(Syfia Grands Lacs/Rd Congo) L’ordre, l’organisation et la propreté qui règnent au Rwanda forcent l’admiration des Congolais de Bukavu à l’Est de la RD Congo qui franchissent souvent la frontière. Les familles aisées et pauvres ne vivent que grâce au petit commerce avec l’Outre Ruzizi. Deux pays, deux mentalités.
« L’entrée ou la sortie du Congo est un calvaire. Il y a de nombreuses tracasseries alors que l’ordre et la fermeté priment au Rwanda », maugrée son voisin de siège. Les deux compatriotes sont les passagers d’un bus qui relie Bukavu à Uvira via le Rwanda.
« L’immigration rwandaise n’exige que les pièces d’identité et rien d’autre », remarque un autre passager. « Chez nous c’est ‘ouvrez la valise ». Tout y passe. Même les petits habits que, dans la culture africaine, on ne montre pas sont exposés. Ces nombreux agents ne sont qu’à la recherche de quelques francs congolais », fulmine une femme, la cinquantaine révolue. Elle vient du Rwanda où les gens courtois l’ont gratifié d’un ‘bienvenue’ à Bugarama et d’un ‘au revoir’ à Cyangugu.
Ordre et propreté
Autre sujet d’étonnement : au Rwanda les sachets en plastique sont formellement interdits. Sachets de bonbons et de biscuits sont introuvables sur le marché. Aucun sachet n’est jeté sur la voie publique. La propreté est un mot d’ordre bien suivi. « Vous mangez des bananes mais n’en jetez pas les épluchures n’importe où. Les Congolais les gardent dans leurs colis et les jettent n’importe où dès la traversée de la Ruzizi dans leur ville qui n’a pas ni dépotoirs ni poubelles publiques, constate Bertin Igulu, qui passe régulièrement par le Rwanda. Même quand on a envie de pisser, on ne va pas le faire sur un arbre ou dans un buisson comme c’est souvent le cas chez nous. Il y a des endroits bien appropriés ». « Et c’est avec respect que les Congolais retiennent la leçon », finit-il par avouer.
Les chauffeurs de bus voient eux aussi les différences : « La circulation est réglementée. On ne roule pas à n’importe quelle vitesse. On n’a pas besoin de corrompre », affirme l’un d’eux. En cas d’excès de vitesse, vous payez une contravention à la banque en francs rwandais et non en devises. Sinon vous vous exposez à des fortes amendes et devenez indésirables sur les routes rwandaises.
Au Rwanda, on utilise la monnaie nationale, le dollar n’est pas roi comme à Bukavu où il s’échange n’importe où. Là bas, « on vous conduit gentiment dans un des nombreux bureaux de change officiellement connus et où le taux est conforme. On ne s’y bouscule pas. Celui qui est arrivé premier est servi en premier. Pas d’influence possible qu’on soit ministre, prêtre, pasteur ou autre autorité. On est d’abord citoyen », conclut le chauffeur.
Du quartier Muhungu de Bukavu, on aperçoit la zone neutre rwandaise préservée, bien fleurie avec une petite forêt d’arbres pour combattre les érosions. Aucune lumière électrique ne se voit dans la journée. La zone neutre congolaise, elle, est parsemée de constructions désordonnées et dangereuses entraînant des éboulements récurrents et des morts quand il pleut beaucoup. Des ampoules sont allumées toute la journée, même celles de l’éclairage public, sans que personne ne s’en émeuve…
Admiratifs de l’ordre qui règne chez leurs voisins, les Congolais estiment qu’ils ont besoin d’être secoués pour améliorer la situation chez eux. « C’est possible de changer et d’imiter le Rwanda si les autorités sévissent, estime Gérard Kapande, un enseignant congolais au Rwanda. Sinon, le Congolais, qui est de nature à se foutre de tout, ne s’en sortira pas. Il faut oser comme on l’a fait au Rwanda. Mais il faut d’abord que les sous qui entrent dans le compte du trésor public soient utilisés à bon escient comme au Rwanda. »
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Posté par rwandaises.com