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(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Depuis que la bière de banane traditionnelle est interdite à la vente dans le sud du Rwanda, les consommateurs contraints de boire celle fabriquée dans les usines en découvrent peu à peu les avantages : elles ne sont pas frelatées et produites dans de bonnes conditions d’hygiène. Mais tous ne sont pas convaincus.

« Depuis l’installation de cette petite entreprise qui fabrique de façon moderne la bière de banane, nous ne buvons plus de boissons sales. Nous achetons de la bière embouteillée, sûrs de son hygiène », témoignaient, ce 26 octobre au micro de la Radio Salus à Butaré, les habitants de Rusatira dans le district Huye au sud du Rwanda. Depuis le début de cette année, la province du Sud a interdit la vente de la bière de banane dans les cabarets : « Nous ne pourrons jamais permettre la vente au grand jour de ces bières fabriquées sans conditions d’hygiène sûres qui nuisent à la santé de notre population », explique Fidèle Ndayisaba, gouverneur de la province du Sud.
Depuis cette interdiction, les producteurs de bananes se sont regroupés en coopératives qui fabriquent le jus de banane vendu ensuite aux petites entreprises de fabrication de bière qui naissent tous les jours. Mbarushimana Boniface de Muhanga qui a fondé l’Entreprise de Transformation de Bananes, explique : « J’achète du jus de banane aux coopératives installées ici et là dans les secteurs. Je fabrique ensuite la bière vendue à 300 Frw (0,5 $) (la bouteille de 50 cl, ndlr) dans les quartiers. »

La bière traditionnelle dangereuse pour la santé
« As-tu aussi remarqué que depuis que entreprise fabrique elle-même la bière de banane nous ne buvons plus de bière–rivière (bière diluée, Ndlr). C’est vraiment de la vraie et sûre », se félicitent les hommes du district Gisagara au sud. Même si certains estiment que les changements sont difficiles à accepter, ils reconnaissent que la bière traditionnelle était vraiment sale et pouvait être source de maladies. « J’avais des voisins qui brassaient cette bière avec des pieds et bras nus très, très sales”, témoigne Daphrose Muteteri de Nyanza.
Certains des effets immédiats de la consommation de cette bière étaient d’ailleurs considérés comme normaux. « Quand on a bu de l’urwagwa (bière de banane), on n’a pas de constipation. On fait une diarrhée qui évacue toutes les saletés du ventre » ou encore « la bière tue les vers des ventres pour les enfants et les calme pour les adultes », disent souvent les amateurs de cette boisson qu’ils assimilent à un anti-constipant ou un anti-douleur. Mais les médecins, affirment eux que ces diarrhées auraient pour origine la saleté qui prévaut lors de la fabrication de la bière qui ne remplit pas les normes d’hygiène ainsi que les mauvaises conditions de vente : saleté des bouteilles, de l’eau qui les lave…
Avec l’application de cette interdiction, cette bière qui était au centre des cérémonies de mariage ou de convivialités devient rare. En effet, elle n’est autorisée que quand elle a été brassée à la maison pour la consommation en famille et il est interdit de la vendre. Lors de la dot de sa fille, une vieille de Muyunzwe au sud témoigne de l’insatisfaction de ses invités : « J’avais brassé deux jerrycans pour les accueillir. J’ai manqué où en acheter d’autres. Dans les cabarets, c’est interdit. Et voilà, parce qu’ils n’en trouvent plus ailleurs, ils viennent de tout terminer. »

Des buveurs récalcitrants
Cependant, certaines personnes préfèrent toujours la bière traditionnelle, même frelatée, car elle est moins chère et les bouteilles sont plus grandes. « Un litre de bière frelatée coûte 400 Frw (0,7 $). Avec deux, je rentre satisfaits. Mais ces petites bouteilles là, que vous dites traitées industriellement, ont des quantités minimes et ne permettent pas d’étancher la soif (s’enivrer Ndlr) », souligne Kamanzi qui se moque des bouteilles qu’utilisent les industries. Pour lui, la quantité, quelque soit son effet, prévaut sur la qualité.
« Nous qui sommes mendiants et en plus handicapés, témoigne l’un d’eux qui titube en plein jour sur ses béquilles dans la ville de Muhanga, nous avons et vivons une vie difficile pleine de problèmes. Quand je parviens à gagner quelque argent le matin, je consomme la frelatée et je passe ma journée sans souci ».
La vente dans les villes comme dans les campagnes continue en effet mais en cachette puisque les cabarets qui les vendent ouvertement se voient fermés et les bières versées par terre : « Ils nous connaissent et nous servent sans problème, souvent dans les coins, témoigne un portefaix de Gitarama. Mais quand vient une personne qu’ils ne connaissent pas, ils lui disent qu’il n’y a plus de bière. »
Certains estiment que plutôt que de verser cette bière, les gens devront être bien informés des méfaits des boissons sales et frelatées et de l’alcool en général, dont la consommation fait partie de la vie de très nombreux Rwandais.

 
 

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Posté par rwandaises.com