La traque contre les FDLR se poursuit avec l’opération Kimia II. D’où l’intensification des combats et leurs effets collatéraux caractérisés par la recrudescence des violences. Quoiqu’il en soit, cette opération militaire est arrivée à un point de non retour. Partant, il faut éviter tout piège. Malgré les déclarations du président Paul Kagame qui se dit disposé à une nouvelle offensive militaire au Kivu, la solution revient aux Congolais et aux FARDC. Car une nouvelle opération militaire conjointe, soit Umoja Wetu II, a déjà le parfum d’un piège.

C’est maintenant ou jamais le moment d’en finir avec les forces négatives à l’Est de la République démocratique du Congo. Il s’agit plus particulièrement des Forces pour la libération du Rwanda, FDLR.

Un grand défi à relever pour la RDC, la Monuc tant il est vrai que l’Opération Kimia II est arrivée à un point de non retour. Il faut en finir coûte que coûte avec les forces négatives. Mieux, la RDC est condamnée à réussir. Aussi, se félicite-t-on des succès remportés par les FARDC à Kashindaba et à Kashinda en récupérant une importante base des FDLR.

Or, comme dans toute guerre, l’Opération Kimia II est caractérisée par des effets collatéraux ; notamment la recrudescence de la violence. Dans la traque imposée par les FARDC, les éléments des FDLR tentent de desserrer l’étau. Aussi, prennent-elles les populations civiles en otage si elles ne les tuent pas. A en croire le dernier recensement des organisations chargées de réfugiés, il existe actuellement plus de 1,8 million de personnes déplacées.

Un nombre approximatif à celui de décembre 2008, aux temps forts de la guerre menée par Nkunda contre les FARDC. On comptait déjà 2,5 millions de personnes déracinées. Et toujours selon ce rapport, en l’espace d’une semaine, plus de 36 mille personnes se sont réfugiées en Ouganda et au Rwanda. Une situation qui préoccupe de plus en plus des organisations humanitaires dans la mesure où c’est toujours la population civile qui continue à payer le prix le plus fort.

PIEGE

La crainte, c’est celle de la tournure que pourrait prendre cette opération militaire. Il est vrai que la République démocratique du Congo ne peut plus reculer. Même la Monuc a décidé de ne plus interrompre ses actions et son appui militaires aux FARDC.

Mais d’aucuns craignent que ces actions militaires puissent « déborder ». Et ce dans tous les sens, notamment vers le Rwanda si jamais les FARDC et la Monuc poussaient les rebelles rwandais à se replier en direction de leur pays.

Une éventualité à ne pas écarter et qui aurait poussé le président Paul Kagame à prendre certaines dispositions. Le chef de l’Etat rwandais a déclaré mardi que « le Rwanda est prêt à une nouvelle offensive militaire conjointe aux côtés des troupes congolaises ». Il a réitéré son soutien au gouvernement congolais pour toutes opérations militaires conjointes dans les provinces orientales, précisément au Kivu avant de se féliciter des relations améliorées entre la RDC et le Rwanda. Allusion faite à l’agrément des ambassadeurs par les deux pays.

Au fait, une nouvelle opération militaire congolo-rwandaise a déjà été envisagée et débaptisée Umoja Wetu II. Les deux parties avaient convenu d’évoquer cette possibilité si jamais le besoin s’en faisait ressentir. Aujourd’hui, Kagame relance l’initiative, car les autorités du Rwanda considèrent toujours que « la résilience d’une milice rebelle de plusieurs milliers d’hommes vivant à proximité de leur territoire constitue un enjeu sécuritaire pour le pays. Les FDLR feraient peser la menace d’actions terroristes pouvant mettre en danger les équilibres socio- communautaires encore fragiles suite au génocide de 1994 ». Aussi, dès lors que l’initiative militaire pourrait permettre à Kigali d’affaiblir davantage les FDLR, Kagame caresse toujours l’idée des opérations militaires conjointes RDC – Rwanda. Comme pour dire que jamais un sans deux. Et l’Opération Umoja Wetu II n’est pas encore à exclure.

Mais selon les analystes, cette initiative du président rwandais ressemblerait plus à un « piège » qu’à une déclaration de bonnes intentions. Fait intéressant, elle intervient juste au moment où à Washington, l’on annonçait la visite de madame Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine dans sept pays africains, à savoir le Kenya, la RSA, l’Angola, le Nigeria, le Liberia, le Cap Vert et bien sûr la République démocratique du Congo.

Il est entendu qu’à Kinshasa, on s’attend à un autre discours des Etats-Unis sur la situation en Afrique des Grands Lacs. Principalement sur l’approche américaine au regard des guerres imposées à la RDC et face à ce complot de la balkanisation de notre pays. A en croire certaines informations, la communauté internationale est influencée par certains services spéciaux européens qui « affichent la bienveillance au président rwandais ». Cette attitude figure parmi l’une des causes qui ont contribué à pérenniser durant de nombreuses années le conflit à l’Est du pays marqué par des approches minima du désarmement des FDLR.

En manifestant cette « belle intention » avant l’arrivée de Hillary Clinton à Kinshasa sans passer par Kigali, le Rwanda tient-il à signaler sa présence et son rôle dans la recherche d’une paix durable en Afrique des Grands Lacs ? La question reste posée.

L’APPROCHE POLITIQUE

Quoiqu’il en soit, avant de songer à Umoja Wetu II, il est important de tirer les leçons de Umoja Wetu I. A ce sujet, International Crisis Group relève ceci dans son dernier rapport : « Malgré les déclarations de victoire de la coalition RDC-Rwanda, l’opération « Umoja Wetu » n’ a pas permis d’atteindre les objectifs assignés par le président Kagame. Les FDLR n’ont pas été durablement affaiblies. L’approche principalement militaire du concept d’opération retenu pour « Umoja Wetu » n’a pas intégré le bénéfice tiré de l’utilisation simultanée de tous les leviers d’action disponibles pour fragiliser la cohésion des FDLR… »

Et de souligner ce qui suit : « Il est désormais de la responsabilité des présidents Kabila et Kagame et de la Monuc de concevoir cette nouvelle stratégie prenant en compte les multiples leçons des tentatives de désarmement du passé. La responsabilité internationale – nord-américaine et européenne en particulier – est également engagée. Des décisions prises à New York, Paris, Washington et Bruxelles dans les années 1990 ont permis aux fondateurs des FDLR de fuir le Rwanda avec leurs armes pour se regrouper dans les camps des réfugiés en RDC ».

C’est dire que cette approche militaire aura un succès total si elle est soutenue par une approche politique pour que les rebelles rwandais regagnent leur pays et se parlent entre eux. Par deux fois, l’armée rwandaise est entrée en RDC sans vaincre les FDLR. Il faut réfléchir par deux fois autour d’une nouvelle opération militaire conjointe qui ne servirait qu’à « tuer des Rwandais en République démocratique du Congo ».

Le spectre d’un nouveau génocide pointe encore à l’horizon quand on sait que la RDC compte déjà 5 millions de morts. La responsabilité internationale n’est plus à démontrer pour qu’elle s’implique positivement dans ce dossier afin que la violence cesse définitivement dans l’Est de la RDC.

Car en fait, l’utile consisterait à doter rapidement la RDC d’une armée professionnelle et performante. En plus, la RDC et le Rwanda ne doivent éternellement pas que se « nourrir des guerres, même à travers des opérations militaires conjointes contre les FDLR». Et l’agréable porte sur le fait que la Monuc songe maintenant à plier bagage, en mettant fin à sa mission au résultat mitigé.

Le moment est donc venu de soutenir la proposition de International Crisis Group en vue d’envisager une nouvelle stratégie globale qui allie à la fois l’approche militaire à celle politique. On désarçonnerait ainsi tous les pièges. D’où qu’ils viennent.

 

 http://www.reliefweb.int/rw/rwb.nsf/db900SID/STRI-7UER7R?OpenDocument

Posté par rwandaises.com