Communiqué du CPCR du 3 avril 2008 : Affaire Kanziga, Kamana, Mbarushimana et Rwamucyo

 

Décision d’extradition vers le Rwanda pour Claver KAMANA.

 

La Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Chambéry vient de se prononcer en faveur de l’extradition vers le  Rwanda de Claver KAMANA, un présumé génocidaire rwandais qui vivait à Annecy depuis plusieurs mois. Il s’agit là d’une « première » pour la justice française, et cette décision ne peut que réjouir tous ceux qui luttent pour que justice soit rendue et qui pensent qu’il est important que le criminel soit jugé le plus près possible du lieu où il a commis ses forfaits. C’est une demande récurrente de la part des rescapés qui vivent au Rwanda. D’autre part, en répondant positivement à la demande de la justice rwandaise, la justice française prend le contrepied de tous ceux qui estiment que le Rwanda n’est pas capable d’appliquer une véritable justice.


Photo (de gauche à droite) Agathe Kanziga, Claver Kamana et Callixte Mbarushimana.

Cette décision est prise un jour après que l’on eut appris qu’une information judiciaire était ouverte à l’encontre de Madame Agathe KANZIGA HABYARIMANA, veuve du président mort en 1994, et à l’encontre d’Eugène RWAMUCYO, ancien directeur du Centre de Santé de Butare pendant le génocide, réfugié en France depuis de nombreuses années. Ces informations judiciaires font suite à deux plaintes déposées par le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda (CPCR) le 13 février et le 15 avril 2007. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le parquet « a diligenté une enquête préliminaire » contre Callixte MBARUSHIMANA, secrétaire exécutif des FDLR, toujours à la suite d’une plainte déposée récemment par le CPCR.

 

A ce jour, dix plaintes sont donc sur le bureau des juges d’instruction parisiens, Mesdames POUS et GANASCIA. Reste à savoir maintenant si la justice française donnera aux juges en charge des dossiers les moyens de les instruire. Lors d’une conférence de presse en décembre dernier, les associations parties civiles (CPCR, FIDH, LDH et Survie), par la bouche de leurs avocats, ont déjà eu l’occasion de demander la création d’un pôle d’enquêteurs, comme cela existe dans d’autres pays européens. Cette demande est de plus en plus d’actualité et, pour être crédible, la justice française devra bien dégager de vrais moyens afin que plus aucun génocidaire qui a trouvé refuge en France ne continue à vivre dans l’impunité. Les parties civiles ne pourront pas attendre beaucoup plus longtemps.

 

Le CPCR n’aura de cesse d’exiger des responsables judiciaires de notre pays que justice soit rendue aux victimes du génocide perpétré au Rwanda en 1994. A l’heure où l’on s’apprête à célébrer la quatorzième commémoration du génocide des Tutsi, il est grand temps que la justice française prenne sa part, comme elle s’y est engagée, dans l’établissement de la vérité. Le 7 avril, journée internationale de réflexion sur le génocide perpétré au Rwanda, il ne faudrait pas que la flamme olympique qui va sillonner les rues de la capitale française mette sous le boisseau les flambeaux qui seront allumés en mémoire des victimes innocentes du génocide.

Alain Gauthier

Président du CPCR