«Femme power»! La femme est source de vie, de courage, de force et de persévérance: c’est ce que les femmes africaines au pouvoir, qui décident aujourd’hui du futur de l’Afrique, ont affirmé à Sputnik
«Femme
power»! La femme est source de vie, de courage, de force et de
persévérance: c’est ce que les femmes africaines au pouvoir, qui
décident aujourd’hui du futur de l’Afrique, ont affirmé à Sputnik dans
ce projet spécial dédié à la Journée internationale des femmes. Elles
représentent la République centrafricaine, le Burundi, le Mali, Sao
Tomé-et-Principe et le Rwanda, et elles donnent leur définition de la
femme africaine actuelle en pointant les problèmes qui nécessitent des
solutions immédiates.
Sylvie Baïpo-Temon, ministre des Affaires étrangères de Centrafrique
La femme centrafricaine d’aujourd’hui est une femme qui souhaite contribuer au relèvement de son pays.
La femme centrafricaine, qui a toujours été la première victime de toutes les crises que le pays a traversées, a démontré sa bonne capacité de résilience et revendique aujourd’hui sa place dans le système décisionnel du pays.
La femme centrafricaine est aujourd’hui une femme consciente, engagée et prête à affronter les défis et challenges auquel le pays doit faire face.
Les priorités sont nombreuses mais il s’agit avant tout de permettre à la femme de prendre sa place dans les instances des grandes décisions.
Pour cela, il faut avoir en-tête qu’être femme correspond à une étape de la vie d’une jeune fille et par conséquent, il faut être en mesure d’accompagner le développement de la femme, c’est à dire que dès le plus jeune âge, la priorité est de s’atteler à l’éducation au sens large de la jeune fille pour qu’elle devienne la femme de demain.
Cela afin de faire de la femme d’aujourd’hui et de demain un repère positif pour une promotion de la femme par la femme.
La capacité de la femme est incroyable, c’est pourquoi il faut donner les moyens à la femme de s’épanouir pour qu’elle puisse être en mesure de donner le meilleur d’elle-même.
La femme est dotée d’une capacité morale et d’une force intérieure que l’on ne soupçonne pas.
Certainement, le sens des responsabilités: je me suis toujours donnée comme principe de toujours être responsable et par conséquent, je suis consciente de mes droits mais également de mes devoirs.
Je ne peux tirer aucune satisfaction de mes actes si ceux-là ne sont dirigés que pour ma personne. Ce qui importe dans la vie ce n’est pas d’avoir existé mais d’avoir vécu en pleine conscience de ses faiblesses et de ses forces.
J’ai mes faiblesses et j’ai mes forces, c’est de cela que je tire mon équilibre.
À ces femmes en devenir, je souhaite dire: «Croyez en vous, il n’a pas de rêves interdits, seule la peur est un frein».
Agissez, parlez, pensez en gardant en tête que des femmes en devenir vous observent, vous imitent.
Croyez en et tenez à vos convictions, aux vôtres pas à celles des autres. Agissez de manière responsable car Dieu nous a donné le plus précieux des dons: être porteuse de vie.
Je résumerais mes propos en citant une phrase du Président John Fitzerald Kennedy : «vivez pour ajouter de la vie à vos années et non des années à vos vies».
En un seul mot, je dirais que la femme est la vie, laissons-la s’épanouir pour voir ses potentialités.
Aimée Laurentine Kanyana, ministre burundaise de la Justice
La femme burundaise est avant tout une mère car elle doit s’occuper de ses enfants. Elle est une épouse qui doit se soucier du bien-être de son mari. Elle est chargée des relations entre sa famille restreinte et les membres de la famille élargie.
C’est un agent du développement car elle participe à la conception et la mise en œuvre des politiques économiques.
Elle est un acteur politique, étant donné qu’elle a le droit d’élire et se faire élire.
La Journée internationale des femmes est très importante pour les femmes, en ce sens qu’elle est une occasion d’évaluer l’état d’avancement des politiques conçues en faveur des femmes et les besoins qui restent à satisfaire pour leur intégration.
La célébration de cette Journée permet l’éveil des consciences collective comme individuelles des femmes quant à leur capacité à contribuer au développement de la famille, du pays et du monde entier.
Le problème fondamental de la femme, c’est de pouvoir concilier sa vie privée et sa carrière professionnelle.
Photos: CC BY 2.0/ Seeds of Hope, CC BY 2.0/ Christine Vaufrey, Public domain/ AMISOM Public Information
Ma force réside dans le fait qu’en plus de la force de caractère dont j’ai hérité de ma mère et du soutien indéfectible de mon cher mari, j’ai eu la chance de bénéficier d’une bonne éducation humaniste et chrétienne, d’une expérience professionnelle dans différents secteurs (enseignement, magistrature, banque, gouvernement).
Pour concilier ma carrière professionnelle et ma vie privée, j’ai pris la décision de planifier les naissances.
J’ai trois filles et un garçon.
Le message que je peux transmettre aux jeunes filles est de suivre de bonnes études, d’avoir une discipline sans faille, un sens très poussé des responsabilités, l’amour du travail bien fait.
En mot, les femmes sont un modèle d’amour, de dévouement et de rigueur.
Traoré Seynabou Diop, ministre malienne des Infrastructures et de l’Équipement
Ce que je peux dire sur la condition des femmes notamment au Mali, puisque c’est mon pays, nous avons déjà beaucoup évolué il y a une lois qui existe au Mali, qui gère une grande partie des discriminations que nous avons avec les hommes, qui oblige désormais un quota au niveau des postes sélectifs, le seul exemple que je vais vous donner pour que vous compreniez, sur une liste de trois personnes s’il y deux hommes il faut obligatoirement une femme, s’il y a deux femmes il faut obligatoirement un homme.
Nous avons compris déjà que nous sommes complémentaires et nous devons au niveau des postes sélectifs privilégier la place de la femmes aux hommes, beaucoup d’accents ont été fait pour que nous retrouvions notre place, parce que la place de la femme est la première place et le Président de la République Ibrahim Boubacar Keïta avait fait beaucoup d’efforts.
Photos: CC BY 2.0/ IICD, CC BY-SA 2.0/ Mark Fischer, CC BY 2.0/ IICD
Si on regarde le gouvernement nous avons neuf femmes et dans mon cas particulier je suis porteur d’un ministère très important qui est Infrastructures et de l’Équipement, ce ministère qui n’a pas encore été conduit par une femme, donc ici je vous dis que nous sommes vraiment à la pointe des secteurs où les femmes n’arrivaient pas au sommet, actuellement le Président Ibrahim Boubacar Keïta est en train de faire beaucoup d’efforts pour que ça change, nous avons encore beaucoup à faire.
Marie-Noëlle Koyara, ministre centrafricaine de la Défense
La femme centrafricaine est un grand symbole, et avant tout il faut rendre hommage à toutes les femmes qui se sont battu corps et âme pour qu’aujourd’hui la femme puisse avoir une place dans la démocratie, une place qui lui permet d’exprimer sa liberté.
Je m’incline devant le courage de ces premières femmes leaders à travers le monde.
La femme est celle qui donne la vie, la femme est celle qui éduque et c’est aussi celle qui se bat pour le bien-être de sa famille et le bien-être de toute la population.
La femme centrafricaine n’a pas attendu pour que les autorités lui accordent une place, notre pays a été l’un des premiers où les femmes ont occupé des postes stratégiques, dès les années 1970, à l’assemblée ou au parlement. Et aujourd’hui, les femmes centrafricaines se retrouvent dans plusieurs secteurs, qu’ils soient étatique ou privé. La femme centrafricaine a une qualité qui permet de préserver l’image politique de la femme au travers notre pays et à travers le monde.
Photo: Sputnik/ Alexeï Erechko
Il faudrait que nous reconnaissions d’abord la valeur numérique et caritative de ce que font les femmes, car le monde d’aujourd’hui connaît le problème de l’insécurité partout, aux quatre coins du monde. Aucun pays n’est épargné, donc, prenant en compte le leadership des femmes et leur manière d’approcher le problème, elles doivent occuper une place dans le monde dans la gestion des conflits.
L’Union Africaine a une mission prioritaire, qui est de faire taire les armes en Afrique, et la femme y contribue énormément, de même qu’au développement de son pays, à tous les niveaux: l’agriculture, la santé,… Soit à tous les différents niveaux de l’économie, et même concernant la sécurité, les femmes sont toujours présentes, donc je souhaite que le monde se mobilise pour faire en sorte que la mission prioritaire de l’Union africaine -faire taire les armes- soit vraiment une réalité. Et pour mon pays qui est en crise, tous les efforts sont faits pour retrouver la paix, tant par le chef de l’État, que par le Premier ministre, le gouvernement, la société civile et le parlement.
La femme est source de vie, elle est celle qui affronte les difficultés sans baisser les bras.
Elsa Teixeira de Barros Pinto, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Communautés de Sao Tomé-et-Principe
La femme santoméenne est une battante, qui a plusieurs rôles, notamment celui de chef de famille, parce que beaucoup de familles santoméennes sont monoparentales. Mais c’est une femme qui a toujours participé à la vie politique, sociale et économique du pays, même si on a parfois eu du mal à le reconnaître.
La femme santoméenne subit cependant encore beaucoup de discriminations, même si une certaine amélioration est notable. Il y a des domaines réservés aux hommes, comme la diplomatie, où il y a très peu de femmes.
Pour moi, la femme santoméenne est une vraie battante, une guerrière. Elle a eu un rôle déterminant dans l’histoire santoméenne. Elle a été présente de manière remarquable dans le changement de la position du pouvoir colonial à Sao Tomé-et-Principe: les femmes se sont rassemblées vêtues de noir, en deuil et c’est ainsi qu’elles ont amorcé l’indépendance du Portugal.
Il faut faire une différence sur le cadre continental africain, et le cadre spécifique à Sao Tomé-et-Principe. Je pense que les mouvements d’autodétermination du peuple santomien ont déclenché une émancipation de la femme santomiénne. On était au début de notre indépendance et il y avait déjà une femme présidente de l’Assemblée nationale. Mais les femmes occupaient aussi d’autres postes très importants. J’ai été moi-même ministre de la Défense. Les femmes ont démontré leur capacité à pouvoir conduire leur destin et des secteurs stratégiques dans notre pays. Cependant, il y a des moments où on voit la chute arriver. Alors il faut travailler pour que la femme soit bien représentée dans la prise des décisions à l’Assemblée, au gouvernement, aux tribunaux. Et pourquoi pas penser qu’une femme puisse un jour devenir Présidente de la République!
Photos: CC BY 2.0/ David Stanley, CC BY 2.0/ David Stanley, CC BY 2.0/ Kris Haamer
Moi, en tant que femme qui a eu l’opportunité d’occuper un poste important, je pense aux autres femmes. Je pense qu’aujourd’hui, quand on regarde notre pays, on voit qu’il y a beaucoup de jeunes gens et de jeunes femmes. Et il faut travailler dur pour que ces femmes aient une opportunité. Je me bats pour les femmes. J’appelle toutes les femmes cadres de mon ministère et je leur dis: «Il faut que vous pensiez au rapport entre la femme et la diplomatie. Il faut travailler dans ce sens pour augmenter le nombre de femmes diplomates». La diplomatie est comme tous autres domaines de la vie. On se bat pour les femmes qui n’ont pas de voix.
70% de la population de notre pays est pauvre. La pauvreté a un visage et ce visage est toujours celui de la femme. Elle est partout avec ses enfants sur le dos. Elle va chercher de l’eau. Elle va à la rivière. Elle va à la plantation.
Il faut que les femmes comme moi, qui ont eu la chance d’être à un niveau très acceptable, pensent toujours à ces femmes qui n’ont pas de voix, car nous sommes la voix de ces femmes, nous nous battons pour elles.
La femme est un être spécial, avec beaucoup de compétences. Et dans le cerveau de la femme, il y a plusieurs «compartiments». Elle peut gérer plusieurs choses en même temps. Voici la différence entre la femme et l’homme. Dès qu’on se lève, on range la maison. On pense déjà au petit-déjeuner. Après on pense aux enfants qui doivent partir à l’école. Puis on ferme la maison et on les fait monter dans la voiture. Ensuite on commence à penser au ministère, aux réunions et à toutes les choses qu’on doit faire.
C’est toujours un défi de concilier vie personnelle et vie politique, le rôle de mère et de chef de famille. Mais la femme, c’est ça: la coordination de plusieurs rôles, et ce sera toujours comme ça, même si son statut évolue.
Je dis toujours aux autres femmes qu’elles sont l’œuvre parfaite de Dieu. Il a tout créé et tout était bon. Puis il a créé l’homme et Dieu a dit: «là ce n’est pas bon». Et il a créé la femme.
Mon message est le suivant: il faut comprendre que dans le monde, si nous voulons un développement durable et équilibré, il faut penser à l’autre moitié de l’orange… et c’est la femme.
Le problème des femmes est le problème des genres. Les deux genres doivent avoir les mêmes opportunités sociales, politiques, économiques et civiques. La femme est la puissance, la force et le courage.
Jeanne d’Arc Mujawamariya, ministre de l’Environnement du Rwanda
La femme rwandaise d’aujourd’hui est une femme capable, et déterminée à jouer un rôle primordial pour le développement de notre peuple, de notre nation et de notre cher pays: le Rwanda.
La femme rwandaise à un rôle très important dans le développement du pays, la résolution des conflits et l’éducation des enfants. Elle joue le même rôle que l’homme rwandais.
S’ils veulent résoudre les problèmes de leur pays, les États africains, mais aussi ceux du monde entier, doivent inclure la femme dans leurs planifications. On ne peut pas développer toute une nation en mettant la moitié de sa population de côté.
En tant que femme rwandaise, qu’est-ce qui me donne la force de faire tout ce que je fais avec confiance? Le fait que les dirigeants de notre pays nous aient écoutées. Ils nous ont donné la parole, ils nous ont donné de la valeur. Ils ont compris dès le début que, sans la femme, le Rwanda n’ira nulle part. Donc, en tant que femme, cette confiance dans le fait que le Rwanda puisse aller loin me donne aussi la force de me battre jusqu’au bout.
Ce n’est pas facile, mais il faut jouer son rôle à fond. Quand je suis au bureau, je suis ministre de l’Environnement. Mais je n’oublie pas que je suis la mère de mes enfants. Je n’oublie pas que je suis la femme de mon mari. Et je n’oublie pas que je suis la fille de mes parents. Je n’oublie pas que je suis la voisine de mes voisins. Il faut donc porter plusieurs casquettes. Il faut endosser le bon rôle au bon moment. Tu ne vas pas aller au marché et commencer à dire que tu es ministre, [que tu, ndlr] dois être servie comme une ministre. Tu es au marché pour faire le marché. Tu es à l’église pour prier. Si tu es à la maison, tu es la femme de ton mari et la maman de ton enfant. Donc, si tu es au bureau, tu es responsable. Tu dois être le serviteur du peuple. C’est cela qui fait que j’arrive à accomplir mes tâches.
Le message que je peux transmettre à mes petites sœurs africaines? Comprendre qu’elles ont un rôle important à jouer dans la vie du pays et de leur famille, et non se sentir comme un sexe faible. La femme n’est pas un sexe faible. C’est un sexe fort. Si on peut porter cinq casquettes différentes en même temps et accomplir toutes ces tâches, ça montre qu’on est forte et qu’on a un rôle à jouer, sachant qu’il y aura toujours des défis à relever. Une femme est capable d’accomplir ce que son père, son frère, son voisin ont accompli. Le babysitting n’est pas sa seule occupation. Elle doit se lever et lutter pour le développement de notre continent.
Je décrirais la femme en un mot: la persévérance. Dans le même temps, en un mot c’est très difficile parce qu’une femme vaut «l’humanité»!