En 2018, les Afro-Américains sont toujours victimes d’importantes discriminations aux Etats-Unis, un demi-siècle après l’assassinat du héros de la lutte pour les droits civiques, auteur du fameux discours « I have a dream ».

Au Lorraine Motel de Memphis, dans le Tennessee, une couronne mortuaire de fleurs blanches est accrochée au balcon, là où Martin Luther King a été tué par la balle du ségrég

ationniste James Earl Ray, le 4 avril 1968. Cinquante ans jour pour jour après son assassinat, franceinfo s’est demandé ce qu’était devenu le célèbre « rêve » du héros de la lutte pour les droits civiques dans l’Amérique de Donald Trump.

Ce « rêve », le révérend King l’a formulé le 28 août 1963, cinq ans avant sa mort, à l’issue de la « Marche sur Washington pour l’emploi et l’égalité », devant une foule de 250 000 manifestants, lors d’un discours entré dans l’histoire. « J’ai un rêve, déclarait alors le pasteur. Mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. »

Crimes racistes, bavures policières et émeutes

Un demi-siècle plus tard, force est de constater que les Afro-Américains ne vivent pas encore dans ce « rêve », comme l’illustrent les émeutes de Charlottesville, de Ferguson, le mouvement Black Live Matters ou de nombreuses statistiques. Aux Etats-Unis, alors que les Afro-Américains représentent environ 13% de la population, ils composent la moitié des victimes de crimes racistes commis en 2016, selon les statistiques du FBI, relayées par le Washington Post. Entre 2010 et 2012, les jeunes Noirs tués par la police étaient 21 fois plus nombreux que les jeunes Blancs, d’après ProPublica, cité par Le Monde.

Autre chiffre frappant : en 2010, un Afro-Américain avait six fois plus de chance de se retrouver en prison qu’un homme blanc, selon l’étude du Pew Research Center, reprise par Europe 1. Les Afro-Américains sont également plus fréquemment condamnés à tort. Depuis 1989, 47% des 2 000 erreurs judiciaires commises par le système judiciaire américain ont concerné des Noirs, selon un rapport du Nation Registry of Exonerations, résumé par Le Figaro.

Plus pauvres et plus en mauvaise santé

Les discriminations et inégalités subies par les citoyens afro-américains sont aussi économiques. En 2012, 27,2% des Noirs vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 9,6% pour les Blancs, selon l’étude du Census Bureau développée par L’Express. De même, en 2015, 11,2 % des Noirs étaient au chômage, contre 4,6 % des Blancs, d’après le Bureau of Labor Statistics. Et les Blancs étaient en moyenne 13 fois plus riches que les Noirs, d’après le Pew Research Center, traduit par Alternatives économiques.

Ces disparités sont enfin sanitaires. En 2009, les Afro-Americains avaient le taux le plus élevé de morts par crise cardiaque, AVC, cancer et diabète, selon le Centre de prévention des maladies, repris par L’Express.

Baptiste BoyerBenoît ZagdounFrance Télévisions

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