Des ministres ont de nouveau invité mercredi leur collègue Rama Yade, coutumière d’incartades depuis son entrée au gouvernement, à respecter les règles du jeu au lendemain d’un avertissement de François Fillon à son encontre.

La secrétaire d’Etat aux Sports a pris la semaine dernière le contre-pied de sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot en se prononçant contre la suppression anticipée d’une disposition fiscale avantageant les clubs sportifs professionnels, le droit à l’image collective (DIC).

« Il faudra un jour en tirer les conséquences », a dit le Premier ministre mardi lors d’une réunion avec les députés de l’UMP, selon plusieurs participants.

Le porte-parole du gouvernement et ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, a estimé mercredi que Rama Yade avait franchi la ligne rouge mais qu’il incombait au président de la République et au Premier ministre de se prononcer sur les suites possibles.

« Le Premier ministre a rappelé un certain nombre de principes. Dans le cadre d’un débat, il y a un certain nombre de lignes rouges. La ligne rouge, c’est en particulier que les arbitrages qui ont été rendus en interministériel (…), c’était le cas sur ce sujet, doivent ensuite être respectés », a-t-il dit sur i>Télé.

La ministre de l’Economie, Christine Lagarde, a fait preuve de plus de mansuétude sur LCI.

« Je crois qu’il faut apprendre les règles du jeu, quand est jeune, c’est parfois un peu plus difficile », a-t-elle dit.

« Il faut parfois qu’il y ait un grand frère, une grande soeur ou un chef d’équipe pour rappeler les règles », a ajouté Christine Lagarde.

La plus jeune ministre du gouvernement (32 ans) et femme politique préférée des Français (70% d’opinions favorables) a souvent été en porte-à-faux avec son camp depuis sa nomination symbolique au gouvernement en 2007 sous le sceau de la « diversité ». Rama Yade est née en 1976 à Dakar, au Sénégal.

INDEPENDANCE

En décembre 2007, alors secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme, elle avait marqué publiquement son hostilité à la venue du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi à Paris en déclarant que « la France n’est pas un paillasson sur lequel un dirigeant peut venir s’essuyer les pieds du sang de ses forfaits ».

Elle était ensuite revenue sur ses propos.

Le 15 octobre dernier, sur TV5, elle s’était montrée réservée sur la promotion annoncée de Jean Sarkozy à la tête de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense (Epad) avant de contester par communiqué l’interprétation de ses propos.

Nicolas Sarkozy l’avait repêchée lors du remaniement du 23 juin dernier malgré son refus de mener la liste de la majorité en Ile-de-France pour les élections européennes, un « non » qui lui avait valu de connaître la disgrâce présidentielle début 2009.

Désormais, Rama Yade conteste le choix de l’UMP de la placer dans le Val-d’Oise pour les régionales de mars 2010. Je ne veux pas être « une parachutée ethnique », a-t-elle expliqué.

Elue municipale depuis mars 2008 de Colombes, ville socialiste des Hauts-de-Seine, elle aspire à gagner ses galons électoraux dans la 1re circonscription détenue par le député communiste Roland Muzeau lors des élections législatives de 2012.

Et elle souhaite pour ce faire concourir dans les Hauts-de-Seine en mars prochain.

Plusieurs ministres sarkozystes s’irritent de ses manifestations d’indépendance, qu’ils assimilent à un comportement d' »enfant gâtée ».

Dimanche dernier, sur Canal+, la secrétaire d’Etat à la Famille Nadine Morano a repris la formule de l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement – « un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne » – pour mettre en garde Rama Yade.

Clément Guillou avec Thierry Lévêque, édité par Sophie Louet

 

Post& par rwandaises.com