dimanche 16 novembre 2008

L'émissaire des Nations unies, le Nigérian Olusegun Obasanjo, a rencontré dimanche le général rebelle Laurent Nkunda dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), peu après la reprise de violents combats dans la région.

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L'émissaire des Nations unies, l'ancien président du Nigeria Olusegun Obasanjo (à gauche), a rencontré dimanche le général rebelle Laurent Nkunda (au centre) dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), peu après la reprise de violents combats dans la région. (Reuters/Finbarr O'Reilly)

Les deux hommes se sont retrouvés à Jomba, non loin de la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda, au pied des montagnes de la Virunga.

Obasanjo, ancien président du Nigeria, tente de mettre fin aux affrontements entre les rebelles tutsis et l'armée congolaise qui ont forcé 250.000 personnes à fuir leurs foyers et entraîné un désastre humanitaire.

Escorté par des casques bleus indiens, l'envoyé de l'Onu, nommé récemment par le secrétaire général Ban Ki-moon, est arrivé en hélicoptère à Jomba. A sa descente de l'appareil, il a donné l'accolade à Nkunda avant de passer en revue une garde d'honneur de Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), le mouvement du général rebelle.

"Pour eux, ce serait mieux qu'ils fassent partie de l'armée nationale, au lieu d'être appelés rebelles… C'est ce que nous allons essayer de faire", a dit Obasanjo.

Mais les combats se sont poursuivis dans la région. Dans le secteur de Ndeko, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Jomba, des tirs d'artillerie et d'armes automatiques ont retenti dans la matinée.

"Il y a d'intenses combats en cours, à l'arme lourde – roquettes et artillerie – et aussi avec des armes de petit calibre", a déclaré à Reuters un témoin qui se trouve juste au sud de Ndeko.

La Monuc, la mission de paix de l'Onu dans la région, a confirmé que de violents combats avaient éclaté en début de matinée à Ndeko. "Nous avons envoyé une patrouille voir ce qui se passe", a dit le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, porte-parole de la Monuc.

UNE CONSÉQUENCE DU CONFLIT RWANDAIS

On ignore quels sont exactement les protagonistes de ces nouveaux affrontements. Ces dernières semaines, les hommes de Nkunda ont affronté à la fois l'armée congolaise et les rebelles rwandais hutus du FDLR.

Samedi, au lendemain d'une rencontre avec le président congolais Joseph Kabila, Obasanjo a déclaré que ses efforts pour mettre fin au conflit se déroulaient assez bien et que Kabila n'avait fixé aucune condition pour discuter avec les rebelles.

Vendredi, l'ancien président nigérian avait aussi rencontré à Luanda le président angolais José Eduardo dos Santos.

A la recherche d'une solution durable au conflit du Nord-Kivu, qui fait rage depuis août, Obasanjo dit avoir reçu à Luanda l'assurance qu'aucun soldat angolais ne combattait aux côtés de l'armée de la RDC, comme la rumeur en a couru.

Le conflit trouve son origine dans le génocide de Tutsis, en 1994 au Rwanda. Kinshasa accuse Kigali de soutenir Nkunda. Ce dernier affirme défendre les Tutsis congolais contre les attaques de rebelles hutus du FDLR (Front démocratique de libération du Rwanda) qui, selon lui, appuient les forces gouvernementales congolaises.

Nkunda s'est emparé en octobre d'une partie de la région de Rutshuru et a progressé jusqu'aux portes de Goma avant de proclamer un cessez-le-feu. Mais des accrochages sporadiques se sont poursuivis.

Nkunda réclame des discussions directes avec le président Kabila, faute de quoi il affirme qu'il marchera sur Kinshasa.

Le Congo et le Rwanda ont annoncé samedi qu'ils élaboreraient ensemble des plans militaires contre les rebelles hutus de l'est du Congo et que Kigali enverrait des agents de renseignement pour épauler les forces congolaises.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Rosemary Museminali, a néanmoins assuré qu'il n'y aurait aucun soldat rwandais en territoire congolais.

Après de précédents accords restés sans lendemain, beaucoup d'observateurs sont sceptiques. Pris au milieu des combats qui se déroulent sur un immense territoire, les 17.000 casques bleus de la Monuc sont accusés de ne pas protéger les civils.

Après des semaines de demandes de renforts, un diplomate à Kinshasa a déclaré que la France préparait au Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution autorisant l'envoi de 3.000 militaires en renfort.

Version française Guy Kerivel