Le Président Paul Kagame a appelé les dirigeants de divers domaines à uniformiser les règles du jeu, afin que l’égalité des sexes devienne la nouvelle norme.
Monsieur Kagame a pris la parole hier lors de la 12ème édition des « Journées Européennes du Développement » à Bruxelles en Belgique.
Il a dit que depuis trop longtemps, l’inégalité entre les sexes s’était manifestée dans des sociétés largement poussées par une pensée selon laquelle les femmes étaient inférieures.
« Compenser les femmes là où elles ont été défavorisées ne suffit pas. Nous devons véritablement égaliser les règles du jeu et faire des promesses publiques, qui augmentent les normes et les attentes, à l’avenir », a déclaré le Président.
« Il appartient aux dirigeants à tous les niveaux de veiller à ce qu’il y ait une responsabilité pour changer les normes sociales nuisibles. La tâche ne peut pas simplement être laissée à des individus pour trier entre eux « , a ajouté le Président.
Se référant à une étude de la Banque Mondiale qui a montré que les pays perdaient 160 mille milliards de dollars de richesse en raison des écarts de revenus entre hommes et femmes, le Président Kagame a souligné les nombreuses lacunes qui continuent à faire obstacle à l’égalité des sexes, y compris le harcèlement sexuel, l’inégalité salariale et le manque de liberté pour les femmes d’être elles-mêmes.
« Cela ne suffit pas qu’une femme soit aussi compétente ou meilleure que ses homologues masculins. Elle doit aussi regarder d’une certaine manière et même faire attention au ton de sa voix. Le non-respect des règles a un coût en termes de salaire et d’avancement professionnel, une pénalité dont les hommes n’ont pas à s’inquiéter », a-t-il souligné.
Il a condamné la tolérance du harcèlement sexuel, le qualifiant de lourde taxe sur les droits des femmes.
« La culture de la tolérance au harcèlement sexuel est une lourde taxe sur les droits des femmes, comme nous l’entendons de plus en plus fréquemment. On s’attend à ce que les femmes gardent le silence sur ces expériences négatives. C’est une bonne chose que l’on commence à en parler plus ouvertement », a déclaré le chef de l’Etat.
« Pendant trop longtemps, la société a créé une psychologie selon laquelle les femmes étaient inférieures et ne pouvaient s’élever qu’au bon vouloir des hommes. C’est une norme qui ne peut plus être tolérée, non seulement en ce qui concerne les avances indésirables, mais en fait dans tous les aspects de la lutte pour l’égalité », a-t-il ajouté.
Monsieur Kagame a souligné la nécessité d’ajuster les mentalités pour changer le statu quo.
« Cela commence par apprendre à voir les obstacles supplémentaires, que les femmes doivent surmonter tous les jours, que ce soit en termes d’attentes injustes, de travail non rémunéré et de violations de la dignité personnelle », a déclaré Monsieur Kagame.
« He For She », ou « She Is We »: « ceux-ci ne devraient pas être de simples hashtags, mais des expressions de notre détermination à faire du changement. Les droits et les résultats ne sont égaux que lorsque le traitement est égal », a ajouté le Président.
Soulignant l’expérience du Rwanda dans l’amélioration de l’égalité, le Président a déclaré que l’approche du pays était axée sur les avantages que l’égalité des sexes apportait à la société, assurant ainsi que personne ne sentait qu’il perdait et gagnait durablement.
Parmi les initiatives mises en œuvre figurait la mise en place d’un régime d’assurance qui permet aux femmes de continuer à recevoir leur plein salaire pendant les douze semaines de congé de maternité.
Le Président a félicité l’UE pour le travail accompli en vue de mettre fin aux inégalités qui, a-t-il noté, est également au cœur de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
Le Président a par la suite tenu des réunions avec les dirigeants présents aux « Journées Européennes du Développement », dont Monsieur Antonio Tajani, Président du Parlement européen et Madame Marie-Louise Coleiro Preca la présidente de Malte.