posté le 26 octobre 2008 | catégorie actualité
Attaquant de plusieurs côtés, les troupes du général rebelle Laurent Nkunda se sont emparées à nouveau du grand camp militaire congolais de Rumangabo, au nord de Goma et ont été arrêtées de justesse à Kibumba, aux portes de la capitale du Nord Kivu, où campent des dizaines de milliers de civils déplacés.
C’est à 3 heures du matin que Rumangabo est tombée, après de violents combats qui auraient fait une quinzaine de morts dans le camp des rebelles et emporté deux officiers du côté gouvernemental. Voici un mois déjà, Rumangabo avait été prise par les troupes du CNDP puis évacuée à l’intervention de la Mission des Nations unies au Congo. Depuis plusieurs jours, les forces de Nkunda dénonçaient la recrudescence des attaques menées par les forces gouvernementales, auxquelles se seraient joints des combattants hutus rwandais.
Cette fois encore le rôle de la MONUC risque d’être au cœur des polémiques et des manifestations sont à craindre à l’encontre de Casques bleus qui sont régulièrement accusés d’être incapables de stopper les mouvements rebelles et d’identifier d’éventuels soutiens apportés par l’armée rwandaise. En effet, à la veille de l’assaut sur Rumangabo, l’armée congolaise avait été priée, par la Monuc, de respecter un plan de désengagement et d’abandonner Tongo, une position stratégique. A Kinshasa, le ministre congolais de la Défense Chikez ne décolère pas : « c’est l’abandon de Tongo, que nous avions reprise, qui a permis l’avancée des forces de Laurent Nkunda, qui avaient auparavant reçu des renforts venus du Rwanda… »
Une fois de plus, la question de l’engagement rwandais sera posée, en termes de plus en plus dangereux pour la paix régionale. Lors de son passage à Bruxelles la semaine dernière, le chef de la MONUC, M. Alan Doss avait reconnu la complexité de la situation, la difficulté qu’éprouvaient les Casques bleus à vérifier les dénonciations congolaises (certains documents présentés par le colonel Delphin Kahimbi étaient des faux manifestes…)et les accusations rwandaises à propos de la participation aux combats de « Hutus génocidaires ». Il nous avait déclaré qu’il souhaitait « un mécanisme indépendant de vérification » accepté par les deux parties. A Bruxelles M. Doss avait aussi évoqué le déploiement de deux bataillons onusiens supplémentaires au Nord Kivu et en Ituri, où apparaissent également de nouveaux mouvements rebelles.
Dans le cas de cette nouvelle attaque contre Rumangabo, plusieurs témoins locaux nous ont confirmé par téléphone avoir vu, samedi soir, des unités rwandaises lourdement équipées se diriger vers la frontière et la MONUC elle-même avait été avertie en temps utile de ces mouvements suspects. Il n’empêche que les Casques bleus n’ont pu prévenir l’attaque contre le camp militaire. Même si le soutien de l’armée rwandaise n’est pas confirmé, l’appui logistique qu’elle apporte à Nkunda et ses hommes fait peu de doute :Bosco Ntaganda, le chef d’état major du général rebelle, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, serait actuellement soigné à l’hôpital de Ruhengeri.
Les Européens étant réticents à l’ idée de déployer une force militaire d’appoint au Nord Kivu (Karel De Gucht y est carrément opposé) le président Kabila, lors d’un récent séjour au Swaziland, a saisi du problème les autres pays membres de la SADC (conférence des Etats d’Afrique australe). Se dirige-t-on vers une nouvelle guerre interafricaine qui verrait l’entrée en scène de nouveaux acteurs ?
La situation est compliquée aussi par le fait qu’à Kinshasa le nouveau gouvernement n’a pas encore été formé : on sait déjà que M. Mbusa Nyamwisi ne retrouvera pas son poste des Affaires étrangères et que des querelles divisent les « Forces pour le renouveau » dirigées par olivier Kamitatu actuel Ministre du Plan et qui font partie de l’Alliance pour une majorité présidentielle.

 

blogs.le soir.be/Colette-Brackman