Le carnet de Colette Braeckman

Après avoir publié, le 5 août dernier, le rapport dénonçant la responsabilité de la France dans le génocide, le Rwanda ne compte pas en rester là. « Nous allons attendre un temps raisonnable, disons la fin des vacances, pour demander la mise en place d’une commission rogatoire » nous déclare le Ministre de la Justice rwandais, M. Tharcisse Kavugarama. « D’une manière transparente et ouverte, nous allons invoquer la coopération judiciaire entre Etats pour pouvoir poursuivre nos enquêtes à propos des 13 personnalités françaises citées dans le rapport » (parmi lesquelles Edgard Balladur, Alain Juppé, Hubert Vedrine et de hauts responsables militaires de l’époque)
Comme s’il doutait de cette possibilité de coopération judiciaire, le ministre évoque déjà la phase suivante de l’action rwandaise : « sinon, nous émettrons des mandats d’arrêt internationaux contre les personnes citées, ils devraient être prêts d’ici un mois ou deux. Et nous demanderons la collaboration d’Interpol et de tout Etat membre de l’ONU… »
En soulignant –ingénument ?- qu’un mandat d’arrêt délivré au Rwanda est tout aussi valable qu’un mandat d’arrêt délivré en France, le ministre rappelle qu’en cette matière « la coopération et le soutien des autres Etats africains nous sont acquis, dans le cadre de l’Union africaine »…

Colette Braeckman 

 

Le carnet de Colette Braeckman
M. Kavugarama estime que la justice internationale est désormais une arme utilisée contre le Rwanda : «l’ordonnance du juge Bruguière freine les déplacements de hautes personnalités de ce pays, et le mandat d’arrêt lancé par le juge espagnol Merelles contre 40 officiers supérieurs, au nom de la compétence universelle, découle d’un jugement qui n’est qu’un « copié-collé » du document français. »
A plusieurs reprises, les responsables rwandais se sont entretenus avec Bernard Kouchner, Ministre français des Affaires étrangères. En vain jusqu’à présent : « il s’est toujours retranché derrière l’indépendance de la justice de son pays… »
D’ici la fin de l’année, les Rwandais publieront aussi le résultat de leurs propres investigations à propos de l’attentat contre l’avion présidentiel : « nous avons bénéficié de témoins de premier plan », nous assure le juriste Jean-Damascène Bizimana, l’un des sept membres de la Commission d’enquête, «car désormais les langues se délient, il y aura des surprises… »