Ça sent mauvais entre la République démocratique du Congo et ses principaux partenaires bilatéraux et multilatéraux. En l’espace que 72 heures, l’on assiste à une étonnante escalade verbale qui risque d’assombrir leurs relations. De polémique en polémique les choses se corsent.

En fin de semaine passée, à la suite de la «marche des chrétiens» du 16 février, interdite et ensuite réprimée, les partenaires de la République démocratique du Congo, avaient élevé une vive protestation pour condamner l’intervention énergique de la police. La MONUSCO, l’Union européenne ne s’étaient fait prier à travers des communiqués de presse pour exprimer leur indignation.

S’appuyant sur les prescrits de la Constitution, ils étaient étonnés de voir les «manifestations pacifiques» être interdites et réprimées.

Lambert Mende, ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement, avait promptement réagi accusant ses partenaires «d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain». En plus, avait-il ajouté, la RDC n’avait de leçon à recevoir de personne.

La réplique est tombée tout de suite. L’ambassadeur de France, au nom de ses collègues de l’Union européenne, n’est pas allé de main morte pour faire observer qu’entre «amis» on pouvait se dire des choses même qui peuvent choquer, pourvu que l’on avance.

Et comme si cela ne suffisait pas, le ministre de la Communication, dans son dernier point de presse, a fait observer «qu’il n’y avait pas eu usage excessif de la force». Il ne s’est pas arrêté à ce niveau. Il a abordé, notamment, le processus électoral en cours. Là, il s’est évertué à démontrer que le gouvernement congolais a, lui seul, pris en charge l’organisation des scrutins du 28 novembre 2011. Or, l’on sait que les résultats de ces élections justifieraient la marche projeté le jeudi 16 février 2012 pour poser des exigences politiques.

Réponse du berger à la bergère. Un autre partenaire de la RDC, en l’occurrence la MONUSCO, n’a pas voulu se laisser conter des contre vérités. Hier mercredi au cours de son point de presse, le porte-parole a tenu à rétablir la vérité. «La communauté internationale a beaucoup contribué aux élections de 2011», a dit M. Mounoubaï. Et de poursuivre : «Je m’inscris en faux. Les bailleurs de fonds ont joué un grand rôle. La Belgique, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, la Suisse, la Suède, les Pays-Bas… tous ces pays ont contribué financièrement à travers le PACE et le PNUD, aux élections présidentielle et législatives nationales du 28 novembre 2011 en mettant également à la disposition de la CENI 27 hélicoptères et 5 avions pour transporter et dispatcher les différents matériels électoraux sur toute l’étendue du territoire. Nous avons contribué avec 8.000.000 de litres de carburant. Nous avons dépensé 30.000.000 USD pour payer la totalité des agents de la CENI à l’intérieur du pays. Et quand on dit que la Communauté internationale n’a rien fait pour ces élections, cela nous étonne un peu. Cela n’est pas vrai».

UNE PENTE DANGEREUSE

La polémique est lancée et elle est de mauvais augure. A quoi va aboutir ces rapports tendus entre la RDC et ses partenaires extérieurs ? Difficile de le dire pour l’instant. Toutefois, ces attaques et ripostes vont crescendo. Elles sont ponctuées de phrases provocantes qui ne cachent pas grand-chose sur la nervosité qui étreint les partenaires.

D’aucuns se demandent si cette polémique ne serait pas lancée à dessein. Le processus électoral n’est pas encore arrivé à son terme. Autrement dit, la politique de minimisation des partenaires profiterait à qui ?

Toutes ces phrases choquantes pourraient, à la longue, émousser les bonnes volontés, voire soulever des obstacles imprévisibles. La RDC a grand intérêt à mener le processus électoral jusqu’au bout. C’est un devoir constitutionnel tendant vers l’établissement effectif d’un Etat de droit.

L’escalade verbale observée entre Kinshasa et ses partenaires ferait penser à des agendas cachés de part et d’autre pour bloquer le processus électoral. Leurs rapports se trouvent sur une pente raide, sinon dangereuse. La RDC est dans une période cruciale de son développement et tout incident, quel qu’il soit, pourrait estomper l’élan pris.

Par Le Potentiel

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Posté par rwandanews