Le 11 juillet est la journée mondiale de la population. L’occasion de revenir sur le cas du Rwanda, l’un des premiers pays africains à introduire une politique de planning familial, avec des résultats tangibles.

Il y a cinq ans, le gouvernement rwandais lançait une campagne exhortant les parents à ne pas avoir plus de trois enfants. Le Rwanda est l’un des plus petits pays d’Afrique, mais il a une forte densité de population, avec 400 habitants au kilomètre carré. Cinq ans plus tard, le gouvernement affirme que sa politique a porté ses fruits. Le nombre d’enfants par mère a sensiblement baissé, de même que le taux de mortalité infantile.

Réduire le taux de natalité pour un meilleur développement

Le génocide de 1994 a fait près d’un million de morts. Il a aussi plongé le Rwanda dans une extrême pauvreté. Après le grand massacre, beaucoup étaient pressés de reconstruire et de développer le pays dans tous les secteurs. Mais un taux de croissance démographique élevé, joint à des structures sanitaires inadéquates, faisait obstacle au développement voulu par les autorités. Réduire le taux de natalité a donc été l’un des objectifs prioritaires du gouvernement avec sa campagne des trois enfants par famille. Arthur Asiimwe est directeur du Centre de Communication au ministère de la Santé :

« Il y a cinq ans encore le taux moyen de naissance était de 6,5 enfants par mère au Rwanda, aujourd’hui ce taux est de 4,6. Cela montre bien que notre campagne a porté ses fruits et que les gens adhèrent à nos mesures de planning familial. »

Campagnes de sensibilisation

Selon Arthur Asiimwe, tous les villages au Rwanda ont été informés et conseillés par deux assistants sanitaires chargés de sensibiliser la population à l’usage de méthodes contraceptives naturelles et modernes. Dans certaines régions, on applique une nouvelle stratégie: la vasectomie, autrement dit la stérilisation des hommes. C’est la solution qu’a choisie Uwimana Gadi :

« J’ai six enfants, leur mère et moi nous n’avons pas de sources de revenus fixes, nous dépendons de petits boulots occasionnels dans le voisinage. J’ai été contraint d’opter pour la vasectomie pour arrêter de faire des enfants. J’ai du mal à nourrir mes enfants, pourquoi devrais-je en faire encore plus ? »

Le spectre du génocide plane toujours

Mais les autorités craignent que toutes les mesures de planning familial ne tombent en désuétude. L’horrible choc du génocide reste gravé dans les mémoires et influe sur le comportement des gens, comme l’explique Joyce Uwera :

« Mon mari et moi sommes des orphelins du génocide, mon mari n’a plus d’autre famille et moi non plus. Nous voulons avoir beaucoup d’enfants pour compenser les familles que nous avons perdues et si vous venez me dire de n’avoir que deux ou trois enfants, c’est impossible ! »

Actuellement, la politique familiale du Rwanda n’est pas fixée dans un cadre législatif. Mais Kigali assure vouloir continuer de propager ses mesures de réduction du taux de natalité. Réduire la mortalité infantile et la pauvreté sont deux autres objectifs de la politique du Rwanda. Ces mesures doivent permettre d’assurer une meilleure éducation aux générations à venir et pourraient servir d’exemple à d’autres pays au fort taux de natalité en Afrique et dans le monde.

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Posté par rwandaises.com