Le dégel entre Kinshasa et Kigali commence à produire ses effets. On est passé à la vitesse supérieure avec la rencontre prévue ce mardi à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu entre des hauts responsables des services de sécurité des deux pays.
Côté congolais, c’est le ministre de la Défense, M. Charles MWANDO Nsimba qui dirigeait la délégation dans laquelle on a noté la présence fort remarquée du lieutenant général Didier ETUMBA, chef d’état-major général des FARDC et du général Amissi dit « Tango Fort », chef d’état-major de la Force terrestre. Selon des sources proches du ministère de la Défense congolaise, la délégation rwandaise devrait être conduite par le ministre de la Défense et du général James KABAREHE, chef d’état-major Général ainsi que d’autres officiers supérieurs. Comme d’habitude, le lieu de la rencontre a été gardé secret pour des raisons faciles à deviner et à l’issue de la première entrevue, aucune déclaration n’a été faite pour le public.
Tout ce que l’on peut avancer à ce stade, c’est que les deux parties doivent avoir examiné les voies et moyens d’harmoniser leurs vues sur le différend qui les oppose. A savoir d’une part la présence des rebelles rwandais du FDLR qui donne des insomnies aux autorités rwandaises et qui exigent depuis 1996 leur désarmement. C’est le prétexte sécuritaire toujours brandi par Kigali pour justifier les incursions de ses troupes armées régulières sur le territoire congolais.
Pour sa part, Kinshasa a toujours considéré le Rwanda comme le principal soutien militaire, diplomatique et politique de toutes les forces rebelles qui ont toujours perturbé la paix et la sécurité dans les deux provinces du Kivu depuis 1998. Voilà donc les points essentiels des discussions qui devraient normalement figurer à l’ordre du jour de cette rencontré de Goma.
Bien avant cette rencontre au sommet, le ministre congolais de la défense et le chef d’état- major général ont effectué une visite d’inspection surprise sur le front militaire de Kibati situé à 15 Kms de Goma et non loin de la frontière avec le Rwanda. On sait que les éléments du CNDP et ceux des FARDC se trouvent face à face. A cet endroit depuis plusieurs semaines aggravant ainsi le risque des nouveaux affrontements armés et sanglants de nature à atteindre la ville de Goma et pourquoi pas celle voisine de Gisenyi au Rwenda. Et Dieu seul sait ce qu’il pourrait advenir en cas de dérapage.
Rappelons qu’il y a plus d’un mois, les ministres des Affaires étrangères de deux pays avaient ouvert le bal des rencontres en vue de normaliser les relations entre Kinshasa et Kigali et cela en exécution des résolutions pertinentes arrêtées tant à Nairobi qu’à New York. Le Congolais Alexis THAMBWE Mwamba et sons homologue rwandaise Mme Rosemary MUSEMALI avaient même annoncé l’ouverture prochaine des ambassades dans les Capitales de deux pays ainsi qu’un corridor téléphonique pour régler discrètement tout autre différend qui pourrait surgir entre temps.
Dans tous les salons politiques et diplomatiques, la question qui se pose est celle de savoir si par le biais des patrouilles mixtes les forces armées régulières de deux pays parviendraient à neutraliser les éléments des FDLR, de quels moyens dispose Kigali pour contraindre son allié du CNDP à déposer les armes pour revenir dans le programme AMANI ? En effet, selon les termes entendus lors des concertations entre les responsables des services de sécurité de deux pays au lendemain des rencontres entre les chefs de la diplomatie. Il avait été convenu une série des mesures contraignantes à l’endroit de ces rebelles Hutu rwandais, dont entre autres une série des patrouilles mixtes à travers les deux provinces du Kivu. Cette initiative a toujours été rejetée par Kinshasa pour ne pas avaliser le prétexte sécuritaire rwandais ayant justifié toutes les incursions opérées par l’APR au Congo depuis 1998.
Dès lors qu’un tout récent rapport de l’ONU a renvoyé dos-à-dos les deux parties en accusant l’une de soutenir le CNDP et l’autre de protéger les FDLR, plus rien ne s’oppose que les deux protagonistes n’enlèvent leurs fausses barbes pour se regarder dans le blanc de l’oeil en vue de régler définitivement ce différent armé qui a tant endeuillé la région des Grands Lacs. Wait and see.
(SL/Th/GW/Yes)
F.M./Le Phare
