Les dernières ruades du cheval sont vraiment les plus dangereuses…Seuls les naïfs ont pu croire qu’après la soudaine réconciliation entre Kinshasa et Kigali et l’opération conjointe de janvier février dernier, les groupes hutus installés au Congo sous la bannière des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) allaient, sans résister, accepter d’être désarmés et rapatriés au Rwanda avec pour seule explication : « le temps de l’hospitalité congolaise est terminé, c’est le moment désormais de rentrer chez vous… »
L’opération conjointe « Umoja Wetu » a certes enregistré de réels succès et porté des coups sérieux à la structure et à l’organisation des FDLR, mais, à cause de l’hostilité de la classe politique congolaise et de la méfiance des populations du Kivu, sa durée a été limitée et les troupes rwandaises ont quitté officiellement le territoire congolais sans avoir réellement achevé la tâche qu’elles s’étaient fixée.
Depuis lors, l’opération Kimya, menée par l’armée congolaise avec l’assistance de la Monuc a pris la relève, essayant elle aussi de forcer les Hutus à quitter leurs bastions du Kivu, mais faisant preuve de moins d’efficacité que Umoja Wetu.
Entretemps, les Hutus se sont réorganisés, et semblent bien décidés, non seulement à garder leurs positions au Congo mais aussi à se venger sur les populations locales, auxquelles ils font payer ce qu’ils estiment être une trahison de la part de leurs anciens alliés congolais. C’est ainsi que les atrocités se multiplient, principalement au Sud Kivu : villages détruits, maisons incendiées, civils massacrés par dizaines. Au point d’inciter les organisations humanitaires, effrayées par les dégâts, de demander une suspension des opérations militaires dirigées contre les Hutus, ce qui correspond exactement à la stratégie de terreur adoptée par les chefs des FDLR.
Selon nos informations, ces derniers seraient prêts à passer à la vitesse supérieure, et à tout faire pour défendre leur bastion congolais, sans lequel ils n’ont aucune chance de jamais menacer le Rwanda. C’est ainsi que des coups pourraient être portés directement à Kinshasa, où l’on a repéré ces derniers temps des caches d’armes, des arrivées d’hommes armés débarquant de Brazzaville, où l’atmosphère sécuritaire autour du chef de l’Etat s’est subitement tendue, comme si, à tout moment, tout était possible… Lors de sa dernière interview au Soir, le président Kabila a d’ailleurs évoqué au passage le fait que dans sa famille les décès suite à des assassinats étaient fréquents…
Il apparaît aussi que le Kivu n’est pas le seul théâtre des opérations, ce qui est normal compte tenu du fait que durant leurs quinze années de présence au Congo, les groupes armés hutus ont guerroyé d’un point à l’autre du territoire. C’est ainsi que des mouvements militaires ont été observés au Nord Katanga, du côté de la frontière zambienne, que des armes auraient transité par Kigoma en Tanzanie en direction du Sud Kivu et du Nord Katanga, comme si un nouveau front se préparait plus au sud que les bastions habituels des FDLR. Un chef militaire du nom de Sebiguri ferait la liaison entre le Botswana, la Zambie, la Tanzanie et le Katanga.
Selon nos informateurs, « la situation serait explosive » et des actions de déstabilisation pourraient être entreprises ailleurs qu’au Kivu, qui mettraient en péril le régime de Kinshasa auquel les Hutus ne pardonnent pas d’avoir pactisé avec Kigali. Des politiciens congolais hostiles à ce rapprochement avec le Rwanda seraient informés de ces préparatifs militaires. Les Hutus rwandais au Congo ne manquent pas de moyens propres, s’étant enrichis en exploitant les mines de coltan et d’or du Nord et du Sud Kivu. Ils auraient aussi reçu le soutien de personnalités de la diaspora : Seraphin Rwabukumba, beau frère du président Habyarimana et membre éminent de l’Akazu, qui avait longtemps vécu en Belgique aurait été reconnu au Congo et l’on relève aussi que l’avocat Luc De Temmerman, défenseur et chaud partisan du Hutu Power, aurait lui aussi quitté la Belgique pour l’Afrique et selon certaines sources, il se trouverait du côté de Walikale, où les Hutus ont une base militaire et économique très importante.

http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/05/21/les-hutus-preparent-loffensive-de-la-derniere-chance/

Posté le 21 mai 2009 par rwandaises.com