Dakar, 5 oct (APS) – Des participants à un colloque de l’UNESCO ouvert lundi à Dakar ont salué le modèle de justice populaire appliqué au Rwanda pour juger des auteurs du génocide de 1994.

‘’On ne peut pas rejeter un conflit qui a fait un million de morts sans remonter l’histoire des valeurs. Les Rwandais ont recouru aux méthodes traditionnelles pour juger les auteurs du génocide’’, a souligné Doudou Diène, rapporteur spécial de l’ONU sur le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie.

‘’L’expérience rwandaise montre l’incroyable richesse de la justice’’ populaire de ce pays, a ajouté M. Diène, faisant allusion aux tribunaux populaires ‘’gacacca’’ ayant permis de juger des auteurs du génocide qui a fait entre 800.000 et un million de morts dans ce pays, en 1994.

Des intellectuels venus de plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe prennent part au colloque sur ‘’l’UNESCO et les questions de colonisation et de décolonisation’’, qui prend fin mardi.

‘’Malgré ce qui s’est passé, le Rwanda connaît maintenant la paix et la sécurité. C’est l’un des pays les plus sûrs de la région. Le peuple rwandais croit fermement à ses valeurs locales, traditionnelles’’, a souligné Joseph Gahama, un Burundais travaillant à l’Institut d’éducation de Kigali (Rwanda), un établissement public d’enseignement supérieur.

‘’Les juridictions participatives, explique M. Gahama, ce sont des juridictions pensées et conçues par des Rwandais. Ça ne vient pas de l’étranger. Si le Rwanda avait adopté les juridictions modernes, il aurait fallu 200 ans pour juger ceux qui ont commis l’innommable (le génocide).’’

‘’C’est une justice qui fait vivre ensemble les gens. Des gens ont dit à leurs semblables : +J’ai tué ton parent, mais continuons à vivre ensemble+’’. Et ils continuent de vivre selon les valeurs traditionnelles de justice, n’en déplaisent à certains’’, a poursuivi Joseph Gahama, qui introduisait une communication sur ‘’le rôle de l’UNESCO sur la consolidation de la paix au Rwanda (1994-2008)’’.

Aux côtés des tribunaux populaires organisés jusque dans les villages, la justice internationale, sous l’égide du Tribunal pénal international sur le Rwanda (TPIR), a condamné des personnes convaincues de génocide à de longues peines de prison.



ESF/BK

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Posté par rwandaises.com