Par Charlotte Chaffanjon
Rama Yade et François Fillon © MEIGNEUX/SIPA
Stupeur dans les rangs du groupe UMP mardi matin. La réunion hebdomadaire a démarré depuis quelques minutes et la discussion tourne autour de la suppression controversée des avantages fiscaux pour les sportifs de haut niveau. Le Premier ministre François Fillon évoque l’attitude de Rama Yade qui, sur ce dossier, s’oppose à sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot . Jugement sans appel de Fillon : « La secrétaire d’État chargée des Sports a manqué à la solidarité gouvernementale. Je le lui ai dit. Il faut en tirer les conséquences. »
Information que l’entourage du Premier ministre a confirmée au point.fr mardi en début d’après-midi. « On imagine que si Fillon a agi ainsi, c’est qu’il est sur la même longueur d’onde que Nicolas Sarkozy sur ce sujet », glisse-t-on à Matignon qui parle d’une « discussion franche la semaine dernière » entre le Premier ministre et Rama Yade. Les députés sont, eux, restés « bouche bée », raconte au point.fr le député UMP de Haute-Savoie, Lionel Tardy, après la réunion. « François Fillon a expliqué que, lorsqu’il y avait un arbitrage, la secrétaire d’État devait se ranger derrière sa ministre de tutelle et qu’il n’y avait pas lieu de revenir dessus », poursuit-il. « Fillon parlait très froidement, lui qui n’attaque jamais personne, pas même l’opposition. C’est surprenant. »
« Ils font de Rama Yade une icône »
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que Rama Yade agace au sommet de l’État. On se souvient de sa spectaculaire sortie au moment de la visite officielle de Kadhafi en France fin 2007 (« Notre pays n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits »), de sa visite controversée dans un squat d’Aubervilliers en septembre 2007 ou de son refus de se présenter aux élections européennes de juin . Autant d’actes de rébellion qui l’ont conduite en disgrâce, la faisant passer du secrétariat d’État aux Droits de l’homme au secrétariat d’État aux Sports, lors du dernier remaniement ministériel.
Pour Jean-Pierre Grand, député villepiniste de l’Hérault, la sortie de Fillon était « très claire » : Rama Yade, visée dimanche par la secrétaire d’État à la famille Nadine Morano , a dépassé les bornes. Le Premier ministre serait-il donc prêt à débarquer la personnalité politique préférée des Français ? « On ne lâche pas cela devant 200 députés sans penser qu’il y aura une suite. Les jours de Rama Yade au gouvernement sont comptés », nous dit, sans détour, le député de l’Hérault Jean-Pierre Grand. « Ça va être très compliqué pour elle désormais », ajoute l’élu, qui confie « ne pas comprendre la stratégie du gouvernement » : « Ils font de Rama Yade une icône, c’est d’une maladresse politique incroyable. Maintenant, elle est incontournable. »
Mais Rama Yade n’est pas seule dans le collimateur du chef du gouvernement. Selon plusieurs participants à la réunion, François Fillon s’en est également pris vertement au conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino. La pomme de la discorde ? Une tribune de contestation sur le grand emprunt, signée par une soixantaine de députés de la majorité, et publiée lundi dans Le Monde . Elle aurait été discrètement approuvée par le conseiller spécial du président. Un des signataires du texte, Jean Leonetti, a assuré mardi que cette initiative avait été lancée en liaison avec « des membres de l’exécutif ». « Le pouvoir exécutif était totalement en dehors de cette démarche », lui a rétorqué François Fillon, ajoutant : « Les conseillers du président ne font pas partie du pouvoir exécutif ! » En prononçant cette phrase, le Premier ministre a été très applaudi par les députés UMP.
http://www.lepoint.fr/actualites-politique/2009-11-03/gouvernement-francois-fillon-rama-yade-le-grand-divorce/917/0/391390
Posté par rwandaises.com