(Syfia Grands Lacs/Rwanda) Sans carte de mutuelle de santé, il devient difficile de se faire soigner au Rwanda, mais les plus démunis n’arrivent pas à payer les 2 $ de cotisation annuelle. Les autorités rwandaises ont demandé aux Ong et associations caritatives de la payer pour eux.

Il est 18 heures. Dans la cuisine du Centre hospitalier universitaire de Butare (CHUB) au sud du Rwanda, une cinquantaine d’hommes, de femmes et de jeunes gens préparent la nourriture du soir. Dans la fumée, apparaît une sœur qui vient voir une garde-malade. « Sa congrégation donne de la nourriture et les frais de mutuelle de santé à son patient, explique une femme. La chance lui a souri. » C’est pourquoi les gens sortent de la cuisine pour entourer la sœur, espérant eux aussi être aidés.
Même si de nombreux Rwandais parviennent, depuis quatre ans, à payer les 1000 Frw (2 $) par an et par individu pour la mutuelle de santé, qui couvre 90 % des soins médicaux, de nombreux démunis ou cas sociaux sont incapables de payer eux-mêmes ces frais d’adhésion. Selon les services sociaux, le taux moyen de vulnérabilité en province du Sud atteint actuellement 35 %. Or, le gouvernement veut promouvoir une bonne santé pour tous via ces mutuelles et les autorités locales veulent remplir leurs contrats de performance. Elles cherchent donc tous les moyens pour assister les plus pauvres et en appellent aux Ong qui travaillent dans leur région.

Les Ong doivent financer les démunis
Celles-ci, à la demande du gouvernement, doivent désormais intervenir pour répondre aux besoins les plus fondamentaux de la population, dont ceux de la santé. « Nous ne pouvons pas prétendre aider au développement des gens s’ils n’ont pas une bonne santé », justifie la représentante d’une Ong internationale. C’est ainsi que, cette année, la Croix-Rouge (section de l’Université nationale du Rwanda) qui, d’habitude soutient matériellement les malades et les secourt en cas de besoin, a assisté 20 personnes du secteur Tumba, Sud.
Les associations caritatives, les Ong et les hôpitaux eux-mêmes commencent effectivement à aider. « Pour cette année, nous avons pu atteindre 85 % d’adhésions à la mutuelle de santé contre 70 % en 2008 grâce à la Caritas et aux autres bienfaiteurs qui ont accepté de payer pour les plus pauvres », explique le chargé des Affaires sociales d’un secteur du Sud. Outre les frais de mutuelle de santé, ces Ong apportent souvent des aides telles que l’assistance nutritionnelle notamment pour les hospitalisés ou les habits, etc.
Pour identifier les bénéficiaires, les recenseurs de chaque cellule recensent, en début d’année, les nécessiteux et dressent des listes. Le nombre des nécessiteux est communiqué aux bienfaiteurs qui répondent en cotisant, chacun selon leur capacité. Ils déposent l’argent sur des comptes ouverts par les districts en prévision des risques (pooling risk en anglais), où les hôpitaux bénéficiaires viennent les retirer.
Selon la chargée de la mutuelle de santé de l’hôpital de Kibirizi, Sud, les partenaires de celles-ci sont, entre autres, le Global Found, PACFA représenté par la femme du président de la République, la Croix-Rouge, la Caritas. Le rapport de juillet dernier montre que cet hôpital a pu soigner 133 indigents grâce au soutien des organisations qui payent chacune jusqu’à 3 millions de Frw (6000 $) par an. « Vive la personne qui m’a aidée sans me connaître, déclare, Vérène M., une des bénéficiaires qui fait soigner depuis trois mois ses jumeaux, âgés d’environ un an. J’ai du mal à nourrir mes enfants et à les faire soigner puisque je n’ai ni mari, ni propriété qui puissent me procurer de l’argent. »

Sans carte de mutuelle, pas de soins.
Difficile pour les hôpitaux de soigner ceux qui n’ont aucune couverture de santé et ne peuvent pas payer. « Nos services ne peuvent pas être gratuits et nous ne pouvons pas non plus fermer la porte aux malades », estime Mutimucyeye Jean-Claude, directeur financier du CHUB. “Ce serait quand même inhumain de demander la carte à une personne gravement malade qui vient juste d’arriver”, explique l’une des assistantes sociales en soulignant qu’en cas d’urgence, l’hôpital soigne d’abord le malade et demande la carte de santé ensuite. Mais les patients, eux, disent qu’il est pratiquement impossible d’accéder aux soins médicaux, sans la carte d’assurance valide. « Pas question de me soigner ! Ils m’ont même refusé un comprimé pour mon genou blessé”, regrette une sexagénaire.
Sur le modèle de ces Ong, le personnel des hôpitaux cotise lui aussi pour les plus démunis selon le salaire de chacun. En 2008, environ 100 000 Frw (180 $) auraient été collectés par l’agent de la mutuelle de santé de Kibirizi au sein du personnel de l’hôpital.

 
 
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Posté par rwandaises.com