(Digitalcongo.net 16/10/2008)

L’option du Premier ministre d’aller parler avec tous ceux qui sont impliqués dans l’insécurité à l’Est de la Rdc est appréciée aussi bien au pays que dans le monde. Le dialogue entre Kinshasa et Kigali peut contribuer à créer la confiance entre les deux peuples.
Le Chef de l’Etat a signé l’ordonnance nommant Adolphe Muzito au poste de Premier ministre. Tout le monde sait les défis qui attendent le nouveau Premier ministre. Parmi ces défis, il n’y en a pas qui mériteraient moins d’attention et d’autres. C’est d’ailleurs à ce point de vue que la situation de ce pays est très difficile dans la mesure où tout est priorité. Cependant, il y a un défi qui retient l’attention de tout un pays dans la mesure où des populations entières qui aspiraient comme le reste de la République à la paix sont actuellement en errance. Aucun Congolais quelles que soient ses convictions politiques ne peut être indifférent à ce drame.

Le Chef de l’Etat a eu raison de mobiliser tout le monde autour de cette question. Et les évêques ont eu à parler clairement du danger de la balkanisation et la Conférence épiscopale du Congo a dénoncé cette tentative de la balkanisation de la Rdc qui pointe à l’horizon avec cette insécurité prolongée. D’aucuns ont cru que les propos des évêques du Congo seraient exagérés. Et pourtant, on peut lire des dispositions séparatistes dans certaines déclarations qui semblent épouser les thèses de Nkundabatware qui prétend que la protection de la population de l’Est ne peut être assurée que par des soldats originaires. C’est cette idée qui a été à la base de la création du Cndp. Comme quoi, la gangrène de la balkanisation du pays est bien réelle. C’est pourquoi il n’est pas question de céder à la tentation en s’attardant sur les détails. On dit, avec raison que le diable se loge dans les détails. Joseph Kabila a eu beaucoup de sagesse dans sa décision de nomination du Premier ministre. Il aurait cédé aux chants des sirènes qui, sans le savoir, cherchent à saper la solidarité nationale, la même, on le sait, qui a heureusement sauvé ce pays de la balkanisation.

Le Premier ministre, Adolphe Muzito, a promis de rencontrer toutes les personnes impliquées dans l’insécurité à l’Est de la Rdc. Il est mieux placé pour le faire en lieu et place d’un Premier ministre qui serait issu de l’Est du pays. L’actuel Premier ministre peut se rendre à Kigali et prendre contact avec les dirigeants rwandais sans qu’on l’accuse d’un retour au pays natal. En brisant la glace entre les pays voisins dont le Rwanda, le Premier ministre combattra par la même occasion, cette mentalité à la base de la suspicion entre les deux pays. Cette option prise par le Premier ministre est une des pistes. On est loin de croire à une panacée.

Mais, en allant à Kigali, à Kampala, à Brazzaville, à Karthoum, à Bangui, à Bujumbura, à Dar es-Salaam, à Lusaka et à Luanda, Adolphe Muzito fera sa profession de foi sur la paix. L’objectif à atteindre c’est de raviver les relations de sang et d’histoire qui unit les peuples qui vivent de part et d’autre de la frontière. C’est ici le moment de se remémorer les propos de Yerodia Abdoulaye Ndombasi selon lesquels : " Même si nous le voulions, il nous serait impossible de déplacer le Rwanda et d’aller le planter ailleurs, loin de nous. Moralité : Rwandais et Congolais sont condamnés aux relations de voisinage. Mais, ajoutait tout de suite Yerodia, pour rester des voisins, chacun doit rester chez lui.

Car, qui traverse la frontière arme à la main pour s’installer sur le territoire de l’autre, cesse d’être voisin pour devenir agresseur ". Il est clair que la Rdc avait dit à tout le monde que seule, elle ne pouvait pas résoudre la question des Fdlr. La communauté internationale s’active pour aider la Rdc dans ce domaine. C’est un signe de bonne volonté de la part de la Rdc. Et compte tenu des dégâts que les Fdlr causent sur territoire congolais, Kinshasa n’aurait aucune raison de garder ces réfugiés rwandais sur son territoire. C’est malgré lui que Kinshasa souffre de la présence de ces rebelles rwandais. De sa part, le Rwanda estime que la Rdc n’en fait pas beaucoup. On peut donc croire qu’il y a ou un malentendu ou de la mauvaise foi. Pour savoir ce qui se passe, il faut prendre le temps de se parler.

Dans une certaine opinion congolaise, on a l’impression que prendre langue avec les dirigeants rwandais c’est nécessairement épouser leurs vues. Kawasaki disait que chaque fois que l’on est arrivé à une solution à un problème, on y est arrivé toujours par le dialogue. Sans dialogue on ne peut résoudre aucun conflit. Les experts militaires estiment également que les guerres sont accompagnées des négociations. C’est pourquoi on dit que si la guerre est une politique sanglante, la politique elle, est une guerre sans effusion de sang. Entre les deux formes de politique, le choix est clair. Il faut faire la politique sans effusion de sang. Cela est possible entre le Rwanda et la Rdc.

(TH/GW/PKF)

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