Le journal online congolais Direct.cd rapporte que plusieurs sources dont un rapport encore confidentiel d’experts onusiens, indiquent que l’ex-groupe rebelle tenterait de se refaire une santé en procédant à de nouveaux recrutements au Rwanda et en Ouganda où ses dirigeants se sont réfugiés. Cette alerte tombe au moment où le Gouvernement de la RDC a tenté de faire croire qu’il avait la volonté de rapatrier ces milliers de mutins des Fardc (Forces Armés de la RDC) jetés hors de leur pays en novembre 2013.

Ayant occupé presque tout l’Est de la RDC, ils avaient pensé pouvoir négocier avec Kinshasa pour que celui-ci donne l’ordre aux Fdlr rwandaises de quitter les espaces agricoles et d’élevage de leurs parents réfugiés depuis 1994 après génocide des Tutsi en Uganda, au Rwanda et au Burundi.

 

« La situation n’est pas si facile qu’on le croit dans cet Est de la RDC. Le déplacement puis l’exil des parents des M23 a créé des sentiments de répulsion de leurs voisins qui ont occupés leurs propriétés terres et maisons. Ces Congolais non rwandophones s’accomodent fort bien des Fdlr car ils savent que ceux-ci ne sont pas des Congolais. Ces voisins donc ne sont pas très disposés à les voir rentrer au pays », a confié un observateur ui suit de près l’évolution de la situation dans cet Est de la RDC.

Pour lui la question est particulièment grave du moment que les autorités congolaises ne font aucun effort diplomatique pour approcher ces réfugiés congolais au Rwanda, au Burundi et en Uganda pour les inciter à rentrer.

« Il est impensable que les mutins jetés hors de la RDC fin 2013 puissent accepter de rentrer chez eux dans des contrées interdites à leurs parents. La Société civile du Nord Kivu lance une alerte à la communauté internationale accusant les M23 de se réorganiser pour lancer une guerilla ? Cela est faux. Ni recrutement, ni réorganisation. C’est une fausse alerte qu’elle lance au lieu de demander à Kinshasa et à Goma de mettre sur pied des stratégies fermes de rapatriement de tous les Congolais rwandophones exilés depuis 1994 dans les pays voisins », a-t-il ajouté.

D’autres analystes interrogés disent que quand bien même les jeunes du M23 sont un groupe solide, que les FARDC savent qu’elles ne les ont pas vaincus, ils ne représentent pas pour le moment une menace surtout que les pays qui les hébergent craignent d’être réaccusés par la Communauté internationale de leurs bailleurs de fonds de leur réapporter soutien.

Direct.cd continue sur sa lancée. Il éclaire la communauté internationale de ses lecteurs sur le drame qui, selon lui, se reprépare dans cet Est de la RDC. Selon le journal, la preuve de la résurgence du M23, « C’est un document qui ne devrait pas passer inaperçu. Le rapport final du groupe d’experts des Nations unies sur la RDC, encore confidentiel mais dont l’agence Reuters s’est procuré une copie, affirme non seulement que les rebelles du Mouvement du 23- Mars (M23) ont bénéficié d’un “soutien continu” de Kigali lors des dernières offensives des Forces armées de la RDC (FARDC) appuyées par la brigade d’intervention de l’ONU, mais surtout qu’« ils ont continué à recruter au Rwanda”, après leur défaite militaire sûr le terrain ».

Accusations en miroir

Vrai ou faux ? Difficile à dire. Cependant, le gouvernement rwandais pourra-t-il tolérer jusqu’à non plus une mise en scène de traque des Fdlr qui pullulent dans cet Est de la RDC frontalier ? Il soupçonne déjà une complicité du Gouvernement congolais avec la communauté internationale de la Monusco et de la Force Internationale Neutre dans la gestion du rythme inopérant et inoffensif de la traque unilatérale des Fardc sur les Fdlr rwandaises qui en sortent ragaillardies.

Des analystes et observateurs militaires objectifs trouvent qu’il se trame quelque chose de louche dans cet Est de la RDC où des milliers de Casques Bleus onusiens observent les agissements des parties en conflit (Fardc et Fdlr) qui font un simulacre de traque.

Certains n’hésitent pas à penser que les deux parties qui, de façade, semblent se confronter, les Fardc et les Fdlr, sont en fait des alliés sûrs facilement manipulables par des puissances occidentales intéressées et qui suivent de près la situation géopolitique rwandaise.

Ici, les deux voisins rwandais et ugandais de la RDC sont mis devant un fait accompli, une logique de guerre quasi imparable depuis que des gisements pétroliers et gaziers découverts tout le long du lac Kivu passant par le Parc des Virunga, remontant plus au nord avec le lac Albert, aiguisent beaucoup d’appétits des puissances mondiales qui préparent une guerre de la Région des Grands Lacs pour la déclancher par procuration.

Qu’est-ce qui a manqué au Gouvernement de la RDC de rapatrier ses mutins réfugiés au rwanda et en Uganda du moment que les accords de Nairobi le prescrivaient comme il faut avec, à la fin, le rapatrient vers l’Est de la RDC de tous les réfugiés congolais rwandophones éparpillés sur les trois pays voisins Rndanda,Burundi, Uganda ?

Les officiels congolais continuent leurs accusations, incapables de jeter un regard sur le tout récent passé. Ayant trouvé de nouveaux parrains tanzaniens, belges, français, Zimbabwéens et Sud Africains, Kabila Père puis Fils ont retourné la veste contre leurs principaux faiseurs de rois zairo congolais que sont les Ugandais et Rwandais.

Les Accords faits à Lemera dans les monts d’Itombwe de l’Est de la RDC entre Kabila Laurent Désiré non encore président et les deux pays Rwanda et Uganda qui le conduisaient à Kinshasa, accords stipulant qu’aucun ennemi contre les deux pays n’allait traverser un espace de 300 Kilomètres en profondeur de la RDC pour destabiliser leurs territoires.

Cela sonnait comme une honnête reconnaissance des services rendus par Kagame et Kaguta. Et cela suffisait. Pourquoi donc avoir permis que les ALIR puis FDLR rwandaises et les ADF-NALU (Allied Démocratic Forces/National Army for Liberation of Uganda) ugandaises violent ces accords et s’établissent tout le long des frontières de ces pays avec la guerre des infiltrés au Rwanda qui a coûté fou en termes humains et matériels ?

Troupes internationales massées à la porte ouest du Rwanda et Fdlr

Plus de la moitié des 20.000 hommes de troupe de la Monusco sont cantonnés dans leurs garnisons de l’Est de la RDC frontalier avec le Rwanda. Les troupes de la Force Internationale Neutre également. Des sources proches de Goma parlent d’une sorte de pactisation de ces troupes avec les Fdlr.

Dans une situation sécuritaire si fragile, que peut faire un stratège militaire rwandais qui constate que ces forces internationales, au lieu de répondre à leur devoir de traquer les Fdlr comme elles s’étaient promises de le faire quand elles attaquaient les M23 pour les bouter dehors, entreprennent plutôt de faire avec elles le commerce de minerais contre les armes ? Ne l’a t-on pas vu de par le récent passé ?

Avouez que si d’aventure le M23 pouvait se réorganiser à partir de son exil ugandais, s’il peut adopter une tactique de guerre assymétrique, ce n’est pas le Rwanda qui verrait cela d’un mauvais oeil.

On se souviendra du débat qui a surgi quand, avec la fin d’ultimatum donné aux Fdlr au 2 janvier 2015, la Monusco cherchait toutes les excuses pour ne pas attaquer ces dernières. Elle brandissait la difficulté de les combattre car, contrairement à la guerre conventionnelle livrée aux M23, « les Fdlr adopte une guerre assymétrique. Ce qui rend difficile toute opération militaire contre elles ».

Tant mieux, elles auront donné une leçon à ces pauvres M23 non aguerris pour ne pas avoir sur changer de tactique de combat pour adopter celle de la guerilla au moment où ils allaient être battus à plate couture.

En foi de quoi, tout montre que cet Est de la RDC est, au moment où Kinshasa prie les troupes internationales stationnées paresseusement sur son territoire à partir, une poudrière qui, tôt ou tard, réexplosera.


Publié le 22-03-2015 par Jovin Ndayishimiye

Posté par rwandaises.com