Un bon vent venu de l’Ouest par le président Tshisekedi à Kigali pour rencontrer le président Kagame et participer à Africa CEO Forum. Par le Pays



Présent à Kigali où il a rencontré le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame, le 24 mars dernier, le nouveau président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, prend part à la septième édition de l’Africa CEO forum qui se tient du 25 au 26 mars dans la capitale rwandaise.

Un rendez-vous économique important du monde des affaires, qui regroupe un millier et demi de participants parmi lesquels se comptent de nombreux chefs d’entreprises du continent et d’ailleurs. Des chefs d’Etat et de gouvernement comme le Togolais Faure Gnassingbé ou encore l’Ethiopienne Sahle-Work Zewde, étaient annoncés. Et c’est dans cette ambiance de rencontres entre businessmen que le président RD congolais aura droit à la parole pour entretenir son auditoire sur les opportunités d’investissement dans son pays.

Une visite qui vaut aussi son pesant d’or

Une visite de raison, s’il en est, qui pourrait non seulement participer de la décrispation avec un voisin qui n’a pas toujours eu des atomes crochus avec les autorités de Kinshasa, mais qui vaut aussi son pesant d’or avec l’opportunité qui est offerte à Félix Tshisekedi de faire la promotion de son pays devant un parterre d’investisseurs de haut rang.

En tout cas, pour un début, le nouveau chef de l’Etat congolais ne pouvait pas espérer meilleur accueil en terre rwandaise, quand on se rappelle l’épisode de la dernière présidentielle congolaise qui a dû frustrer au plus haut point son hôte du jour qui, alors paré de son manteau de président de l’Union africaine (UA), s’apprêtait à descendre en médiateur à Kinshasa à la tête d’une délégation, après avoir demandé la suspension du processus de compilation des résultats qui a abouti à la proclamation de sa victoire contestée. Car, la Cour constitutionnelle de Kinshasa, faisant fi de la requête de Kagame, lui avait même coupé l’herbe sous les pieds en proclamant, dans la foulée, la victoire de Félix Tshisekedi.

Voir donc l’homme mince de Kigali connu pour être un homme de caractère et de rigueur, ravaler pratiquement cette frustration qui avait les allures d’une humiliation, et revenir à de meilleurs sentiments en déroulant, quelques semaines plus tard, le tapis rouge au nouveau chef de l’Etat congolais, est sans nul doute une première victoire de la diplomatie de Félix Tshisekedi qui, petit à petit, est en train de tisser sa toile et de se faire accepter à l’extérieur. Même par tous ceux-là qui avaient trouvé à redire sur son élection à la tête de son pays.

En tous les cas, mieux vaut avoir l’homme mince de Kigali avec soi que contre soi. En cela, l’initiative de la tournée régionale que Tshisekedi fils a entreprise auprès de ses voisins et qui l’a déjà mené en Ouganda et en Angola, en attendant le Burundi après l’étape du Rwanda, est fort louable. Car, après son élection comme président de la RDC dans les conditions que l’on sait, le chef de l’Etat congolais visiblement à la peine sur le plan politique à l’interne et qui n’a toujours pas pu nommer de Premier ministre pour mettre en place un gouvernement, n’a aucun intérêt à avoir des relations tendues avec ses voisins. Au contraire, il pourrait s’appuyer sur l’excellence de ses relations avec certains de ces derniers, pour espérer pacifier certaines parties agitées de son pays comme la province de l’Ituri, le Kasaï, le Nord et le Sud-Kivu et plus globalement la région de l’Est où pullulent les groupes armés depuis de longues années.

L’heure semble au dégel entre Kinshasa et Kigali

Pour le reste, Fatchi ne devrait pas avoir grand mal à convaincre les investisseurs de s’intéresser à son pays qui est un véritable scandale géologique, au regard de l’immensité de ses richesses minières. Encore faudrait-il que les conditions de sécurité soient réunies car, comme le dit l’adage, « l’argent n’aime pas le bruit » et seul le crépitement des armes pourrait réfréner les ardeurs d’investisseurs étrangers. C’est donc de ce côté-là que se trouve l’un des défis majeurs pour le président Tshisekedi.

En tout état de cause, avec cette visite du premier des Congolais au Rwanda, au lendemain de son élection, l’on peut se demander si l’on s’achemine vers un réchauffement des relations entre Kinshasa et Kigali, qui étaient loin d’être au beau fixe. Kigali ayant accusé pendant longtemps, son voisin d’héberger d’anciens génocidaires, alors que de son côté, Kinshasa reprochait à son voisin de soutenir des groupes rebelles sur son sol. Du reste, les visites d’un chef d’Etat RD congolais au pays de Paul Kagame et vice-versa, étaient devenues aussi rares que les larmes d’un chien, la dernière remontant au 12 août 2016 où Joseph Kabila avait tenté un rapprochement diplomatique, après la période de froid qui avait abouti au rappel des deux ambassadeurs dans leurs pays respectifs. C’était en 2012, au moment où plusieurs rapports internationaux chargeaient le Rwandais, l’accusant de soutenir les rebelles du M23. C’est dire si avec ce déplacement de Félix Tshisekedi, l’heure semble au dégel entre Kinshasa et Kigali. C’est peut-être une nouvelle ère, plus apaisée, qui s’ouvre dans les relations entre ces deux voisins qui, pendant longtemps, se regardaient en chiens de faïence.