Règlements des conflits en Afrique: Les chefs traditionnels africains recommandent une médiation sans Onu ni EU
(Le Potentiel 29/12/2008)
Le Forum des chefs coutumiers africains s’est tenu, le 27 décembre à Kinshasa (RDC). Au terme de ces assises, les chefs traditionnels ont invité leurs chefs d’Etat et des gouvernements « à s’asseoir autour d’une table, en vue de régler les conflits, sans recourir à la médiation de l’Onu, ni de l’UE».
Les délégués de la République Centrafricaine, du Congo-Brazzaville, du Tchad et de la RDC ainsi que ceux des provinces congolaises ont pris part aux assises des chefs traditionnels africains qui se sont déroulées, le 27 décembre dans la salle de conférences du ministère des Affaires étrangères. A l’issue des travaux, ces chefs coutumiers ont recommandé aux peuples de l’Afrique centrale de « s’inspirer du modèle ivoirien pour que la résolution des conflits ne soit plus le seul apanage de l’ Onu, de l’Union européenne, ni de la communauté internationale ; car personne ne s’occupera mieux de l’Afrique centrale que ses propres ressortissants ».
Convoquée sur une décision prise à Abidjan en Côte d’Ivoire, la rencontre de Kinshasa a également demandé d’accorder au Forum des rois, sultans, princes, cheiks et chefs coutumiers africains le statut de consultant au sein de l’Union africaine. Ce, en vue de permettre à cette organisation de canaliser les aspirations des peuples africains à la base.
REVALORISER LE POUVOIR COUTUMIER
Les débats et discours des assises de Kinshasa ont invité les Africains « à réfléchir sur les voies et moyens nécessaires, non seulement pour revaloriser le pouvoir coutumier, mais surtout de s’investir, aux côtés des chefs d’Etats et de gouvernement, pour qu’ensemble avec le peuple africain, l’on puisse promouvoir à l’édification d’une Afrique stable et unie, soucieuse du bien-être de la population et du développement de toutes les contrées ».
A noter qu’un accent particulier a été mis sur la situation de guerre qui prévaut dans l’Est du pays et la détermination à trouver une solution durable de paix, gage du développement.
Prenant à son tour la parole, le ministre de l’Intérieur, Célestin Mbuyu, a soutenu que « la République démocratique du Congo a besoin de la paix qui est un préalable majeur avant de son songer au développement ». C’est pourquoi, il a invité les chefs coutumiers à inciter les groupes armés à ne pas recruter les jeunes. Sa majesté Tchiffi Zie Jean-Gervais, secrétaire général du Forum a reconnu que « la résolution du conflit au Congo-Kinshasa est une priorité et nous nous battrons pour trouver une solution africaine ».
DEBAT SUR LA RECONCILIATION
Lors du déroulement de ce Forum, les participants ont suivi trois communications. Le premier exposé axé sur « Le développement en Afrique centrale dans le cadre du pouvoir coutumier », a été développé par le professeur Evariste Boshab, secrétaire général du PPRD. Pour lui, « le pouvoir coutumier pouvait résoudre les multiples conflits qui remettent en cause les équilibres fondamentaux et que les chefs traditionnels pouvaient être le centre d’inspiration de règlement de conflits au lieu de jouer aux syndicalistes défendant leurs privilèges ».
Quant au pasteur Milenge Mwenelwata, il a planché sur « la paix en RDC et en Afrique ». Dans sa communication, l’homme de Dieu a formulé des recommandations pour revaloriser le pouvoir coutumier. Avant de soutenir que les chefs coutumiers sont parfois à l’origine des conflits qui sévissent en Afrique. Cependant, le pasteur Milenge a précisé : «Si les tenants du pouvoir veulent réussir leurs actions, ils doivent trouver l’adhésion des chefs traditionnels et leur demander de prévenir les conflits, d’organiser les rencontres sur la paix, de lutter contre toutes formes d’insécurité et de favoriser un débat sur la réconciliation nationale ».
Le Professeur Labana Lasay’Abar de l’Unikin a, pour sa part, a exposé sur « l’Union africaine, origines, réalisation et perspectives ». Il a recommandé à l’Union africaine de prendre en compte la société civile et particulièrement le pouvoir traditionnel, pour canaliser les aspirations de la base. Plusieurs autorités gouvernementales traditionnelles et coutumières de la RDC, dont le ministre de l’Intérieur, M. Célestin Mbuyu, Sa majesté Tchiffi Zie Jean-Gervais, secrétaire général du Forum, le président de l’Alliance nationale des autorités traditionnelles et coutumières, le Mwami Munongo du Katanga et le secrétaire exécutif de la Ligue Afro-arabe, Rafae Almadani, ont pris part à ce Forum qui avait pour thème principal : « La revalorisation du pouvoir coutumier, moteur du développement en Afrique centrale et plus particulièrement en RDC ».
Par Louis-Paul Eyenga Sana
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