Wendo Kolosoy : Récit d’un dernier hommage grandiose
Kinshasa, 11/08/2008 / Musique
Wendo a été inhumé le dimanche 3 août 2008 au cimetière de la Gombe en présence d’une foule nombreuse ainsi que du ministre de la culture Esdras Kambale et notamment du gouverneur de la ville de Kinshasa, André Kimbuta et des représentants de musiciens. Était également présente une délégation de musiciens du Congo-Brazzaville dont faisait partie Edo Nganga, un des co-fondateurs de l’OK Jazz. À noter également la décoration à titre posthume du disparu de la médaille des Arts et des Lettres de la RDC.
Pour rappel, Antoine Wendo Kolosoy, né en 1925 à Mushie, a fait ses débuts en musique à l’âge de 11 ans sous la férule des Coastmen, des sujets Ouest-Africains résidant à Kinshasa. Sa véritable carrière musicale a débuté vers les années 40 en évoluant avec des artistes comme Maître Taureau, Adou Elenga, Bowane, Bukasa etc. Après la création de Victoria Brazza en 1941 par Paul Kamba, Wendo Kolosoy fonde, en 1943, Victoria Kin avec Maître Taureau, Bape et Tango.
Avec la création des maisons d’éditions par les commerçants grecs et juifs de l’époque, Wendo signa des contrats tour à tour avec les éditions Opika et Ngoma. A 18 ans, après avoir gagné plusieurs concours d’interprétations des chansons populaires, on lui colla les sobriquets de « Wendo Alanga Nzembo » et « Wendo mokonzi ya Nzembo ». En 1955, il monta avec D’Oliveira et Bowane le trio BOW.
Après une éclipse de près de 8 ans, il évolua avec l’African Fiesta de Tabu Ley entre 1968 et 1969. En 1974, en vue de revaloriser la musique congolaise, le président Mobutu fit appel à lui et à d’autres artistes dont Feruzzi, D’Oliveira, Adou Elenga, Lucie Eyenga, Marthe Badibala, Marie Kitoto, Antoine Kasongo etc. pour réaliser l’Anthologie de la musique congolaise moderne. Retombé dans l’anonymat et dans l’oubli, il refit surface avec l’arrivée de l’AFDL (Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo) où il se lança dans les chansons patriotiques en s’illustrant dans les chansons ‘’« Tokowa po na Congo » et « Franc Congolais ». Ce retour va se prolonger au MASA en Abidjan et à travers plusieurs tournées en Europe et aux USA.
Florilège des hommages
Papa Wemba, vice-président de l’Union des musiciens congolais : « Après la mort de Madilu, c’est le tour de notre conseiller et sage Wendo Kolosoy. Avec cette disparition, la musique congolaise vient de perdre un artiste exceptionnel et un chanteur de charme à la voix angélique demeurée intacte malgré le poids de l’âge ».
André Kimbuta, Gouverneur de la Ville de Kinshasa : « À 83 ans, Wendo a vu plus de trois générations des artistes musiciens congolais, donc il était une sorte d’arrière grand-père. C’est un véritable ancêtre de la musique congolaise pour avoir vu défiler toutes les générations de Kallé Jeff à Bébé Tshanda ».
Esdras Kambale, Ministre de la Culture : « Un baobab est tombé, une étoile s’est éclipsée, une voix s’est éteinte. Sa musique était distractive et éducative. Il nous quitte au moment où la nation congolaise avait encore besoin de lui. L’histoire retiendra qu’il était un artiste engagé, un nationaliste et un pédagogue ».
Jean-Marie Ntantu Mey, ancien ministre et homme de culture : « Nous l’avions reçu chez Antoine Bolamba dans le cadre de notre ONG et il nous avait conseillés de ne jamais construire son succès sur base des injures. Il nous a légué un patrimoine culturel sans précédent ».
Maître Taureau, artiste musicien et ami de Wendo : « Je suis Wendo et personne d’autre ne le dira parce qu’on a commencé ensemble la musique vocale vers les années 40 et il n’y avait aucun orchestre à instruments. Ensemble, nous avions créé l’orchestre Victoria Kin à l’opposé de l’orchestre Victoria Brazza. Et c’est moi qui lui avais donné le nom de Windsor parce qu’il chantait en donnant l’impression de dandiner et de sauter comme un ressort. Il était le premier artiste musicien congolais, à l’époque coloniale, à résider en ville. Il était, pour nous, un objet de curiosité. Il était également le premier musicien à qui le producteur Geronimidis avait acheté une parcelle. »
Philémon Mukendi, ancien ministre : « Ayant démarré sa carrière à l’époque coloniale, Wendo s’est imposé par sa créativité artistique. Il a été un résistant car à l’époque du président Mobutu, il a refusé de jouer de la musique patriotique pour ne pas lui vouer un culte. Il nous a laissé tout son rayonnement et à la culture une grande qualité artistique et éthique. Ses accents patriotiques occupent une place à part ».
Herman Bangi Bayo/AEM
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