La MONUSCO, la mission des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo, se trouve au cœur d’une controverse de grande envergure suite à des accusations graves portées contre ses agents. Les allégations de viols commis par certains membres de cette mission sur des femmes et des filles de Béni plongent cette institution onusienne dans une crise de crédibilité.

Des témoignages recueillis auprès des victimes et des animateurs communautaires révèlent une réalité troublante.

Plusieurs femmes de Béni ont dénoncé des abus sexuels perpétrés par des membres de la MONUSCO. Ces témoignages peignent un tableau sombre de la situation sur le terrain et mettent en lumière des actes de violence sexuelle commis par des agents de la mission, notamment ceux originaires de l’Afrique du Sud et la Somalie.

En octobre dernier, huit casques bleus sud-africains déployés à Beni ont été arrêtés et un officier suspendu dans le cadre d’une affaire d’exploitation sexuelle et de violence présumée.

Francine, une victime s’est confiée à l’équipe de la chaîne française TV5 Monde raconte : « Un jour, un somalien est sorti et on s’est vus. Après, c’était la grossesse. Quand j’ai vu que j’étais enceinte, je suis allée à la base, je me suis adressée à l’un d’entre eux. Il m’a demandé comment c’était arrivé et j’ai tout raconté. Mais jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais revu le père de l’enfant. »

Fatima, une femme de 32 ans résidant à Béni, raconte son calvaire : « J’étais à peine sortie de chez moi lorsque j’ai été approchée par un soldat de la MONUSCO. Il m’a forcée à le suivre et m’a violée dans un lieu isolé. J’ai été incapable de signaler l’incident immédiatement par peur des représailles. »

Un autre témoignage est celui de Amina, une jeune fille de 17 ans, décrit une expérience similaire : « Un soldat sud-africain m’a attaquée alors que je rentrais de l’école. Il m’a dit qu’aucun des autres soldats ne me croirait si je parlais. J’ai été laissée seule avec ma douleur et ma honte. »

Les animateurs communautaires, souvent en première ligne pour soutenir les victimes, expriment également leur désespoir face à la situation. Un des animateurs locaux, explique : « Les femmes viennent souvent nous voir en pleurs, racontant des histoires horribles de violences sexuelles. Nous avons essayé de les aider, mais les abus continuent et nous nous sentons impuissants. »

La cheffe de la MONUSCO, tout en exprimant des regrets sur la situation, a reconnu la véracité de certaines allégations qui impliquent des membres des contingents de différents pays.

Cependant, elle a souligné que des enquêtes étaient en cours pour identifier les responsables et prendre des mesures appropriées. « Nous prenons ces accusations très au sérieux et sommes déterminés à faire toute la lumière sur ces incidents. Les comportements inacceptables de quelques individus ne reflètent pas les valeurs de notre mission », a-t-elle déclaré.

Les organisations de défense des droits humains en RDC demandent des actions concrètes pour garantir justice aux victimes et pour éviter que de tels abus ne se reproduisent.

Les appels à des réformes au sein de la MONUSCO se multiplient, afin d’assurer une surveillance plus stricte des comportements des agents et de renforcer les mécanismes de signalement et de sanction.

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