Par Servilien M.Sebasoni.

   Colette Braeckman a produit un article dans Le SOIR  ( 14 déc. 2009) qui semble avoir fait perdre leur calme  à tous les défenseurs  de la mémoire du “petit père Habyarimana”, comme l’appelait avec tendresse le fils du président Mitterrand, conseiller de son père pour l’Afrique.                                                        

   Experts reconnus comme Filip Reyntjens ou Claudine Vidal, gens “susceptibles d’être suspectés de génocide” comme deux ou trois ex-Far( Forces armees rwandaises), “parrains” attentionnés, comme ce militaire qui se cache sous le pseudonyme transparent de Kanyarwanda Veritas.(cf yahoogroups) .

   Tout ce monde y perd son latin, vous dis-je, et le rapport qui a jeté comme un caillou dans la fourmilière, s’appelle tantôt “rapport Mutsinzi”, souvent “rapport Mucyo”, car, “ce n’est rien, (quand on est expert de l’Afrique), tous leurs noms se ressemblent et sont interchangeables.”

  DES EXPERTS EN PAGAILLE!

  Tout ce monde  s’obstine à répéter, comme depuis une  décade, que Colette Braeckman  est “ la chantre du régime de Kigali”, “le griot” (sic) du Front Patriotique rwandais (FPR), “l’appointée”( achetée) du nouveau Rwanda, etc.. Et Claudine Vidal de nous expliquer avec profondeur et une touchante humilité que “Colette Braeckman et d’autres se sont installés depuis longtemps dans le camp pro-FPR et n’en bougent plus.” Car,” c’est un engagement idéologique et ce genre d’engagement est très solide”. En d’autres mots, l’engagement idéologique n’exige pas des espèces sonnantes et trébuchantes, mais il vous rend esclave et vous enchaîne pour longtemps.                       

   Claudine Vidal doit parler en connaissance de cause de cet “esclavage idéologique”; en 2000, avec Rony Brauman et Stephen Smith (le “fuiteur” désigné de l’enquête Bruguière),Claudine Vidal avait décrété que le Rwanda vit sous un régime de “terreur et d’impunité”( ESPRIT Sept. 2000); en 2001, elle a décrété que les mémoriaux du génocide au Rwanda ne servent qu’à justifier le pouvoir des Tutsis pour asservir les Hutus (R. Lemarchand à Manhatan, 15-2-2007; Les Temps Modernes 2001). Dirait-elle de même du Mémorial de la Shoah à Paris et ailleurs?                                                                                                                                        

   En  2009, encore ( saveRwanda .org – 14.4.09), elle promeut sur Kibeho les ouï-dires destinés à accabler le FPR. Des ouï-dires, car depuis Bruguière et Péan, le chic de l’expert dans un certain milieu français, c’est de ne “pas y aller, pour mieux savoir”. Par “fidélite idéologique”, sans doute, Claudine Vidal est restée scotchée à la vision d’un Rwanda qui utilise le génocide pour faire peur à tous les Hutus.

    La voici aujourd’hui confrontée à l’indocilité de son filleul en écriture; Abdul Ruzibiza, en effet, a renaclé  à ce qu’on a écrit en son nom au temps où le patriotisme  des “experts” était de tuer le régime rwandais et de faire oublier le génocide des Tutsis (Réunion franco-espagnolo- fdlr, selon Ruzibiza, 2.4.08).

   On reviendra sur “ les Contradictions  d’un Lieutenant Rwandais Abdul Ruzibiza, Témoin, Acteur, Faux-Témoin”que Claudine Vidal publie dans “L’Annuaire 2008-2009 de l’Afrique des Grancs Lacs” chez L’Harmattan, côté Filip Reyntjens.

VIDAL EST EN BONNE COMPAGNIE!                                               

   Filip Reyntjens, pour qui “hors de l’ethnie, il n’y a point de salut”, avec le ton du rescapé connaisseur ou du converti (de la sympathie pour le FPR, selon Strizek, un compère d’outre-Rhin) , approuve Claudine Vidal en nous confirmant  qu’ “il est difficile pour ceux qui se sont “fait rouler” (par le FPR ou par un autre biais – non, pas “billet” – .) d’admettre leur erreur.” Lui aussi croit que “c’est le cas de Colette Braeckman qui se cramponne désespérément, dit-il, à tout indice, même le plus farfelu, mettant en cause les “extrémistes hutu” dans l’affaire de l’attentat”.

   Manifestement, les “experts” ne lisent pas les “experts”. On peut comprendre que pour les bidasses des FAR, les écrits de Colette Braeckman, ce n’est pas  leur tasse de thé; mais, apparemment ni Filip Reyntjens ni Claudine Vidal n’ont guère lu Colette Braeckman depuis au moins 2003 jusqu’en 2009, années où elle publia, entre autres, (je ne cite pas les articles du Soir) “Les Nouveaux Prédateurs” (2003) et “Vers la deuxième indépendance du Congo” (2009).                                                             

   Ils auraient lu, dans le premier ( par ex. au ch.9) la férocité du désamour de Colette Braeckman envers Paul Kagame et, dans le second, le retour lancinant des “Rwandais, ces tueurs” (p. 31, par ex ); ils y auraient lu (p. 250) le cri jubilatoire et le soulagement de Colette Braeckman  le jour où Paul Kagame  fut accusé d’aider Nkunda par des experts de l’ONU,  qui eurent le mérite de répéter les soupçons de tout ce monde, mais ne démontrèrent  rien ( Guardian 3.1.08). CB en prend occasion pour, croit-elle, rabattre le caquet à ce Kagame dont l’image internationale ferait de l’ombre au vrai héros, l’anti-héros, dit-elle, de la région des grands lacs  qui s’appelle Joseph Kabila.

UN RAPPORT QUI SE FAIT ATTENDRE.

   Pendant tout ce  remue-méninges, le rapport n’est toujours pas sorti. Un membre de la galaxie suppute, avec une jalousie contenue, que le rapport serait destiné “en exclusivité à nos amis étrangers”(website NKB 22.12.09). Au moins le rapport Bruguière a le mérite d’exister, dit-l’un; il  avait le mérite, dit l’autre, d’organiser des fuites régulièrement dans un prestigieux journal du soir, LE MONDE, grâce au service “pré-vente” d’un certain Stephen Smith. « Car, en démocratie, Monsieur, le secret de l’instruction est chose sacrée » !                                                                                                           

      En réalité,  le rapport Mutsinzi a connu aussi quelques fuites et quelques bobards qui remuent aujourd’hui ce monde. Qu’en sera-t-il à sa parution? Un secret de Polichinelle? Un recueil de révélations inédites? Qui vivra verra.

    Lors de la parution du rapport, Filip Reyntjens ne dira pas, comme bien des experts:” je l’avais bien dit”. Car, il a été prudent dans son livre-enquête “Trois jours qui ont fait basculer l’histoire (1995)”. Un moment il penchait pour la disculpation du FPR qui “ne pouvait pas accéder au lieu du tir” si bien gardé         mais il se reprenait (je cite de mémoire), sans doute pour préserver l’avenir :         “ mais il ne faut pas sous-estimer la capacité de pénétration du FPR”.                                                                                              

    C’était l’epoque où tout le monde éprouvait pour le FPR une sympathie assassine, pour un FPR auquel rien n’était censé être impossible. Ce sentiment, quoique venimeux,  avait du bon; il est aujourd’hui galvaudé  par Colette Braeckman, entre autres, pour tâcher de mêler le FPR aux règlements de compte crapuleux au sein de la diaspora-post- génocide de Bruxelles ( Carnet de CB  27.10.09. « Une opposante rwandaise tabassée a Bruxelles »).                                                                                       

   Un petit journal inconnu de Belgique avait soupçonné le FPR d’avoir enlevé la soeur de Bagosora, aide-soignante à Bruxelles; on la trouva dans sa salle de bain, endormie par une fuite de gaz à côté de son amant septuagénaire, tous les deux “habillés de vérité” (bambaye ukuri), comme on dit joliment en langue rwandaise. On n’entendit plus rien du petit journal.                                                                                   

   Colette Braeckman, expert-journaliste d’un autre calibre, aurait-elle rectifié son annonce du tabassage par le FPR d’une femme d’opposant rwandais? Je ne le jurerais pas. Installé dans un camp, un expert n’en bouge pas, nous confie Claudine Vidal.                              

INVERSION ET NEGATION.

    Ah! que les temps changent! Quand les rancunes sont devenues rances et que les déceptions ont fait leur travail de sape, avant les conversions et les retournements de sympathies, Bruguière vint!  On  passa de la négation à l’inversion. L’inversion est l’image en miroir de la négation.

   Bruguière vint et ce fut  Kagame le Tutsi qui avait provoqué le génocide des Tutsis pour exercer le pouvoir sur un cimetière, comme l’avait prophétisé Paul Dijoud, diplomate et conseiller politique français. Filip Reyntjens  n’y trouva rien de farfelu!

     Dijoud avait l’ignorance ingénue des gens heureux. Il ignorait, (ou il ne le savait que trop?) que depuis 1960, au Rwanda on tuait les Tutsis de l’intérieur chaque fois que des Tutsis de l’exil attaquaient la frontière pour rentrer dans leur pays.

   Ignorait-il que “le petit père Habyarimana” venait de faire de même en Octobre 1990?  Filip Reyntjens, lui, ne l’ignorait pas: il fut au four et au moulin, tantôt juge, tantôt avocat ou visiteur de prisons. J’en connais qui sont revenus d’outre-tombe et en parlent encore avec émotion.

     Bruguière vint et asséna à Paul Kagame une preuve  qui se voulait imparable et qu’il ne savait pas vieille et vermoulue. Il prétendit que Kagame s’était opposé à toute enquête sur l’avion de Habyarimana (pas “d’Habyarimana” , comme disent les “experts”; c’est une faute de langue). Lisez les attendus de  l’ordonnance; cette allégation revient plusieurs fois comme un argument massue.                                                                                                                              

    Le juge n’a jamais su, personne, parmi ses témoins uniquement à charge, ne lui a dit, que la première demande d’enquête est venue du ministre des transports du premier gouvernement rwandais de juillet 1994. Elle était adressée à l’Agence internationale de l’Aviation civile.                                                                            

   Que les gens “susceptibles d’être suspects du génocide” et leurs “parrains”   l’ignorent, cela peut se comprendre; que les “experts” l’ignorent, cela peut moins se comprendre!

UN PARRAIN AU PARFUM.

   A bout de langue et de souffle, les ex-FAR passent le relais à un  “parrain” secourable qui nous dépeint avec une émotion toute militaire à quel point les FAR étaient enthousiastes d’avoir les Accords d’Arusha, à quel point la CDR, attachée à la paix par le partage du pouvoir, tenait à en être, à quel point Habyarimana était aimé des siens qui ne pouvaient donc  demander à Dieu et aux ancêtres que de le leur conserver.   

   Manifestement ce “parrain” au style résolument militaire, se trouvait à Kigali en même temps que la Minuar et avait de hautes responsabilité s pour accéder à tous les détails qu’il donne dans sa “Mise au point sur l’article de Madame Colette Braeckman”(21. 12.09. Posting d’un certain Bikino de Bugarama City pour confondre tous les ignorants, dont « la griot » (sic) du FPR). Mais l’analyse de style et de contenu nous mènerait dans les eaux vaseuses de Musabyimana. be, l’épicentre du mensonge et de l’inversion où on risque de rencontrer des visages de convertis peu engageants.

  HABYARIMANA CHERI DES SIENS!

      Habyarimana chéri des siens! Des enfants, je n’en doute pas. Ils étaient dans un âge où on ne se doute pas de la méchanceté de l’homme. Mais des adultes,  hommes de guerre ou hommes de l’ombre,  que l’on désigne couramment par Akazu (pas “petite colline”, comme écrit Colette Braeckman, mais “petite maison”), des informations crédibles permettent d’en douter. Un exemple.                                         

    De source fiable, on sait qu’un jour, recru de fatigue (une photo le montre s’essuyant le visage) et ayant marre de la guerre,  Habyarimana  réunit la “maisonnée” et lui dit qu’il quittait le Rwanda pour aller s’établir et se reposer en Afrique du Sud. Discrètement, il avait essayé Paris et la France avait refusé; il avait essayé l’Egypte et l’Egypte avait refusé; finalement son envoyé, un ancien diplomate, avait déniché une villa en Afrique du Sud. La maisonnée interloquée refusa net: “nous irons avec toi ou tu resteras avec nous”. Habyarimana resta et on lui garda une de ces rancunes féroces et tendres qu’on rencontre dans les bonnes familles.                                       

    L’ambassadeur de France avait remarqué la fatigue de Habyarimana et le considérait comme un homme fini. Dans un TD ( télégramme diplomatique) du 7 oct 90 déjà, l’ambassadeur  Georges Martres écrivait: “l’appel téléphonique que je viens de recevoir (de Habyarimana)  indique que le président Habyarimana  ne se sent pas  capable de maîtriser seul la situation”; le même, dans un télégramme du 11-3-93, affirme :  ”il  restera au CDR (parti dit Coalition pour la Defense de la Republique) à se trouver un autre chef qu’un président usé par 20 années de pouvoir” ( La Nuit Rwandaise 2; 62 et 65) 

LE JOUR NEFASTE!

   Quand, le matin du 6 avril 1994, Mobutu appela pour insister encore et le dissuader d’aller à Dar-es-salam, on ne lui passa pas la communication; on dit même que quelqu’un de très haut placé appela de Paris pour le même motif et qu’on ne passa pas la communication. Un noeud de vipères  s’était installé à l’affût dans “la maisonnée” de Habyarimana. 

   C’est dans de sombres presentiments que Habyarimana alla à Dar-es-salam, avec son chef d’état-major et bien d’autres dignitaires; il revint avec le président du Burundi dans l’espoir de dissuader quiconque voudrait attenter à tant de vies.

                                             *   

  « Habyarimana…tué par ses proches !» Dans un effort de perspicacité qui cache mal son impatience, NKB (3.1.10) nous annonce un match nul. Tué par ses proches, pourquoi ? « Pour garder le pouvoir alors que le FPR l’aurait fait pour le prendre ». Astucieux, non ?! Quant à « mener davantage d’enquêtes dont le résultat ne serait (sic) pas connus d’avance »….  « Mission impossible », nous dit encore NKB.  

  Le rapport de la Commission Mutsinzi nous dira-t-il un secret de Polichinelle? Nous apportera-t- il des trouvailles inattendues? Qui vivra, verra.

            SMS  5.1.2010

2010/1/5 Servilien Sebasoni <sebasoni@hotmail. com>
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Posté par rwandaises.com