Avec près de 16 milliards de dollars injectés dans l’économie, la Banque de développement est devenue cette année le premier bailleur de fonds africain.
Pour son baptême de feu, le 28 novembre dernier, la Coalition pour le dialogue sur l’Afrique (Coda), un nouveau think-thank, a profité d’un scoop : la Banque africaine de développement (BAD) est devenue en 2009 le premier bailleur de fonds de l’Afrique, devant la Banque mondiale. Son président, Donald Kaberuka, qui est l’un des membres de la Coda, aux côtés notamment de Festus Mogae, l’ancien président du Botswana, d’Abdoulie Janneh, le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), et de Mo Ibrahim, le président de la fondation qui porte son nom, a révélé que la BAD avait triplé ses engagements en 2009 pour atteindre près de 16 milliards de dollars, contre 5,4 milliards en 2008. À comparer aux 10 milliards de dollars prêtés par la Banque mondiale au cours de l’exercice 2008-2009.
Cette envolée des prêts et dons de la BAD s’explique par l’impact de la crise mondiale, qui a rendu difficile sinon impossible l’accès des pays africains aux marchés internationaux des capitaux. Le Botswana, frappé par la chute du cours du diamant, n’a trouvé son salut en juin dernier qu’auprès de la BAD, grâce à une avance de 1,5 milliard de dollars destinée à alléger le déficit budgétaire du pays, qui risquait de déraper à 13,5 % du PIB. L’Afrique du Sud doit aussi faire face au financement du programme du groupe Eskom, qui veut doubler sa capacité de production d’électricité à 80 000 MW d’ici à 2026. Eskom en financera 53 % sur ses fonds propres et 47 % par des prêts. Le 25 novembre, la BAD a accepté de lui prêter 2,8 milliards de dollars, soit le tiers de la participation extérieure à ce projet de 16,8 milliards. De son côté, l’île Maurice a bénéficié d’une rallonge budgétaire de 700 millions de dollars qui lui permettra de redresser la barre de la croissance économique à 5 % en 2010, contre les 3,4 % attendus cette année.
Un levier de développement
Le 25 novembre sera ainsi marqué d’une pierre blanche dans l’histoire de BAD. Le conseil d’administration de la Banque a en effet approuvé un total de 3,5 milliards de dollars pour cette journée, autant que ce qu’il avait approuvé au cours de toute l’année 2005. « Nous ne sommes pas une banque commerciale, nous sommes seulement un levier de développement », s’est senti obligé de rappeler Donald Kaberuka. Notée triple A par les agences de notation, la BAD peut contribuer à mobiliser des capitaux sur les marchés européens, asiatiques et américains à des conditions plus favorables que celles imposées à n’importe quel pays africain seul. Ainsi, 1 dollar placé par la BAD dans un projet attire 5 à 6 dollars supplémentaires auprès d’autres investisseurs. Fort de cet atout, le président de la BAD a sollicité la Coda pour le soutenir dans son projet de faire tripler le capital propre de la Banque d’ici à 2012. Une opération qui, si elle réussit, lui permettra d’avoir une assise financière de 100 milliards de dollars.
Jeune Afrique | Par : Samir Gharbi, envoyé spécial à Tunis
posté par rwandaises.com