|
|
By Administrator | |
Kigali: La sécurité des personnes et de leurs biens est constamment piétinée au su et au vu des autorités politico-militaires censées les protéger. Des exactions sans nom continuent à être perpétrées à l’endroit des paisibles citoyens congolais qui à ce stade ne savent plus à quel saint se vouer. Des actes de pillages, enlèvements et viols à charge des combattants FDLR sont signalés dans la localité de Kahungu au Sud-Kivu, selon une enquête menée par LDGL. La vengeance entretenue par les combattants Hutu rwandais suite à l’opération conjointe MONUC-FARDC de traque de ces premiers laisse à déplorer. Le souci et la volonté manifeste du gouvernement congolais de rétablir la paix et la sécurité au Sud-Kivu et au Nord-Kivu en lançant les opérations « Umoja wetu et Kimya II » de traque des FDLR sont mal venues pour ces auteurs de plusieurs représailles sur les populations civiles. L’opération « Kimya II » en prélude au Sud-Kivu est le soubassement de la multiplication des incursions nocturnes perpétrées par les combattants hutus rwandais dans les domiciles des paisibles citoyens congolais. Les territoires de Kalehe, Kabare, Mwenga, Shabunda sont les plus touchés par ces exactions. Hormis le village de Mabingu en groupement d’Irhambi-Katana récemment visité par ces assaillants, celui de Kahungu, toujours dans le même groupement d’Irhambi-Katana en territoire de Kabare, n’a pas été épargné. Après une accalmie de 3 ans, les combattants hutu rwandais ont encore fait parler d’eux dans les villages de Kahungu plus particulièrement dans les sous-localités de Maziba, Mulangala, Mukaba, Igomero, Karhambi, Bulolo, … Plusieurs biens de ménage ont été pillés, des personnes enlevées et d’autres torturées et blessées et un cas de viol signalé dans la nuit du 15 au 16 juin 2009 et celle du 22 au 23 juin 2009. Dans le but de faire un état de lieu l’état de violations des droits humains, une équipe de l’antenne de la LDGL de Bukavu a été déployée sur le lieu. A l’issue de l’enquête, l’antenne se propose de publier les informations recueillies sur les violations des droits humains et d’interpeller les différents responsables sur leur rôle traditionnel qui est de garantir et protéger les droits et libertés fondamentaux de l’homme. Les données présentées dans ce présent rapport ont été successivement récoltées auprès des leaders locaux, des autorités civiles et militaires et policières, de la société civile, mais également et surtout auprès des victimes de ces exactions ainsi que par le constat fait par le l’équipe de la LDGL sur terrain. Hormis l’introduction, la conclusion et les recommandations, ce rapport est subdivisé en cinq points. Dans un premier niveau, nous allons présenter brièvement la localité de Kahungu, en suite nous présenterons les faits, par la suite nous signalerons les exactions enregistrées et l’intervention des autorités militaires. En dernier lieu, nous évoquerons la situation actuelle dans cette localité. Incursions successives Des informations récoltées par une équipe de la LDGL (Bukavu) auprès des leaders locaux, des autorités civiles et militaires et policières, de la société civile et des victimes indiquent que dans la nuit du 15 au 16 juin 2009, les FDLR sont entrés vers 19 heures dans le village de Kahungu en provenance des forêts surplombant le PNKB et ont débuté l’opération de pillage vers 22 heures jusqu’à 2h15 lorsque quelques militaires FARDC sont venus en rescousse. Les sources contactées font état de plus ou moins 70 assaillants lourdement armés. Sur leur passage dans des ménages, ils ne laissaient ou ne négligeaient quoi que ce soit, même les habits sales et en lambeaux ont été emportés. La nuit du 22 au 23 juin 2009, les mêmes combattants hutu rwandais ont fait irruption dans le milieu, mais cette fois-ci dans les localités de Maziba, Mukaba, Igomero, Karhambi, Bulolo,… Les mêmes faits produisant les mêmes causes, ces assaillants ont enlevé des personnes et pillé plusieurs biens et bétails. Selon un des rescapés rencontré par l’équipe de la LDGL, 8 personnes étaient prises en otage par ces bourreaux pour le transport des biens pillés, mais 2 ont réussi à s’échapper. Il indique en outre que le chemin emprunté lors de cet enlèvement, c’est celui des localités de Cibarhi et Kabushwa jusque dans le Parc National de Kahuzi-Biega. « Trois jours nous ont suffit pour arriver dans l’une de leurs bases située dans la localité de Kahusi et leur quartier général se trouvant à Masisi où l’on retrouve leurs dépendants », renchérit l’interrogé. « Sur ce lieu, renseigne la même source, l’on pouvait compter à peu près 450 éléments des FDLR et plus ou moins 320 chèvres et une diversité des bétails et beaucoup d’autres biens. Un mot d’ordre d’aller piller la localité de Bitale a été donné par leur chef. Hormis monsieur Marc Lushugurhi qui a réussi à s’échapper, tous les autres otages ont été contraints d’accompagner ces assaillants à Bitale où ils ont encore commis leur sale besogne au su et au vu des militaires F Ce dernier a enfin indiqué que pendant leur séjour dans la forêt, les assaillants leur disaient de présenter leur mécontentement aux autorités plus particulièrement à Kabila Joseph, Président de la République, pour les avoir délaissés alors qu’ils l’avaient aidé. • Personnes enlevées Dans la nuit du15 au 16 juin 2009, 8 personnes avaient été emportées par les combattants Hutu rwandais dont 2 ont réussi à s’échapper, précisent nos sources. Il s’agit précisément de : Nos informateurs ont, en outre, souligné que 2 autres personnes ont été attaquées au moment où elles faisaient les travaux champêtres. Il s’agit nommément de BALEZI Nasanga et BAZIBUHE Nasanga. Par la suite, il a été rapporté à l’équipe de la LDGL que la nuit du 22 au 23 juin 09, par contre, 9 personnes avaient été prises en otage dont : Il importe de noter que toutes ces personnes sont déjà libérées et qu’aucun mort n’a été enregistré. Cependant, elles ont seulement déploré les conditions sociales dans lesquelles elles ont vécu et des traitements cruels, inhumains et dégradants qu’elles ont subis dans la forêt de la part de leurs ravisseurs. • Biens pillés Aussi bien lors de la première incursion que lors de la deuxième, ces assaillants n’ont rien laissé sur leur passage. Tout ce qu’ils rencontraient dans les ménages visités été emporté. Vivres, habits propres, sales ou en lambeaux, uniformes scolaires des élèves et écoliers, ustensiles de cuisine, chèvres, vaches, moutons, poules, dindes, porcs, lapins et autres biens ont été emportés et transportés par les otages, indiquent nos informateurs. L’identification exacte des biens et bétails pillés par ménage n’a pas été possible compte tenu du nombre élevé des ménages visités. Lors des deux attaques, hormis les personnes enlevées et les biens emportés, nos informateurs ont fait état d’autres personnes grièvement blessées et torturées par ces mêmes hommes sans foi ni loi. C’est le cas d’une femme à terme, dont l’identité n’a pas été révélée, torturée par ces malfrats jusqu’à accoucher d’un mort-né. Des actes de tortures, des traitements cruels, inhumains et dégradants ont été subis par les personnes emportées dans la brousse. Parfois elles étaient liées aux arbres, parfois ligotées et chicotées, et tout celui qui manifestait une défaillance et/ou une incapacité de transporter les biens et bétails emportés ou une incapacité de se conformer à leur vitesse de marche subissait des menaces et des actes de torture. D’ailleurs, tous les rescapés sont revenus avec des pieds gonflés et subissent actuellement des soins appropriés, renseignent les rescapés rencontrés sur le lieu. D’autres personnes encore trouvées par ces malfrats dans leurs ménages ont été victimes d’actes de torture jusqu’à en être blessées. 7 personnes au total ont été répertoriées et d’autres sont restées isolées. Nous citons : Un cas de viol a été rapporté. Les personnes interrogées rassurent que d’autres cas ont bel et bien eu lieu, mais les victimes ont préféré taire leur situation pour des raisons évidentes. Le seul cas porté à notre connaissance est celui d’une fille qui a requis l’anonymat, car elle prépare son mariage dans les jours avenir. La situation géographique du village de Kahungu (à proximité du PNKB) est un facteur déterminant qui l’expose à des attaques récurrentes de la part des FDLR. C’est dans des localités comme celle-ci au fait qu’ils se rendent en premier lieu pour s’approvisionner en denrées alimentaires. Selon certaines sources, ces assaillants bénéficieraient de la complicité de certains fils du village qui leur servent d’éclaireurs. Avant d’attaquer tel ou tel autre village, renchérissent nos sources, les assaillants ont la liste des familles ciblées pour l’opération. Aussi la population se demande-t-elle, non sans amertume, comment les assaillants, lors de leur incursion nocturne dans le village, peuvent-ils déjà être informés sur tous les biens se trouvant dans chacun des ménages ciblés. C’est pourquoi des propos comme : « vous avez vendu tel produit à tel montant », « vous avez reçu tel montant comme dot de votre fille » et biens d’autres seraient chaque fois entendus de la bouche des assaillants au moment où ils se mettent à intimider leurs victimes. Tout ceci ne fait que corroborer la thèse d’une certaine complicité des habitants du milieu investi par les assaillants. Intervention tardive des FARDC Les militaires des FARDC et de la Monuc sont fortement critiqués à Kahungu. Bien que toutes les attaques perpétrées par les FDLR soient toujours suivies par la riposte des FARDC cantonnés dans les lieux investis, la population déplore cependant l’intervention tardive de ces militaires. Toute la population est unanime sur le fait que les FARDC n’interviennent qu’après les raides des FDLR qu’ils tentent en vain de poursuivre dans la forêt où ils se retranchent. Bon nombre de nos informateurs indiquent que les militaires ne font que tirer des balles en direction des assaillants sans les poursuivre réellement. Quant aux militaires de la Monuc, ils sont accusés pour leur inertie face aux attaques des FDLR sur des populations civiles. Certaines sources parlent d’une complicité présumée entre ces casques bleus et les éléments FDLR. Les avions de la Monuc qui survolent la forêt de Mugaba et le PNKB sont, aux yeux de nos informateurs, chargés de ravitailler (en armes, munitions et nourriture) les FDLR dans leurs camps respectifs. Comportement répréhensible des FARDC. Certains militaires des FARDC sont accusés par quelques membres de la population de Kahungu de s’adonner eux-mêmes aux pillages dans certains villages. Le cas le plus cité est celui des hommes de troupe dirigés par le Commandant connu sous le nom d’Eric qui auraient procédé au pillage pendant qu’ils venaient à la rescousse de la population dans les sous-localités de Mukaba et Maziba. A en croire nos interlocuteurs, le commandant Eric en poste à Kahungu aurait été tabassé et mis aux arrêts par son chef hiérarchique, le Colonel Civiri, Commandant du 1033ème Bataillon qui contrôle l’axe Kavumu-Katana-Kalehe. Toutefois, le lieu d’incarcération de ce commandant militaire ne nous a pas été révélé par nos sources qui du reste n’en savaient aussi rien. D’autres cas isolés de pillages et rançonnements de la population par un groupe des militaires FARDC sont rapportés par-ci par-là sur l’étendue de la localité de Kahungu. Ces militaires ravissent des biens (l’argent surtout) et s’adonnent à la récolte des produits des champs des citoyens. Les femmes et jeunes filles ne sont pas à l’abri de ces hommes de troupe ; certains cas de viols non confirmés pourtant sont mis sur le dos de quelques militaires des FARDC dans cette contrée. Conclusion A la suite des opérations « Umoja wetu » menée au Nord-Kivu et « Kimya II » dont le début est attendu au Sud-Kivu, opérations visant à anéantir les combattants hutus rwandais des FDLR, ces derniers ont accentué leurs atrocités contre les populations congolaises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Aujourd’hui plus qu’hier, les FDLR se rendent coupables de plusieurs exactions sur les populations civiles, lesquelles se traduisent par des scènes de pillages, d’enlèvements, de tortures et de viols. Point n’est besoin de rappeler ici que ces combattants hutus rwandais, à travers leurs tactiques habituelles (tueries, viols, pillages, tortures, incendies des maisons,…) s’en prennent aux populations civiles en signe de représailles. Les populations les plus touchées par ces exactions sont celles qui habitent les localités riveraines du Parc National de Kahuzi-Biega où habitent les FDLR depuis 1994 après qu’ils aient été chassés de leur Rwanda natal à la suite du génocide auquel ils ont participé. Tel est le cas de la population de la localité de Kahungu (spécialement les sous-localités de Mukaba, Maziba, Mulangala et Busandwe) qui vient d’être victime, deux fois de suite, des incursions des assaillants présumés éléments des FDLR. Dans cette partie du groupement d’Irhambi-Katana, en territoire de Kabare, la population subit des atrocités de tous ordres et ne sait plus où donner de la tête. Après les deux attaques dont ils viennent d’être victimes, lesquelles les ont dépouillés de tout bien, les habitants de cette localité vivent dans un dénuement total et la psychose règne dans tous les ménages par peur des nouvelles attaques. Devant toutes les atrocités commises et eu égard à toutes les menaces qui pèsent sur certaines localités, les FDLR sont en train de poser un véritable défi aux autorités de la RD Congo. Dans tous les cas, la population ne cesse de s’interroger sur le rôle de l’Etat congolais qui est incapable d’assurer la sécurité de sa population et de restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pays. Attaquer des localités entières, y enlever des personnes, y dépouiller des familles et y violer des femmes,… cela ne constitue pas moins une preuve de l’irresponsabilité et de l’incapacité de l’Etat congolais. Les autorités congolaises sont les premières responsables de la sécurité des personnes et des biens sur tout le territoire congolais. De ce fait, elles sont appelées à : Les organisations de défense des droits humains et de la société civile apporteraient leur contribution :
http://www.rnanews.com/index.php?option=com_content&task=view&id=1573&Itemid=1 Posté par rwandaises.com
|