(Le Soir 31/10/2008)
on n’a pas été confirmée.
On savait Laurent Nkunda malade, régulièrement en traitement au Rwanda et, malgré de nombreuses interviews données par téléphone, il était devenu pratiquement invisible. Un « communiqué », transmis par son porte-parole Bertrand Bisimwa, ou en tout cas par quelqu’un utilisant la même adresse électronique, a semé le doute jeudi après midi au sein de la rédaction du Soir : alors que nous avions entendu les interviews données par Laurent Nkunda sur différentes chaînes dont la RTBF (d’une voix cependant difficile à reconnaître) un document à l’en-tête du mouvement, daté de Rutshuru, portant la signature du général major Bosco Ntaganda et présenté comme un « communiqué officiel du mouvement », annonçait que « le CNDP (Conseil National pour la paix et le développement, NDLR), a la profonde douleur d’informer le Peuple congolais tout entier de la mort du Chairman Laurent Nkunda Mihigo, décès survenu ce 29 octobre 2008 au centre hospitalo-universitaire de Kigali à 22 heures 50, d’un arrêt cardiaque. »
Selon ce communiqué, les membres du CNDP, respectant la volonté du défunt, avaient désigné le général de brigade Bosco Ntaganda comme successeur. Le point 4 du communiqué, au nom de la nouvelle direction du CNDP, mettait en garde la MONUC, assurant que le mouvement n’hésiterait pas à ouvrir le feu sur ses éléments si ces derniers tentaient d’arrêter sa progression vers la ville. Le point 5 était plus menaçant encore : « la solution d’une intervention dite ’Artemis II’ destinée dans la réalité à conforter les éléments du FDLR, anciens alliés de la France, ne sera pas autorisée et le CNDP promet, s’il le faut, de demander l’appui des pays frères et amis de son côté pour mettre à mal cette nouvelle intervention génocidaire à l’encontre de notre peuple meurtri. » Le CNDP dénonçait aussi la chasse aux Tutsis qui aurait commencé à Goma, Bukavu et l’intérieur du pays.
La facture et le vocabulaire du communiqué ressemblaient aux documents produits par des éléments du CNDP. Nous n’avons cependant pas pu authentifier ce communiqué en cours de soirée et avons conclu au risque de manipulation.
Par contre, selon plusieurs sources, nous avons appris que le mouvement était en train de se transformer en une organisation politique hostile au pouvoir de Kinshasa et désireuse, sinon de le renverser du moins de négocier sur un pied d’égalité. La présentation de cette nouvelle formation aurait pu se faire à Goma après l’entrée des troupes rebelles dans la ville. Des pourparlers préparatoires auraient eu lieu dans la ville frontalière de Gisenyi, rassemblant Patient Mwendanga un ancien gouverneur du Sud Kivu passé dans le camp de la rébellion, et le Dr Oscar Kashala, un médecin vivant aux Etats-Unis qui s’était porté candidat aux élections présidentielles et qui avait récolté un score honorable. Le nom de Katebe Katoto, un homme d’affaires d’origine katangaise a également été cité. Cependant, des dissensions de dernière minute auraient opposé ces personnalités.
Y a-t-il eu « collision « entre le « communiqué », prématuré, faux ou manipulateur, et la tentative politique menée à Gisenyi ? Un mystère de plus au bord des Grands Lacs…
COLETTE BRAECKMAN
jeudi 30 octobre 2008, 22:49