Amina Lanaya, Directrice générale de l’Union Cycliste Internationale. a fait une visite au Rwanda dans le cadre de la candidature à l’organisation des Championnats du monde de cyclisme sur route 2025. Par Thomas-Sean de Saint Leger
Amina Lanaya, Directrice générale de l’Union Cycliste Internationale. Courtesy of UCI
Directrice générale de l’UCI (Union Cycliste Internationale) depuis 2018 – et première femme à occuper ce poste au sein de l’instance – la Française Amina Lanaya était à Kigali, en fin de semaine dernière, pour assister à l’épilogue du Tour du Rwanda. Une visite de terrain classique dans le cadre de la candidature du pays à l’organisation des Championnats du monde de cyclisme sur route 2025. L’occasion pour RFI d’aborder avec elle les sujets du moment.
Directrice générale de l’UCI (Union Cycliste Internationale) depuis 2018 – et première femme à occuper ce poste au sein de l’instance – la Française Amina Lanaya était à Kigali, en fin de semaine dernière, pour assister à l’épilogue du Tour du Rwanda. Une visite de terrain classique dans le cadre de la candidature du pays à l’organisation des Championnats du monde de cyclisme sur route 2025. L’occasion pour RFI d’aborder avec elle les sujets du moment.
RFI : Amina Lanaya, quel est exactement l’objet de votre mission, ici, au Rwanda ?
Amina Lanaya : Comme vous le savez, l’UCI a pris la décision d’attribuer, pour la première fois, l’organisation des Championnats du monde de cyclisme sur route 2025 à un pays africain (NDLR : la décision sera prise au mois de septembre, le Rwanda et le Maroc sont candidats). Je suis venue en émissaire, pour prendre la température et me faire une idée de ce que pourraient être des Mondiaux, ici, au Rwanda. J’ai aussi rencontré les autorités locales, la ministre des Sports notamment, pour évoquer les pistes de développement. Notre idée est d’aussi d’accompagner les athlètes africains pour qu’ils soient également acteurs de ces Championnats du monde organisés sur leur continent, qu’ils se battent pour des médailles.
C’est votre premier contact avec le Rwanda et son Tour national, quelles sont vos impressions ?
Honnêtement, je suis impressionnée par la ferveur populaire. On m’en a toujours parlé, on m’a beaucoup dit : « tu verras, le Tour du Rwanda, c’est fantastique », mais il faut vraiment le voir pour le croire. Quand j’étais dans la voiture, sur le Mur de Kigali, j’ai vu cette foule, ces enfants, ces familles, et j’en ai eu des frissons. Je n’avais jamais ressenti quelque chose d’aussi fort en course et pourtant j’ai déjà suivi des classiques belges ou des étapes du Tour de France. Cette épreuve est poussée par toute la population, par le gouvernement. Le Tour du Rwanda est une référence en matière de développement de notre sport et c’est pour cela qu’on peut parler d’une candidature en bonne voie pour l’organisation des Mondiaux 2025.
Vous évoquiez la nécessité d’avoir des coureurs africains candidats à des médailles d’ici aux Mondiaux 2025, mais l’éveil du cyclisme continental prend du temps, peut-être plus que prévu. Les pionniers (Daniel Teklehaimanot, Natnael Berhane, Joseph Areruya…) ont posé les bases en participant aux courses importantes du calendrier mondial, mais sans vraiment briller. Comment l’expliquez-vous ?
Je pense qu’il faut aborder le développement du cyclisme africain de manière chirurgicale, pays par pays. Les coureurs érythréens, par exemple, ont plus de facilités à avoir des résultats, à s’adapter en Europe, parce qu’il y a chez eux une véritable culture de ce sport. C’est plus compliqué pour les autres, pour les Rwandais par exemple. Le rôle de l’UCI, de son Centre Mondial du Cyclisme (CMC), mais aussi de certaines fédérations, comme la Belgique ou la France, est d’encadrer ces coureurs, pas seulement de les aider à trouver une équipe, et puis plus rien, non ! Ils ont besoin d’être accompagnés de manière plus spécifique. Ces cyclistes doivent absolument courir en Europe, donc il faut mettre en place des partenariats avec des fédérations nationales et des équipes professionnelles. Je sais par exemple que Jean-René Bernaudeau (NDLR : le manager de la formation Total Direct-Energie) tient au développement du cyclisme africain, qu’il est prêt à aider. L’UCI va aussi discuter avec d’autres équipes pour élaborer un plan et une stratégie globale.
Ne faudrait-il pas aussi essayer d’intervenir plus tôt dans la formation des coureurs pour régler ce problème de culture cycliste, de culture tactique de la course ?
Tout à fait. L’UCI a aussi pour mission de détecter très tôt les talents de demain. Nous avons depuis quelques années un centre continental en Afrique du Sud. Des stages de formation sont proposés pour les athlètes, mais aussi pour les mécaniciens, pour les entraîneurs… Ce travail doit commencer le plus tôt possible pour inculquer aux plus jeunes les principes du cyclisme. C’est un sport difficile, complexe à comprendre. Tous ces plans de formation sont prévus depuis un certain temps, mais nous sommes en train de mettre l’accent dessus.
Le Rwanda dispose d’un centre d’entraînement, à Musanze, l’Africa Rising Cycling Center. Il était question qu’il devienne le second centre continental de l’UCI en Afrique. Où en est-on ?
Le processus de labellisation de tous nos centres satellites est en cours. Le centre de Musanze pourrait être l’un d’entre eux. Je l’ai visité hier (NDLR : le 29 février 2020), je l’ai trouvé très bien, mais il reste des investissements à y faire pour accéder à un niveau supérieur en ce qui concerne les équipements, les infrastructures. Pour l’instant, il y a un manque de moyens, mais l’UCI est prête à aider. Il faut aussi des clubs pour former, détecter les champions de demain. Tout ne peut pas être concentré à un seul endroit. Nous avons besoin d’informations supplémentaires sur ce qui peut être fait avec les différents clubs dans le pays, mais l’idée est d’annoncer officiellement d’ici le mois de septembre prochain la labellisation du centre au Rwanda.