Le reportage que la RTBF a consacré aux présumés génocidaires rwandais vivant en Belgique est attendu comme un match de finale de coupe du monde dans la communauté rwandaise de Belgique. Des centaines et très probablement milliers de rwandais – belges d’origine rwandaise et rwandais-rwandais – s’apprêtent à suivre l’émission Questions à la Une qui a choisi de se plonger dans nos histoires.
Contrairement à un match de football : les équipes qui vont s’affronter ce soir ne sont pas connues. Va-t-il opposer des génocidaires Hutus à des criminels de guerre Tutsis ? Va-t-on assister à un débat sur la réconciliation entre victimes Hutus et Tutsis et leurs bourreaux communs, les génocidaires Interahamwe ? Les criminels de guerre Tutsis seront-ils de la partie ?
Qui seront les juge arbitre ? Des personnalités neutres et indépendantes et surtout honnêtes qui connaissent bien le dossier rwandais ou des parties prenantes intéressées au conflit rwando-rwandais ?
Qui est sur le terrain ? Qui est dans les gradins ? Qui sont les rescapés qui vont s’exprimer ce soir ? Sont-ce uniquement des rescapés du génocide des Tutsis au Rwanda ? Parlent-ils au nom de tous les rescapés ? Les Tutsis rwandais sont-ils les seuls à pouvoir s’exprimer sur la présence de présumés génocidaires rwandais sur le sol belge ?
Lors que nous avons rencontré la journaliste qui a mené l’enquête qui nous vaut ce match au sommet, c’était à l’occasion d’une manifestation de Rwandais opposés au régime de Kigali. Il y avait essentiellement des Hutu mais aussi quelques Tutsis. La journaliste n’allait bien entendu pas nous dire qu’elle recherchait des génocidaires. Son reportage nous a-t-elle dit alors était consacré à la réconciliation entre les Rwandais.
Dans la bande-annonce du reportage certains témoins rescapés du génocide des Tutsi se plaignent d’être harcelés par leurs anciens bourreaux ici même en Belgique. Si la journaliste avait poussé un peu plus ses recherches elle aurait rencontré des taximen Tutsis – rescapés du génocide – et des Hutus travaillant côté à côte dans les rues de Bruxelles. Elle aurait pu voir des Tutsis et des Hutu assis à la même table ou les uns à proximité des autres dans plusieurs cafés rwandais de Bruxelles. Elle aurait même pu assister à un mariage dit mixte en Belgique entre un Hutu et une Tutsi !
Même sans avoir vu le match et sa fin nous pouvons d’ores et déjà dire que si réconciliation il devait y avoir au Rwanda ce ne serait pas entre les victimes et les bourreaux ni entre les extrémistes des deux camps. Cette réconciliation n’est pas entreprise et ne sera pas réalisée par le régime de Kigali qui est juge et partie au conflit. Cette réconciliation est vécue au jour le jour dans la vie quotidienne en Belgique et ailleurs entre Hutus et Tutsis de bonne volonté et de bonne foi et qui n’ont rien ou très peu à se reprocher en terme de participation au génocide, aux crimes de guerre et aux actes de vengeances contre des innocents.
Des génocidaires présumés en Belgique ? Bien sûr qu’il y en a ! A commencer par le chef milicien des Interahamwe du MRND Ephrem Nkezabera dont le procès débutera bientôt, ici même.
NKB 03/09/2009