Le Rwanda se désole de voir le régime de Museveni s’accaparer de la mémoire du Gén. Fred Rwigyema, mort sur le champ de bataille de Kagitumba/Rwanda, le 2 octobre 1990, rien que deux jours après avoir sonné l’hallali et conduitdes centaines de fiers et redoutables guerriers rwandais qui venaient en 1986, de libérer l’Uganda du joug du Gén. Idi Amin Dada et de Obote. Il est tombé sur le champ d’honneur. L’Uganda reconnaît-il ses prouesses ou celles de ses lieutenants qui n’ont pas survécu au cours de la terrible guerre de libération du Rwanda ? L’auteur du texte paru dans le Newtimes en réaction à celui publié dans le Newvision ugandais trouve que le Gouvernement ugandais a montré l’ingratitude des fiers guerriers rwandais qui ont combattu bec et ongle pour qu Museveni soit victorieux afin qu’il les aide à récupérer leur nationalité rwandaise leur refusée par les régimes de Kayibanda Grégoire (1962-1973) et du Gén. Juvénal Habyarimana (1973-1994)
Tom Ndahiro, auteur de cette réaction contre le journaliste du très gouvernemental Newvision se révolte contre la démarche de l’écrivain qui minimise la contribution essentielle des jeunes combattants rwandais qui, vu la façon dont eux et leurs parents réfugiés depuis 1959, étaient harcelés au quotidien, honnis par le régime Oboté bis, ont puisé leur féroce combativité de ces actes ignobles.
Pour l’auteur, pourtant, c’étaient des combattants comme les autres Ugandais. Mais là n’est pas la question, semble dire Tom Ndahiro. Il trouve une manœuvre tricheuse du régime de Museveni qui veut étaler un linge sur les nombreux fiers et audacieux combattants autant rwandais et ugandais qui sont morts aux portes d’entrée de Kampala. Pour lui, ce sont des soldats anonymes. Il ne veut que retenir Fred Rwigyema et se l’approprier oubliant délibérément les autres intrépides combattants rwandais qui l’ont amené au pouvoir.
Ingratitude parmi les hommes
Pour l’auteur de la réaction, cette démarche ne relève pas de la tricherie, mais plutôt de l’ingratitude. Pour lui, sans les bataillons commandés par les rwandais et dont les troupes étaient majoritairement rwandaises, Museveni qui tente de les rendre anonymes, ne serait pas encore vivant tout autant qu’il n’aurait pas pu voir le simple trou du pouvoir qu’il tient avec des serres depuis lors.
« En fait, avant et après la prise de Kampala, les bataillons premier, 7è, 11è, 13è,19è et 35è étaient formés essentiellement pas des jeunes Rwandais. Le Gouvernement Museveni les prend pour des soldats anonymes. Il en va de même des commandants rwandais, véritables guerriers intrépides qui occupaient de hauts postes dans le commandement central. Aucun mot ! Aucune allusion pour leurs hauts-faits de guerre, leurs prouesses qui ont rendu possible la victoire de Museveni”,écrit Tom Ndahiro qui, s’entretenant avec cinq anciens combattants NRA de la guerre d’Uganda depuis 1981, est émerveillé de voir ces derniers citer leurs anciens camarades de front jusqu’à 80, la plupart d’entre eux décédés au front et de rares survivants. « Ils les citaient et se souvenaient parfaitement des circonstances de leur mort sur le front », ajoute-t-il raillant l’ignominie du régime Museveni qui décide de ne plus parler de « ces soldats anonymes » pourvu qu’ils l’ont juché au pouvoir.
Tricherie morale
Pour l’auteur, cette tricherie est sans borne. Comment Museveni a-t-il décidé de rendre anonyme les commandants de brigade Lt Col Adam Waswa, les majors Chris Bunyenyezi, Stephen Ndungutse, Sam Kaka, se demande-t-il passant sous silence que ces valeureux commandants de la NRA, fatigués des mensonges et promesses non tenues de Museveni pour les aider à rentrer chez eux au Rwanda, ont décidé de quitter en cachette leurs hautes et douillettes positions militaires ugandaises pour former une guérilla rwandaise à la tête de laquelle le Général Fred Rwigyema.
Une ingratitude poussée à outrance
Des guerriers rwandais du NRA encore en vie et qui nécessairement ont participé à la libération du Rwanda et d’autres qui sont morts sur le champ de bataille ugandais ou rwandais doivent se révolter du fait que Museveni a oublié ses anciens compagnons d’armes. « Il aurait dû au moins payer la mémoire de ces commandants qu’il a lui-même promus et citer ces autres-là qui restent en vie. C’est le minimum de bienséance, d’honnêteté intellectuelle et de conscience qu’il aurait fallu », dit Tom Ndahiro citant les Rwandais Commandants de bataillons du temps de la NRA Captains Tadeo Gashugi (9ème bataillon), Dodo Twahirwa (21ème Bataillon), Mico Edison (35ème), Wilson Bagire (13ème), Edward Karangwa (95ème), Sam Byaruhanga (6ème), Wahabu (55è), et Lt Fred Nyamurangwa, commandant le 27è Bataillon.
Cent commandants rwandais dont la combativité a décidé de l’issue de la guerre
La liste de commandants d’unités est longue, dit Tom Ndahiro qui a fait sa petite enquête à ce sujet. Il voulait prouver que Museveni fait fausse route en créant des opportunités de querelle avec le Rwanda qui lui a donné d’intrépides guerriers pour le hisser au pouvoir. Et de donner une autre liste de fiers guerriers rwandais qui commandaient ses troupes de la NRA y compris Cyiza Willex, Boniface Bitamazire, Thadeo Gashumba, John Gashumba, Vedaste Kayitare, Paul Katabarwa, Fred Maregenya, John Gashugi, Emmanuel Kanamugire, Matayo Twagirumukiza et Nathan Ngumbayingwe.
« Ceux-ci et plus de cent autres, Kampala ne se souvient plus d’eux ou plutôt si, ce sont des soldats anonymes ! », écrit-il trouvant que le comble de l’ironie est que Museveni ignore ostensiblement l’alors Colonel Charles Musitu qui a fait les tout débuts avec Museveni dans les années 1970 du temps du FRONASA (Front du Salut National 1971).
Et pour montrer le caractère excessivement combattif des bataillons commandés par les jeunes réfugiés rwandais d’alors et qui a rendu possible la capture du pouvoir par le NRM/National Resistance Movement à Kampala en 1986, Tom a interrogé les hauts-faits de guerre.
Guerriers demandent à être cités
« Les jeunes rwandais ont forcé le respect du grand commandant Museveni. Ils n’ont pas été décorés juste pour leur appartenance tribale, non plus par favoritisme. Seul leur bravoure, leur héroisme a compté. La compagnie du Capitaine Ngoga est entrée dans Kampala et occupé le stratégique Kololo Summit View délogeant les positions gouvernementales qui causaient, avec leurs bombes, des dégats dans les troupes NRA des 1er et 7ème Bataillons qui avançaient vers le centre-ville de Kampala pour occuper le Parlement et la Radio nationale ugandais », lit-on dans son papier se révoltant de voir Museveni en tant que commandant suprême, peu après la victoire du NRM en 1986, nommer un certain Gén. Tumwine, longtemps malade à Nairobi de 1983 à 1986, Chef d’Etat Major général des Armées NRA en lieu et place du Rwandais Gén. Fred Rwigyema, véritable numéro deux de la NRA depuis 1981. Ce grand guerrier était l’homme qui avait commandé les troupes pour les combats décisifs contre les garnisons de l’Ouest Kasese, Fort Portal, Mbarara, Masaka ; l’homme qui commandait toutes les forces quand son commandant-en-chef Museveni était à l’extérieur (Suède…) pour des négociations. Mais hélas, il n’était pas Ugandais !!!
L’analyste Tom trouve que Museveni devrait adopter un langage plutôt sage de gratitude à l’endroit de ces 4.000 combattifs guerriers rwandais qui ont dû lever le camp, quatre ans après avoir libéré l’Uganda, et, le 1er octobre 1990, traverser la frontière ugandaise pour exiger d’être rétablis dans leurs droits de citoyens rwandais.
Redigé par Jovin Ndayishimiye Le 29 avril 2021
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