]Est ce la « pax americana>» qui se dessine dans les Grands Lacs? Ce lundi, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton sera à Kinshasa où elle aura des entretiens marqués par la politique régionale et par l’économie: les Etats Unis en effet sont très attentifs au sort qui sera réservé à l’entreprise Tenke Fugurume Mining (TMF) qui représente un investissement de 1,9 milliards de dollars consenti au Katanga par Freeport Mac Rohan, le deuxième groupe minier du monde. Le contrat avec ce géant minier devra être renégocié durant deux mois encore, l’Etat congolais souhaitant faire passer sa participation de 18 à 45 %. Mais surtout, l’administration Obama, avant même son entrée en fonctions, s’était montrée très préoccupée par la situation humanitaire régnant dans l’Est et Mme Clinton se rendra à Goma pour s’entretenir avec des victimes d’un conflit qui dure depuis quinze ans. Les Américains sont résolus à exercer des pressions énergiques sur le Congo et aussi sur le Rwanda, leur très proche allié, (où Mme Clinton ne s’arrêtera cependant pas) afin de régler définitivement l’une des causes de la guerre, à savoir la présence au Congo des réfugiés hutus, dont beaucoup participèrent au génocide de 1994. C’est dans ce but que les Américains ont déjà décidé d’intensifier leur soutien aux forces armées congolaises. Désireux peut-être de devancer les désirs, voire les exigences d’une Hillary Clinton qui, dénonçant la corruption des élites, a démontré au Kenya qu’elle ne pratiquait pas la langue de bois, les présidents congolais et rwandais se sont rencontrés en tête à tête durant trois heures dans un hôtel de Goma. Auparavant, marchant depuis la frontière, ils avaient été applaudis par une foule qui, voici un an encore, considérait le Rwanda comme un pays hostile! La grande commission mixte Rwanda-RDC,mise en veilleuse depuis deux décennies se réunira à nouveau, afin de relancer des projets économiques communs. Mais surtout, à huis clos, les deux chefs d’Etat ont examiné la situation militaire dans la région. En effet, les forces armées congolaises, sont engagées dans Kymia II, une vaste opération devant mener au désarmement et au rapatriement des rebelles hutus et le président Kagame s’est déclaré prêt à renvoyer des troupes rwandaises de l’autre côté de la frontière si cela s’avérait nécessaire. Cette offre a, pour l’instant en tous cas, été déclinée par le président Kabila qui a fait état des succès militaires déjà remportés, les combattants hutus ayant été délogés de leurs bastions dans le territoire de Mwenga au Sud Kivu, où ils s’étaient renforcés grâce à l’exploitation des mines. Dans le Nord Kivu et dans l’Uele également les FARDC ont enregistré des succès, ayant réussi à chasser de larges groupes de rebelles ougandais au delà de la frontière centrafricaine. Confirmant leur volonté de maintenir la pression, les deux chefs d’Etat ont conclu que les jours au Congo des FDLR (Forces démocratiques pour la libération du Rwanda) étaient maintenant comptés et le président Kabila a annoncé qu’une évaluation des opérations militaires aurait lieu en novembre prochain. De son côté, le président Kagame a assuré que le chef rebelle Laurent Nkunda (qui a été transféré à Kigali) ne représentait plus un problème pour son voisin car il s’agissait à présent de renforcer la stabilité de part et d’autre de la frontière. Des invitations à visiter les capitales respectives, Kigali et Kinshasa, ont même été lancées.
Ces appréciations positives des opérations militaires menées contre les rebelles hutus contrastent avec les cris d’alarme des organisations humanitaires, qui dénoncent les représailles menées contre les civils, où même des hommes seraient désormais la cible de violences sexuelles, et qui critiquent aussi le comportement de l’armée congolaise. A terme, ces plaidoyers hostiles aux opérations militaires pourraient mener à des tensions avec les autorités de Kinshasa, où d’aucuns relèvent déjà que, bon an mal an, de 600 à 800 millions de dollars, confiés à de nombreuses ONG sont dépensés dans l’Est du pays au titre de l’aide d’urgence et non du développement.
En plus de la situation dans l’Est, les Congolais entendent expliquer à Hillary Clinton pourquoi ils n’ont eu d’autre choix que recourir à l’aide chinoise pour entamer la reconstruction du pays et ils espèrent que les Etats Unis influenceront favorablement le Fonds monétaire international pour qu’une part importante de la dette soit enfin effacée.
http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/08/09/kabila-et-kagame-devancent-les-desirs-dhillary/
Posté par rwandaises.com
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