Écrit par America.gov
30-01-2010

Lors d’une table ronde organisée à Washington en septembre 2009, plusieurs dirigeants africains ont exprimé leurs vues sur le lien entre une gouvernance de qualité et le développement économique.

Ensemble, ils ont résolument affirmé que l’acceptation tacite de la corruption et le fait de réserver la fonction publique à une élite triée sur le volet étaient des pratiques inacceptables au XXIe siècle. Les responsables se sont exprimés devant une salle bondée lors d’une conférence parrainée par le Corporate Council on Africa sur le thème « Faire des affaires en Afrique ».

M. John Atta Mills, président du Ghana
: Pour commencer, tout dirigeant politique, en particulier en Afrique, doit se demander « Pourquoi suis-je au pouvoir ? » Pour ma part, la réponse est très simple. La seule justification du pouvoir, c’est de vouloir améliorer le niveau de vie de son peuple. Rien d’autre ne compte. La deuxième question à se poser, c’est celle-ci : « Comment vais-je m’y prendre ? » Il faut s’assurer qu’on a les ressources nécessaires, qu’on a la main-d’œuvre voulue ; on crée l’environnement nécessaire pour promouvoir les entreprises, soit localement soit pour mobiliser des investissements directs à l’étranger.

Les investissements directs à l’étranger ne connaissent ni allégeance ni nationalité fixes. Ils se rendent là où ils sont chaleureusement accueillis. Le Ghana comprend bien qu’il ne peut pas s’en sortir tout seul. Les jours de la xénophobie appartiennent au passé ; aujourd’hui, l’heure est à l’interdépendance économique entre les États… Dès lors, les raisons qui poussent les gens à investir sont multiples : ils veulent des marchés, ils veulent la stabilité politique, ils veulent s’assurer qu’il est facile d’entretenir des relations commerciales, que les coûts sont faibles. Nous avons constaté l’importance que revêt l’intégration régionale. L’union fait la force.

Nous formons un groupe de pays très pauvres, mais nous sommes très riches en ressources naturelles. Nous avons donc des intérêts communs si nous mettons nos ressources en commun. Par exemple, si nous renforçons la coopération entre nous, nous pouvons proposer des services communs, une infrastructure commune, des programmes énergétiques communs. Nous sommes donc d’avis, en Afrique de l’Ouest, qu’il n’a jamais été plus important qu’aujourd’hui de nous intégrer (…)

L’important, c’est que nous comprenions tous, en particulier en Afrique de l’Ouest, que les électeurs ne nous doivent rien. Ils veulent simplement que nous les aidions à améliorer leur niveau de vie, et il faut que nous nous mettions bien cela en tête. Il arrive parfois que certains événements, certaines positions que nous adoptons, nous, dirigeants politiques, affaiblissent la confiance que nos citoyens ont en nous. Notre peuple, qu’est-ce qu’il a ? Il a l’espoir d’un avenir meilleur, et nous ne devons pas le décevoir.

M. Paul Kagamé, président du Rwanda : Au Rwanda aujourd’hui, nous essayons de faire de notre mieux, de donner le meilleur de nous-mêmes. Nous cherchons à améliorer le contexte commercial en faveur des entreprises, mais aussi en faveur de nos citoyens qui ont un comportement participatif.

À mon avis, ce que nous avons fait au Rwanda pour encourager la prospérité, en tournant la page sur notre tragique passé marqué par le génocide, d’autres peuvent le faire aussi. Stabiliser le pays ne tient pas de la magie. Il faut s’assurer que le pays vit dans la paix et la sécurité, construire des institutions de gouvernance acquises au bien public et se mettre en relations avec le reste du monde…

Pour faciliter la tâche des gens qui veulent entretenir des relations d’affaires au Rwanda, nous avons dû faire le point de la situation dans le pays, dans la région et, de manière générale, dans le continent. Nous avons dû identifier ce qu’ils percevaient comme des difficultés ou des contraintes, que ce soit au Rwanda ou dans la région. Ces obstacles une fois repérés, nous nous sommes employés à les démanteler, par exemple en mettant en place des institutions capables de traiter des questions liées aux investissements et au commerce, ou en nous assurant que l’environnement était convivial, ou encore en mettant en place des lois et des règlements propres à faciliter le démarrage d’une nouvelle entreprise, dans de bonnes conditions d’efficience et d’efficacité. Mais le plus important, quand tous ces éléments sont en place, c’est de s’assurer que notre politique produit des résultats. Si vous ne faites pas l’effort de vérifier qu’elle répond effectivement aux besoins des gens qu’elle est censée aider, vous devrez vous attendre à des problèmes.

Le prochain objectif que nous visons fait fond sur ce qui est en place aujourd’hui et il reflète notre conviction que nous sommes effectivement capables de réussir. Je parle non seulement du Rwanda, mais aussi de l’Afrique, de ce que l’Afrique doit faire pour elle-même. Il faut que l’Afrique, et nous autres Africains, soyons le fer de lance de la transformation de nos sociétés et du développement de nos économies. Même si nous prenons des gens de l’extérieur pour partenaires, c’est quand même à nous qu’il incombe de donner le ton.

L’infrastructure joue un rôle très important dans l’encouragement des relations d’affaires. On ne peut pas parler de l’accroissement du volume des échanges quand les routes font défaut, quand le réseau ferroviaire est inexistant, quand le fret aérien pose problème. Dans le même ordre d’idées, on ne peut pas parler de l’augmentation des investissements tant qu’on ne peut pas prouver qu’on sera capable de fournir de l’électricité aux industries. On ne peut pas parler des communications et de tout ce qui y est associé tant qu’on n’a pas mis en place l’Internet et qu’il n’est pas accessible au niveau national et régional ou qu’on n’est pas relié à des systèmes internationaux.

Priorité à l’infrastructure et confiance dans notre capacité d’action , voilà ce sur quoi nous faisons fond. L’autre grande considération concerne la manière de relever notre peuple et de l’amener à participer à la vie du monde des affaires à divers niveaux. C’est la meilleure manière de combattre la pauvreté, par le biais des affaires. Voilà ce sur quoi nous nous concentrerons dans les quelques années à venir.

M. Jean Ping, Commission de l’Union africaine : [M. Ping a commencé par parler de la population en Afrique, qui compte plus d’un milliard de personnes. La population africaine est censée doubler d’ici à 2050, selon le Population Reference Bureau.] Qu’est-ce qui peut vous faire penser que ce continent est un problème ? C’est, au contraire, une source de possibilités. Il a une superficie de 30,3 millions de kilomètres carrés (…) C’est probablement le réservoir de matières premières le plus important du monde. Le hic, c’est qu’aujourd’hui ce continent est divisé par 165 frontières, lesquelles forment 53 pays (…) C’est dire la nécessité qu’il y a pour nous d’unir nos efforts (…) La libre circulation des marchandises et des individus répond à une nécessité. Vous pouvez imaginer que nous vivons dans un monde caractérisé, d’une part, par la mondialisation ; et, d’autre part, par l’intégration régionale. [Les pays européens] se sont battus pendant des siècles ; les deux guerres mondiales ont été livrées sur ce continent. Qui aurait pu imaginer que ce continent puisse être uni à l’Union européenne ? Mais c’est une nécessité s’ils veulent survivre. L’Europe a pratiquement les mêmes dimensions que les États-Unis. Quant à la CEDEAO, elle compte aujourd’hui quelque 390 millions d’habitants (…) Donc l’intégration, si elle est présente et que la concurrence est possible, constitue l’un des meilleurs outils à notre disposition pour rivaliser avec le reste du monde. Les États-Unis, qui sont la plus grande économie au monde et l’un des plus grands pays, ont jugé nécessaire de s’unir au Canada et au Mexique, par le biais de l’Aléna (Accord de libre-échange nord-américain), pour accroître la dimension de ce marché. Dans le monde d’aujourd’hui, il est impératif que nous accroissions la taille de tous nos marchés.

La collaboration répond à une nécessité pour nous. C’est une question cruciale pour assurer notre survie.

Les opinions exprimées dans le présent article ne reflètent pas nécessairement le point de vue ou la politique du gouvernement des États-Unis.


Écrit par America.gov

30-01-2010

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