Des trente maires de districts élus en février 2016 pour cinq ans, neuf viennent de déposer leurs lettres de démission certains invoquant des raisons personnelles, d’autres étant forcés à partir.
Le maire de Kamonyi, Aimable Udahemuka a été le premier àêtre frappé par cette mesure. Il venait de faire seize mois. Raison ?
« Il a dit avoir démissionné pour raisons personnelles, mais il voyait déjà qu’il était menacé d’être renvoyé par le Conseil Consultatif de District pour ne pas avoir rempli ses responsabilités de mise en exécution des décisions du Conseil », a confié Emmanuel Karuranga, Président du Conseil Consultatif de District Kamonyi expliquant les raisons du départ de ce dernier qui, au cours de ses derniers jours au poste de Maire évitait les réunions du Conseil Consultatif pour ne pas avoir à répondre de ses manquements de service.
La démission pour raisons personnelles de ce dernier a été suivie par celle de Jérémie Sinamenye qui a écrit une lettre à son Conseil Consultatif en août 2017 après une courte arrestation par la Police pour avoir malmené un candidat à la Présidentielle d’Août 2017 dernier qui passait dans son district pour sa campagne.
L’alors Maire Philbert Mugisha de Nyamagabe a été forcé à démissionner le 16 novembre de l’année 2017 pour avoir passé irrégulièrement un marché public et donc pour corruption.
« Il a été renvoyé pour manque de performance », avait alors indiqué à IGIHE M. Fiacre Ndahindurwa, le Président du Conseil Consultatif de District Nyamagabe excédé de comparaître par deux fois devant la Commission parlementaire pour s’expliquer des erreurs et de mauvaise gestion du patrimoine public du district.
En mars 2018, le vent des démissions a frappé le district de Ruhango en province du Sud où le Maire François Xavier Mbabaz et ses deux vices maires Epimaque Twagirimana (Affaires économiques) et Annonciata Kambayire (Affaires Sociales) ont été forcés à la démission par le Conseil Consultatif. Le Président dudit Conseil, Jérome Gasasira Rutagengwa, a accusé le trio d’avoir commis beaucoup d’erreurs dans l’exécution de beaucoup de projets du District.
Le district de Nyabihu en Province de l’Ouest a aussi vu ses dirigeants, maire et deux vices maires, plier bagage entre le 11 et le 14 mai dernier. Le district de Rusizi a suivi avec le départ de l’ancien Maire Frédéric Harerimana qui a justifié son départ par une nécessité de se reposer et de changer de type d’activité.
On avait auparavant, le 10 avril dernier, assisté au départ du Maire de la Ville de Kigali, M. Pascal Nyamurinda. « Raisons personnelles !!! »
Des démissions en cascade
Puis ç’a été le tour du Comité exécutif de District Gicumbi (Maire et deux vices maires) en province du nord et, àce jour, le Maire de Bugesera, Emmanuel Nsanzumuhire, vient de présenter ce 27 mai sa lettre de démission et plier bagage.
Prié de s’exprimer sur les raisons de ces démissions en cascade, le Dirigeant de l’Association des Dirigeants de Base (RALGA/Rwanda Association of Local Government Association), M. Ladislas Ngendahimana, a dit qu’outre le fait que certains dirigeants de district sont renvoyés pour graves manquements, d’autres se sentent loin de réaliser des performances leur imparties et se sentent acculés à la démission.
« Il y a ceux qui déposent leur démission au moment où ils sont sujets d’enquête et investigations policières. A la deuxième comparution à la Police, ils se décident à déposer leurs lettres de démission », a indiqué Ladislas qui trouve que quand bien même ils ne le disent pas, les dirigeants qui démissionnent ont un cas sur leur conscience pour des responsabilités qu’ils n’auront pas bien accomplies.
Ce point de vue est aussi celui de Transparency International- Rwanda.
Au-delà de tout ceci, il est intéressant d’observer le mode de gouvernance rwandais où un dirigeant soit-il élu au suffrage universel ou non doit rendre à la fin des comptes de ses performances. C’est ici où la notion de maire en sa qualité de personnalité publique toujours épiée et évaluée au quotidien joue son plein sens.