Propos recueillis par Antoine MALO
LeJournal du Dimanche
>> Mardi, les autorités rwandaises rendaient public le rapport Mucyo, qui accuse la France d'avoir joué un rôle actif dans le génocide de 1994 qui fit 800.000 morts. En cause, notamment, les militaires de l'Opération turquoise qui auraient, selon le document de 331 pages, violé et assassiné des Tutsi. Le général Jean-Claude Lafourcade, qui dirigeait à l'époque l'opération, répond à ces accusations.

Comment réagissez-vous à ces attaques?
Elles sont inacceptables. C'est un très mauvais angle d'attaque que de s'en prendre à l'Opération turquoise : elle a été totalement impartiale et son action a été saluée par l'ensemble de la communauté internationale. Nous avons sauvé des vies, entre 20.000 et 30.000 Tutsi. Personnellement, je n'ai aucun état d'âme. Mais je ne peux pas accepter que mes subordonnés soient traînés dans la boue.

Comment êtes-vous si sûr que certains soldats français n'aient pas commis les crimes évoqués par ce rapport?
Naturellement, je n'étais pas derrière chaque soldat. Cela dit, quand nous sommes arrivés sur la zone, il y avait plus de 250 journalistes, un millier d'humanitaires, des représentants de l'ONU… Ce n'est donc pas pensable que de tels actes aient été commis. Il paraît évident qu'il y a une manoeuvre politique derrière ce rapport. J'ai eu connaissance de pressions sur des citoyens rwandais pour qu'ils témoignent contre l'armée française.

La France a-t-elle commis des erreurs au Rwanda?
La France avait, comme avec bon nombre pays d'Afrique, des accords de coopération et militaires avec le Rwanda. Il n'y a pas eu d'erreurs commises par la France à ce niveau-là.