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Congo-Kinshasa

G.P.

Mis en ligne le 04/11/2008

Un premier convoi d’aide humanitaire, à Rutshuru. Mais trois camps ont été désertés par les déplacés. Un C-130 belge opérationnel dès ce mardi. L’Union européenne songe désormais à renforcer la force des Nations unies.

Un C-130 belge devrait participer, dès ce mardi, aux opérations d’aide humanitaire lancées après l’intensification des combats, la semaine dernière au Nord-Kivu, entre l’armée gouvernementale congolaise et les rebelles du général dissident Laurent Nkunda. Selon le ministre belge de Coopération au Développement, Charles Michel, l’appareil C-130 Hercules effectuera un premier vol entre Kinshasa et Goma, la capitale du Nord-Kivu, aux portes de laquelle les rebelles ont arrêté leur avancée sous la pression de la communauté internationale. Il transportera du matériel humanitaire affrété par l’organisation "Caritas International". L’aide acheminée par la suite sera distribuée sous les auspices du Bureau de coordination de l’aide humanitaire des Nations unies.

Une assistante à la fois immédiate et durable s’impose en effet, au vu des derniers constats des agences humanitaires dans la région. Ainsi à la faveur de l’envoi d’une première aide, grâce à un convoi escorté par les casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) vers la localité de Rutshuru, au nord de Goma, tombée aux mains des rebelles, Sean Rafferty, membre de l’ONG britannique "Merlin", cité par l’Agence France Presse, a constaté que trois camps de réfugiés situés aux alentours de la ville avaient été désertés par leurs habitants. "On s’attendait à voir 11000 personnes. Mais tous les camps sont vides. Ils ont été rasés. Il n’y a plus d’abri", a déclaré M.Rafferty. Et d’ajouter: "Nous sommes très inquiets pour la santé de ces personnes. Notre priorité est de les trouver, pour qu’on puisse les aider".

Les déplacés se seraient vraisemblablement dispersés dans les forêts avoisinantes. Mais il était difficile, lundi soir, d’expliquer la raison de leur fuite. Ont-ils craint des représailles des troupes de Laurent Nkunda? Ont-ils été jetés hors des camps par ceux-ci ou à la suite de pillages de l’armée gouvernementale en débandade? Mystère.

Ce mystère ajoute à la détresse humaine qui prévaut au Nord-Kivu. Les chiffres sont éloquents. Selon l’Unicef, 100000 personnes ont fui leur foyer rien que la semaine dernière; et parmi eux, 60 pc d’enfants. Depuis fin août et la reprise des affrontements entre l’armée et la rébellion, ce ne sont pas moins de 250000 personnes qui ont été déplacées. Au total, 20 pc de la population du Nord-Kivu seraient concernés

Si la situation militaire s’est figée depuis la fin de la semaine dernière et l’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral de Laurent Nkunda, une nouvelle escalade n’est pas à exclure. En témoigne le commentaire du porte-parole du général dissident, Bertrand Bisimba, qui, réagissant à la fin de non-recevoir opposée par Kinshasa à une offre de négociations, a affirmé que le gouvernement congolais avait confirmé sa "position militariste", l’accusant de "lancer la guerre".

Pendant ce temps-là, à Marseille, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont cherché une alternative à une force européenne rejetée par une majorité de pays. Le Français Bernard Kouchner a avancé l’idée d’un renforcement de la Monuc "avec des règles d’engagement et une volonté de commandement différents". Il suffisait d’y penser. Et il eut été encore préférable de l’envisager au moment de la constitution de cette force.

 

lalibre.be/LaLibre