confinées dans des métiers faiblement rémunérateurs, peu gratifiants, exigeants physiquement (horeca, soins, nettoyage).
En outre, le sous-emploi est plus marqué chez les jeunes femmes d’origine maghrébine et turque. Pourtant, elles sont plus diplômées que leurs homologues masculins. Le port du foulard, qui génère des discriminations, peut expliquer ce constat, selon les auteurs de l’étude.
Enfin, le fait qu’elles sont plus souvent à la tête d’une famille monoparentale pèse sur leurs chances de trouver un travail.
5) L’impact du quartier de résidence
Les chercheurs ont établi deux corrélations importantes.
La première entre l’origine et le lieu de résidence : les chercheurs d’emploi d’origine turque, maghrébine, subsaharienne et des pays de l’Est de l’Union européenne résident plus souvent dans le croissant pauvre de Bruxelles.
La seconde entre le lieu de résidence et la probabilité d’accéder à l’emploi : la proportion de jeunes à l’emploi est systématiquement plus faible dans le croissant pauvre qu’ailleurs en Région bruxelloise.
Les auteurs accompagnent leur étude d’une série de recommandations pour lutter contre ces phénomènes (utiliser la variable origine dans les statistiques du chômage, améliorer la représentativité au sein des institutions publiques, accroître l’impact des outils de lutte contre les discriminations, simplifier l’équivalence des diplômes,…).
Posté le06/07/2019 par rwandanews