By Jean-Jules Lema Landu à Paris (France)   

 

 

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Paris : Jamais deux sans trois. Après la République Démocratique du Congo et le Togo, le Gabon vient d’installer un fils à papa au fauteuil présidentiel. La formule semble avoir un attrait évident pour les chefs d’Etat africains.

L’élection d’Ali Ben Bongo au Gabon, proclamée jeudi 3 septembre, était comme gravée sur le marbre depuis la mort de son père, l’autocrate Omar Bongo Ondimba, en juin dernier. Il ne pouvait pas en être autrement dans une Afrique politique où le principe de succession au pouvoir semble prendre progressivement un caractère d’héritage dynastique. En dépit des élections de façade qu’on y organise.

La République Démocratique du Congo donne le ton, la première, en adoubant Joseph Kabila, après l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila, en janvier 2001. Globalement, l’opération n’occasionne de remous perceptibles ni au niveau des cercles politiques ni au sein de la population congolaise. Interrogée à travers les médias, la communauté internationale répond en normand. Elle n’approuve ni ne désapprouve clairement la manoeuvre.

La bonne affaire ! L’exemple du Congo semble donc susciter des vocations. Ainsi, lors de la mort d’un autre autocrate, Gnassingbé Eyadema, en février 2005, le Togo s’empresse-t-il d’investir Faure Gnassingbé à la place de son père. Contrairement à la passivité observée en République Démocratique du Congo, les Togolais réagissent violemment, mais sans parvenir à infléchir le cours des événements. Résultat ? Les deux fils à papa, après des élections ayant servi à asseoir leur légitimité, sont bien aux commandes. Et peut-être pour longtemps.

Un nouveau césarisme ?

Si les coups d’Etat dans la décennie 1960, à l’origine des dictatures, s’étaient succédé à un rythme effréné, mettant presque tout le continent sous la botte des militaires, le mode d’accession au pouvoir par le biais de parenté, lui, est conditionné par la mort des dictateurs. D’où l’explication qu’en presque une décennie, le phénomène vient de marquer seulement trois épisodes : 2001 (République Démocratique du Congo), 2005 (Togo) et 2009 (Gabon). Mais qu’à cela ne tienne, ces trois cas de figure ne trompent pas sur l’attrait que cette formule, aux relents proprement antidémocratiques, semble exercer sur les chefs d’Etat africains.

Pour preuve, l’exemple du Sénégal, qualifié pourtant de «pays démocratiquement avancé». Où le président Wade cherche à léguer le fauteuil présidentiel à son fils, Karim. Et on a bien vu le père sur la brèche, à ce propos, lors des élections régionales, en mars dernier. Le fiston, malgré tout, fut copieusement battu pour la bataille de la mairie de Dakar. S’agissant de la Guinée Equatoriale, le tour est déjà bien joué, le président Teodoro Obiang Nguema ayant réussi à mettre sur orbite Teodorin, son fils. Agé de 40 ans, celui-ci est rompu à l’exercice du pouvoir pour avoir été successivement secrétaire d’Etat, ambassadeur, ministre ; il est aujourd’hui député.

L’Afrique du Nord n’est pas en reste. Surtout qu’en à la matière, le monde arabe s’est mis à s’inspirer du modèle syrien (au-delà de la mer Rouge), un des véritables archétypes de règne par procuration familiale. En Syrie, où Bachar el-Assad, fils, a succédé à Hafez el-Assad, père. Avec, en prime, roulement de tambour pour la circonstance. Depuis, les présidents Kadhafi et Moubarak, fascinés, préparent activement leurs fils respectifs à la fonction présidentielle. Saif al-Islam pour la Libye et Gamal Moubarak pour l’Egypte.

Ces faits et gestes traduisent-ils, de manière générale, le prélude d’une autre tragédie antidémocratique à grande échelle ? Quoi qu’il en soit, on n’en est pas encore à la généralisation de la situation. Mais, régulièrement victime des coups bas, l’Afrique regarde avec anxiété l’instauration de cette nouvelle forme de césarisme. Qui se fait naturellement sans l’appui du peuple. En témoigne l’atmosphère de troubles qui couvre le pays. Libreville, la capitale, et Fort Gentil, notamment, sont en branle-bas de combat. (Fin).

 

 

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Posté par rwandaises.com