Depuis ce mercredi, 27 juillet 2023, Mohamed Bazoum n’est plus le président du Niger. C’est une grande prouesse que réalise l’armée nigérienne car le sang n’a pas coulé. Les putschistes méritent d’avoir une Mention Bien pour leur action de salut public.
Il fallait être naïf pour penser que la Garde présidentielle (GP) allait reculer et obéir aux injonctions de la communauté (dite) internationale. D’ailleurs, de quelle communauté internationale parle-t-on ? Le très arrogant et hyper-suffisant président, Mohamed Bazoum, a récolté juste ce qu’il semait depuis avril 2021 qu’il est à la tête du Niger. C’est comme s’il n’avait pas vu son prédécesseur, Ingénieur, Mahamadou Issoufou, gérer ce pays, sans problème, pendant deux mandats de cinq ans, avec la même armée à ses côtés et le même général commandant de la GP qu’il avait nommé en 2011, quand il arriva au pouvoir. Bref, ne tirons pas sur un corbillard, mais, affirmons pour dire la vérité que l’ancien président du Niger, certes, démocratiquement, élu, aujourd’hui en résidence surveillée, Mohamed Bazoum, l’aura bien cherché. Ne dit-on pas que « qui cherche trouve » ?
Au moment où ces événements se déroulent sous nos yeux, tout le monde a l’oeil rivé sur la Russie où le coup d’état est vu sous deux approches : 1) Son timing n’est pas très heureux pour Moscou. En effet, il n’est pas très bien venu, aujourd’hui, car il détourne l’attention de l’Afrique et du monde, qui aurait pu être portée sur le Sommet Russie-Afrique sur qui Vladimir Poutine compte beaucoup pour booster les relations de son pays en Afrique. C’est pour cette raison qu’il avait envoyé, à trois reprises, son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, en Afrique, ces douze derniers mois, pour le préparer en amont. 2) La deuxième approche contrairement à la première est nettement plus positive pour Moscou. Le coup d’état du Niger serait bienvenu pour la Russie parce que, à coup sûr, le Niger se comptera, bientôt, comme partenaire militaire de la Russie aux côtés du Mali et du Burkina Faso, pour combattre le djihadisme dans le Sahel.
Maintenant que les dés sont jetés, il faudra composer avec le CNSP (Conseil national de la sauvegarde de la patrie) actuellement en train de s’installer au pouvoir. Plus on va faire semblant de les ignorer et de penser que Bazoum pourra encore retrouver son fauteuil, plus on perdra du temps. Le CNSP, qui a dissout toutes les institutions (constitution, gouvernement, parlement) et fermé les frontières, a engagé les secrétaires généraux des ministères à gérer les affaires courantes. On assiste, ici, à la répétition du coup d’état du jeune capitaine-président burkinabé, Ibrahim Traoré. Mohamed Bazoum, contrairement, à son prédécesseur, Issoufou, misait beaucoup plus sur l’Occident, et notamment, la France et les Etats-Unis, pour résoudre les problèmes sécuritaires du Niger. Il ne faisait montre d’aucune indépendance à ce sujet. C’est la raison pour laquelle il a récupéré au Niger le Dispositif Barkhane que le peuple malien avait renvoyé du Mali pour insuffisance de résultats. C’est aussi la raison pour laquelle il a maintenu l’implantation d’une base de drones de l’armée américaine dans le Nord du pays dont on ne connaît pas très bien l’utilité. Les résultats de cette stratégie ne sont pas du tout visibles outre même le fait que l’ancien président Bazoum semblait mettre l’armée du Niger de côté alors qu’elle devait être au centre de son dispositif.
On passe outre l’arrogance et la suffisance de l’homme, lui qui s’adressait au colonel-président du Mali, Assimi Goïta, comme à son propre fils (de 15 ans) dans la maison. Intolérable ! L’Afrique qui entend prendre son destin en main (et ce sera désormais le cas au Niger, comme c’est le cas au Mali, au Faso et en Guinée) ne tolère pas qu’on dirige le pays avec des directives qui viendraient de l’extérieur. La colonisation est finie, l’impérialisme lui aussi doit finir, et l’Afrique en a marre de voir ses enfants mourir dans la Méditerranée à cause de la piteuse gouvernance de certains dirigeants africains (qui reçoivent leurs ordres de l’étranger). Qui ne souscrit pas à cette vision des choses est un ennemi de l’Afrique.
Au sein de la CEDEAO, il faut cesser la fuite en avant. Le président en exercice de la CEDEAO et président du Nigeria, Bola Tinubu, a déclaré qu’il allait mettre fin aux coups d’état militaire en Afrique de l’Ouest. Tout le monde a applaudi. Sauf que c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais, pourquoi préfère-t-il envoyer son homologue du Bénin, Patrice Talon, au feu au Niger, alors que c’est lui-même qui devrait y aller ? La puissance (de frappe) du Nigeria est-elle comparable à celle du Bénin ? A-t-il peur d’être ridiculisé par les putschistes ? La vérité est que l’Afrique est un continent malade. Et les remèdes proposés à l’heure actuelle aggravent le mal au lieu de le guérir. C’est la raison pour laquelle les militaires, confinés dans leurs casernes pendant des décennies où personne n’entendait plus parler d’eux, reviennent en force au devant de la scène politique. Parfois avec le soutien des populations. Bien évidemment, les dirigeants africains refusent de voir cette réalité en face. C’est pourquoi nous en sommes là aujourd’hui.
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