(7sur7 05/08/2008)
Secrétaire général de l'Elysée de 1991 à 1995, Hubert Védrine faisait partie du conseil de défense restreint en charge de la définition de la politique française au Rwanda. A ce titre, on lui reproche d'avoir soutenu l'engagement politique, financier et militaire de la France aux côtés des génocidaires de 1994.
L'opération Turquoise est une opération militaro-humanitaire organisée par la France au Rwanda à la fin du génocide. Elle était dirigée par le général français Jean-Claude Lafourcade.
La France sera publiquement mise en accusation à Kigali, ce mardi, pour son implication dans la préparation et l'exécution du génocide perpétré en 1994 au Rwanda, affirme Le Soir, qui a pu prendre connaissance des principales conclusions du rapport de la commission rwandaise chargée d'enquêter sur le rôle de la France dans ce génocide.
Le document de plus de 500 pages, fruit des travaux de la "Commission Mucyo", du nom de son président, l'ancien ministre de la Justice, sera remis ce mardi à la justice rwandaise. Selon lui, la France connaissait les préparatifs du génocide, elle a participé à cette préparation et pris part à l'exécution du crime, écrit Le Soir.
Opération Turquoise
Les accusations portant sur l'Opération Turquoise, menée de juin à août 1994 et présentée comme une action humanitaire, sont "particulièrement troublantes", poursuit le quotidien: selon la Commission, les militaires français auraient "collaboré avec les Interhahamwe dans la continuation des assassinats de Tutsis" jusqu'à être directement impliqués dans des assassinats.
Le rapport confirme aussi que des militaires français ont encouragé l'exode des Hutus vers les pays voisins et, au Kivu, ont tenté de réarmer et de réorganiser les forces armées rwandaises vaincues. En conclusion, la Commission demande au gouvernement rwandais de se réserver le droit de porter plainte contre l'Etat français devant les instances judiciaires internationales. Le génocide rwandais a fait, selon les Nations Unies, environ 800.000 morts parmi la minorité tutsie et les Hutus modérés. (belga/7sur7)
05/08/08 07h23
Le génocide, le crime le plus grave du droit international
Le génocide, qui définit des crimes commis "avec l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux" est le crime le plus grave reconnu par le droit international, mais également un des plus difficiles à prouver.
Le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a publié en 1995 l'acte d'inculpation, notamment pour génocide lors du massacre de Srebrenica, du chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, arrêté lundi. Le massacre de quelque 8.000 garçons et hommes musulmans à Srebrenica (Bosnie) en juillet 1995 est le seul épisode des guerres dans l'ex-Yougoslavie qualifié de "génocide" par le TPI.
La Cour internationale de justice (CIJ), plus haute instance judiciaire des Nations unies, a confirmé fin février que ce massacre était un génocide. Dérivé du grec "genos" (race) et du suffixe latin -cide (du latin "caedere", tuer), le mot fut inventé en 1944 par Raphael Lemkin, un juif polonais réfugié aux Etats-Unis et conseiller au secrétariat américain à la Guerre, pour désigner les crimes commis par les nazis.
Au yeux du droit international, le génocide n'est cependant reconnu qu'en 1948 grâce à la Convention des Nations unies. Celle-ci stipule que: – le meurtre – les atteintes graves à l'intégrité physique et mentale – la soumission intentionnelle de membres du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle – les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe – le transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe constituent des crimes de génocide s'ils sont commis avec l'intention de détruire en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux.
"Le génocide est un crime très difficile à prouver d'un point de vue légal car il faut arriver à prouver cette intention spécifique", rappelle Avril McDonald, experte en droit international humanitaire à La Haye. Le TPI n'a prononcé à ce jour qu'une condamnation confirmée en appel en avril 2004 pour des faits de génocide, contre le général serbe de Bosnie Radislav Krstic, pour le massacre de Srebrenica.
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), basé à Arusha (Tanzanie), a été créé par les Nations unies pour juger les principaux responsables présumés du génocide de 1994 au Rwanda et a à ce jour prononcé 28 condamnations, dont 20 pour génocide et deux pour complicité ou incitation, et cinq acquittements. Selon l'ONU, le génocide a fait environ 800.000 morts, essentiellement dans la minorité tutsie. (afp/7sur7)
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