Rwanda : Des documents donnent un éclairage nouveau sur la planification du génocide

Le recours à ‘l’autodéfense civile’ envisagé lors de l’anniversaire des massacres

"Les violences génocidaires n’ont pas éclaté du fait de la peur ou de la haine de la minorité Tutsi. Elles ont été déclenchées par les autorités militaires, administratives et politiques, en utilisant l’appareil d’état. "

Alison Des Forges,
conseillère senior à la division Afrique à Human Rights Watch

 

(New York, 7 avril 2006) – Les orchestrateurs du génocide de 1994 au Rwanda ont utilisé un “système d’autodéfense civil” pour mobiliser les participants à la campagne d’extermination de la minorité Tutsi, déclare Human Rights Watch dans un document de 18 pages publié aujourd’hui. Le document, intitulé Le génocide rwandais : Comment il a été préparé, s’appuie sur des documents non publiés et expose la façon dont le système d’extermination a été planifié au cours des mois précédant le génocide. Cela fera 12 ans cette semaine.

“Les violences génocidaires n’ont pas éclaté du fait de la peur ou de la haine de la minorité Tutsi,” a déclaré Alison Des Forges, conseillère senior à la division Afrique à Human Rights Watch. “Elles ont été déclenchées par les autorités militaires, administratives et politiques, en utilisant l’appareil d’état.”

Le document rapporte comment les responsables et propagandistes ont défini les civils Tutsi comme “l’ennemi” devant être ciblé par des actions “d’autodéfense.” Il revient aussi sur les facteurs à l'origine du génocide qui a commencé au début du mois d’avril 1994, à savoir la pauvreté, l’insuffisance des champs pour les cultivateurs, l’histoire coloniale, l’introduction du multipartisme et la guerre.

“Enqueter sur le génocide est aussi une façon d’honorer ses victimes,” a déclaré Des Forges. “Mieux nous comprendrons la préparation et la mise en œuvre d’un génocide, mieux nous serons capables d’éviter des horreurs semblables dans le futur.”